Feu Bressier

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Feu Bressier by ALPHONSE KARR, GILBERT TEROL
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Author: ALPHONSE KARR ISBN: 1230002686905
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: ALPHONSE KARR
ISBN: 1230002686905
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 16, 2018
Imprint:
Language: French

Un des premiers jours du mois de mai, vers trois heures de l’après-midi, une voiture allait quitter une grande route bordée de pommiers, pour s’arrêter devant une petite maison de campagne qui était à gauche de la route, quand les personnes qui étaient dans la voiture ordonnèrent au cocher d’arrêter. Un jeune homme s’approcha de la voiture et salua.

— Comment ! vous par ici, Seeburg ? s’écria un homme de quarante ans.

— Oui, monsieur Morsy, répondit le jeune homme ; je donne tous les deux jours une leçon à un quart de lieue d’ici. J’ai pris l’avance sur la voiture, et je l’attends au passage. J’ai voulu faire une partie de la route à pied ; le pays est charmant.

— Charmant, en effet, dit une grosse dame qui occupait le fond de la voiture avec son mari.

— Voyez donc quelle jolie chaumière, dit une belle jeune fille placée sur le devant ; comme ce toit de chaume est couvert d’iris en fleurs !

Le jeune homme salua pour permettre à la voiture de continuer sa route.

M. Morsy fit signe au cocher de marcher, et cria au jeune homme qui s’en allait et qui ne tarda pas à disparaître :

— Vous viendrez dîner demain, n’est-ce pas ?

La voiture se trouva bientôt devant la maison ; les trois personnes qui en descendirent trouvèrent à cette porte un homme qui y frappait à coups redoublés. Elles parurent juger que le bruit qu’il faisait était à la fois suffisant pour le faire entendre, et assez peu convenable, car elles se tinrent à deux pas derrière lui, prêtes à profiter du résultat probable qu’aurait ce bruit, de faire ouvrir la porte, tout en laissant voir à la personne qui viendrait l’ouvrir qu’elles n’en étaient ni les auteurs ni les complices.

Le cocher remonta sur son siège et regagna la route. Le jeune homme, qui s’était jusque-là servi de sa canne, commençait à la remplacer par une pierre ramassée sur le chemin, quand une seconde voiture, un cabriolet, vint déposer deux hommes devant la même porte. Au cabriolet succéda un cheval qui apportait un cavalier du côté opposé.

Le jeune homme qui frappait reconnut le cavalier et lui dit :

— Ma foi, Marcel, à ton tour, puisque te voilà.

Il s’essuya le front avec son mouchoir, et salua les personnes qui étaient derrière lui. Le nouvel arrivé en fit autant, et répondit à son interlocuteur : — Est-ce qu’il y a long-temps que tu frappes, Arnold ?

— Mais il y a vingt minutes que j’ai cassé la sonnette.

— Est-ce qu’il n’y aurait personne ?

— C’est impossible, dit le propriétaire de la première voiture ; et, tirant une lettre de sa poche, il lut à haute voix : « Nous vous attendons à dîner vendredi trois. »

— Vendredi trois, c’est comme moi, dit un des hôtes du cabriolet en exhibant également son invitation.

— C’est bien aujourd’hui vendredi ?

— Oui, certainement.

— C’est le 3 mai ?

— C’est le 3 mai.

Alors, recommençant à frapper, le premier arrivé reprit la pierre, et, après avoir reproduit son roulement pendant quelques instans, il jeta ce caillou et dit : — On est au fond du jardin.

— Ou sorti, répéta Marcel.

— Je vous dis, monsieur, que c’est impossible ; M. et Mme Bressier ne seraient pas sortis un jour où ils ont invité à dîner une, deux, cinq, sept personnes. Ah ! bonjour, monsieur Cotel ; je ne vous reconnaissais pas.

— Mille complimens, monsieur Morsy. Je présente mes respects à ces dames. Avec cela qu’il fait une chaleur !

— Si vous frappiez encore, monsieur Arnold… Tiens, mais où est-il donc ?… Où est donc M. Arnold ?

— Il essaie une folie, reprit le cavalier ; il prétend passer par-dessus le mur du jardin.

