Pantagruel

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Pantagruel by FRANÇOIS RABELAIS, GILBERT TEROL
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Author: FRANÇOIS RABELAIS ISBN: 1230002744612
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 26, 2018
Imprint: Language: French
Author: FRANÇOIS RABELAIS
ISBN: 1230002744612
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 26, 2018
Imprint:
Language: French

Ce ne sera chose inutile ne oysifve, veu que sommes de sejour, vous ramentevoir la premiere source et origine dont nous est né le bon Pantagruel : car je voy que tous bons hystoriographes ainsi ont traicté leurs Chronicques, non seullement les Arabes, Barbares et Latins, mais aussi Gregoys, Gentilz, qui furent buveurs eternelz.

Il vous convient doncques noter que, au commencement du monde (je parle de loing, il y a plus de quarante quarantaines de nuyctz, pour nombrer à la mode des antiques Druides), peu après que Abel fust occis par son frere Caïn, la terre embue du sang du juste fut certaine année si tres fertile en tous fruictz qui de ses flans nous sont produytz, et singulièrement en mesles, que on l'appella de toute memoire l'année des grosses mesles, car les troys en faisoyent le boysseau.

En ycelle les Kalendes feurent trouvées par les breviaires des Grecz. Le moys de mars faillit en Karesme, et fut la my oust en may. On moys de octobre, ce me semble, ou bien de septembre (affin que je ne erre, car de cela me veulx je curieusement guarder) fut la sepmaine, tant renommée par les annales, qu'on nomme la sepmaine des troys jeudis : car il y en eut troys, à cause des irreguliers bissextes, que le soleil bruncha quelque peu, comme debitoribus, à gauche, et la lune varia de son cours plus de cinq toyzes, et feut manifestement veu le movement de trepidation on firmament dict aplane, tellement que la Pleiade moyene, laissant ses compaignons, declina vers l'Equinoctial, et l'estoille nommé l'Espy laissa la Vierge, se retirant vers la Balance, qui sont cas bien espoventables et matieres tant dures et difficiles que les Astrologues ne y peuvent mordre ; aussy auroient ilz les dens bien longues s'ilz povoient toucher jusques là.

Faictes vostre compte que le monde voluntiers mangeoit desdictes mesles, car elles estoient belles à l'œil et delicieuses au goust ; mais tout ainsi comme Noë, le sainct homme (auquel tant sommes obligez et tenuz de ce qu'il nous planta la vine, dont nous vient celle nectaricque, delicieuse, precieuse, celeste, joyeuse et deïficque liqueur qu'on nomme le piot), fut trompé en le beuvant, car il ignoroit la grande vertu et puissance d'icelluy, semblablement les hommes et femmes de celluy temps mangeoyent en grand plaisir de ce beau et gros fruict.

Mais accidens bien divers leurs en advindrent, car à tous survint au corps une enfleure très horrible, mais non à tous en un mesme lieu. Car aulcuns enfloyent par le ventre, et le ventre leur devenoit bossu comme une grosse tonne, desquelz est escript : " Ventrem omnipotentem ", lesquelz furent tous gens de bien et bon raillars, et de ceste race nasquit sainct Pansart et Mardy Gras.

Les aultres enfloyent par les espaules, et tant estoyent bossus qu'on les appelloit montiferes, comme porte montaignes, dont vous en voyez encores par le monde en divers sexes et dignités, et de ceste race yssit Esopet, duquel vous avez les beaulx faictz et dictz par escript.

Les aultres enfloyent en longueur, par le membre, qu'on nomme le laboureur de nature, en sorte qu'ilz le avoyent merveilleusement long, grand, gras, gros, vert et acresté à la mode antique, si bien qu'ilz s'en servoyent de ceinture, le redoublans à cinq ou à six foys par le corps ; et s'il advenoit qu'il feust en poinct et eust vent en pouppe, à les veoir eussiez dict que c'estoyent gens qui eussent leurs lances en l'arrest pour jouster à la quintaine. Et d'yceulx est perdue la race, ainsi comme disent les femmes, car elles lamentent continuellement qu'

Il n'en est plus de ces gros, etc.

vous sçavez la reste de la chanson.

Aultres croissoient en matiere de couilles si enormement que les troys emplissoient bien un muy. D'yceulx sont descendues les couilles de Lorraine, lesquelles jamays ne habitent en braguette : elles tombent au fond des chausses.

