Author: | GEORGE SAND | ISBN: | 1230000212467 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | January 24, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | GEORGE SAND |
ISBN: | 1230000212467 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | January 24, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
À D…, par Blois. –
Ne t’inquiète donc pas, chère sœur, me voilà arrivée à Paris sans accident ni fatigue. J’ai dormi quelques heures, j’ai déjeuné d’une tasse de café, j’ai fait ma toilette, et dans un instant je vais prendre un fiacre et me présenter à madame d’Arglade pour qu’elle me présente à madame de Villemer. Je t’écrirai ce soir le résultat de la solennelle entrevue, mais je veux d’abord jeter ces trois mots à la poste pour que tu sois rassurée sur mon voyage et ma santé.
Prends courage avec moi, ma Camille, tout ira bien ; Dieu n’abandonne pas ceux qui comptent sur lui et qui font leur possible pour aider sa douce providence. Ce qu’il y a eu de plus douloureux pour moi dans ma résolution, ce sont tes larmes et celles des chers petits : j’ai de la peine à retenir les miennes quand j’y pense ; mais il le fallait absolument, vois-tu ! Je ne pouvais pas rester les bras croisés quand tu as quatre enfants à élever. Puisque j’ai du courage, de la santé, et aucun autre lien en ce monde que ma tendresse pour toi et pour ces pauvres anges du bon Dieu, c’était à moi de partir et de chercher notre vie. J’en viendrai à bout, sois-en sûre. Soutiens-moi au lieu de me regretter et de m’attendrir, voilà tout ce que je te demande. Et sur ce, ma sœur chérie, je t’embrasse de toute mon âme, ainsi que nos enfants adorés. Ne les fais pas pleurer en leur parlant de moi ; mais tâche cependant qu’ils ne m’oublient pas, cela me ferait bien de la peine
CAROLINE DE SAINT-GENEIX.
À D…, par Blois. –
Ne t’inquiète donc pas, chère sœur, me voilà arrivée à Paris sans accident ni fatigue. J’ai dormi quelques heures, j’ai déjeuné d’une tasse de café, j’ai fait ma toilette, et dans un instant je vais prendre un fiacre et me présenter à madame d’Arglade pour qu’elle me présente à madame de Villemer. Je t’écrirai ce soir le résultat de la solennelle entrevue, mais je veux d’abord jeter ces trois mots à la poste pour que tu sois rassurée sur mon voyage et ma santé.
Prends courage avec moi, ma Camille, tout ira bien ; Dieu n’abandonne pas ceux qui comptent sur lui et qui font leur possible pour aider sa douce providence. Ce qu’il y a eu de plus douloureux pour moi dans ma résolution, ce sont tes larmes et celles des chers petits : j’ai de la peine à retenir les miennes quand j’y pense ; mais il le fallait absolument, vois-tu ! Je ne pouvais pas rester les bras croisés quand tu as quatre enfants à élever. Puisque j’ai du courage, de la santé, et aucun autre lien en ce monde que ma tendresse pour toi et pour ces pauvres anges du bon Dieu, c’était à moi de partir et de chercher notre vie. J’en viendrai à bout, sois-en sûre. Soutiens-moi au lieu de me regretter et de m’attendrir, voilà tout ce que je te demande. Et sur ce, ma sœur chérie, je t’embrasse de toute mon âme, ainsi que nos enfants adorés. Ne les fais pas pleurer en leur parlant de moi ; mais tâche cependant qu’ils ne m’oublient pas, cela me ferait bien de la peine
CAROLINE DE SAINT-GENEIX.