— Attendez, j’entends du bruit dans la maison.

— Oui vraiment, on vient.

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Un des premiers jours du mois de mai, vers trois heures de l’après-midi, une voiture allait quitter une grande route bordée de pommiers, pour s’arrêter devant une petite maison de campagne qui était à gauche de la route, quand les personnes qui étaient dans la voiture ordonnèrent au cocher d’arrêter. Un jeune homme s’approcha de la voiture et salua.

— Comment ! vous par ici, Seeburg ? s’écria un homme de quarante ans.

— Oui, monsieur Morsy, répondit le jeune homme ; je donne tous les deux jours une leçon à un quart de lieue d’ici. J’ai pris l’avance sur la voiture, et je l’attends au passage. J’ai voulu faire une partie de la route à pied ; le pays est charmant.

— Charmant, en effet, dit une grosse dame qui occupait le fond de la voiture avec son mari.

— Voyez donc quelle jolie chaumière, dit une belle jeune fille placée sur le devant ; comme ce toit de chaume est couvert d’iris en fleurs !

Le jeune homme salua pour permettre à la voiture de continuer sa route.

M. Morsy fit signe au cocher de marcher, et cria au jeune homme qui s’en allait et qui ne tarda pas à disparaître :

— Vous viendrez dîner demain, n’est-ce pas ?

La voiture se trouva bientôt devant la maison ; les trois personnes qui en descendirent trouvèrent à cette porte un homme qui y frappait à coups redoublés. Elles parurent juger que le bruit qu’il faisait était à la fois suffisant pour le faire entendre, et assez peu convenable, car elles se tinrent à deux pas derrière lui, prêtes à profiter du résultat probable qu’aurait ce bruit, de faire ouvrir la porte, tout en laissant voir à la personne qui viendrait l’ouvrir qu’elles n’en étaient ni les auteurs ni les complices.

Le cocher remonta sur son siège et regagna la route. Le jeune homme, qui s’était jusque-là servi de sa canne, commençait à la remplacer par une pierre ramassée sur le chemin, quand une seconde voiture, un cabriolet, vint déposer deux hommes devant la même porte. Au cabriolet succéda un cheval qui apportait un cavalier du côté opposé.

Le jeune homme qui frappait reconnut le cavalier et lui dit :

— Ma foi, Marcel, à ton tour, puisque te voilà.

Il s’essuya le front avec son mouchoir, et salua les personnes qui étaient derrière lui. Le nouvel arrivé en fit autant, et répondit à son interlocuteur : — Est-ce qu’il y a long-temps que tu frappes, Arnold ?

— Mais il y a vingt minutes que j’ai cassé la sonnette.

— Est-ce qu’il n’y aurait personne ?

— C’est impossible, dit le propriétaire de la première voiture ; et, tirant une lettre de sa poche, il lut à haute voix : « Nous vous attendons à dîner vendredi trois. »

— Vendredi trois, c’est comme moi, dit un des hôtes du cabriolet en exhibant également son invitation.

— C’est bien aujourd’hui vendredi ?

— Oui, certainement.

— C’est le 3 mai ?

— C’est le 3 mai.

Alors, recommençant à frapper, le premier arrivé reprit la pierre, et, après avoir reproduit son roulement pendant quelques instans, il jeta ce caillou et dit : — On est au fond du jardin.

— Ou sorti, répéta Marcel.

— Je vous dis, monsieur, que c’est impossible ; M. et Mme Bressier ne seraient pas sortis un jour où ils ont invité à dîner une, deux, cinq, sept personnes. Ah ! bonjour, monsieur Cotel ; je ne vous reconnaissais pas.

— Mille complimens, monsieur Morsy. Je présente mes respects à ces dames. Avec cela qu’il fait une chaleur !

— Si vous frappiez encore, monsieur Arnold… Tiens, mais où est-il donc ?… Où est donc M. Arnold ?

— Il essaie une folie, reprit le cavalier ; il prétend passer par-dessus le mur du jardin.

— Attendez, j’entends du bruit dans la maison.

— Oui vraiment, on vient.

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