Aultres croyssoient par les jambes, et à les veoir eussiez dict que c'estoyent grues ou flammans, ou bien gens marchans sus eschasses, et les petits grimaulx les appellent en grammaire Jambus.

Es aultres tant croissoit le nez qu'il sembloit la fleute d'un alambic, tout diapré, tout estincelé de bubeletes, pullulant, purpuré, à pompettes, tout esmaillé, tout boutonné et brodé de gueules, et tel avez veu le chanoyne Panzoult et Piédeboys, medicin de Angiers ; de laquelle race peu furent qui aimassent la ptissane, mais tous furent amateurs de purée septembrale. Nason et Ovide en prindrent leur origine, et tous ceulx desquelz est escript : " Ne reminiscaris.

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Ce ne sera chose inutile ne oysifve, veu que sommes de sejour, vous ramentevoir la premiere source et origine dont nous est né le bon Pantagruel : car je voy que tous bons hystoriographes ainsi ont traicté leurs Chronicques, non seullement les Arabes, Barbares et Latins, mais aussi Gregoys, Gentilz, qui furent buveurs eternelz.

Il vous convient doncques noter que, au commencement du monde (je parle de loing, il y a plus de quarante quarantaines de nuyctz, pour nombrer à la mode des antiques Druides), peu après que Abel fust occis par son frere Caïn, la terre embue du sang du juste fut certaine année si tres fertile en tous fruictz qui de ses flans nous sont produytz, et singulièrement en mesles, que on l'appella de toute memoire l'année des grosses mesles, car les troys en faisoyent le boysseau.

En ycelle les Kalendes feurent trouvées par les breviaires des Grecz. Le moys de mars faillit en Karesme, et fut la my oust en may. On moys de octobre, ce me semble, ou bien de septembre (affin que je ne erre, car de cela me veulx je curieusement guarder) fut la sepmaine, tant renommée par les annales, qu'on nomme la sepmaine des troys jeudis : car il y en eut troys, à cause des irreguliers bissextes, que le soleil bruncha quelque peu, comme debitoribus, à gauche, et la lune varia de son cours plus de cinq toyzes, et feut manifestement veu le movement de trepidation on firmament dict aplane, tellement que la Pleiade moyene, laissant ses compaignons, declina vers l'Equinoctial, et l'estoille nommé l'Espy laissa la Vierge, se retirant vers la Balance, qui sont cas bien espoventables et matieres tant dures et difficiles que les Astrologues ne y peuvent mordre ; aussy auroient ilz les dens bien longues s'ilz povoient toucher jusques là.

Faictes vostre compte que le monde voluntiers mangeoit desdictes mesles, car elles estoient belles à l'œil et delicieuses au goust ; mais tout ainsi comme Noë, le sainct homme (auquel tant sommes obligez et tenuz de ce qu'il nous planta la vine, dont nous vient celle nectaricque, delicieuse, precieuse, celeste, joyeuse et deïficque liqueur qu'on nomme le piot), fut trompé en le beuvant, car il ignoroit la grande vertu et puissance d'icelluy, semblablement les hommes et femmes de celluy temps mangeoyent en grand plaisir de ce beau et gros fruict.

Mais accidens bien divers leurs en advindrent, car à tous survint au corps une enfleure très horrible, mais non à tous en un mesme lieu. Car aulcuns enfloyent par le ventre, et le ventre leur devenoit bossu comme une grosse tonne, desquelz est escript : " Ventrem omnipotentem ", lesquelz furent tous gens de bien et bon raillars, et de ceste race nasquit sainct Pansart et Mardy Gras.

Les aultres enfloyent par les espaules, et tant estoyent bossus qu'on les appelloit montiferes, comme porte montaignes, dont vous en voyez encores par le monde en divers sexes et dignités, et de ceste race yssit Esopet, duquel vous avez les beaulx faictz et dictz par escript.

Les aultres enfloyent en longueur, par le membre, qu'on nomme le laboureur de nature, en sorte qu'ilz le avoyent merveilleusement long, grand, gras, gros, vert et acresté à la mode antique, si bien qu'ilz s'en servoyent de ceinture, le redoublans à cinq ou à six foys par le corps ; et s'il advenoit qu'il feust en poinct et eust vent en pouppe, à les veoir eussiez dict que c'estoyent gens qui eussent leurs lances en l'arrest pour jouster à la quintaine. Et d'yceulx est perdue la race, ainsi comme disent les femmes, car elles lamentent continuellement qu'

Il n'en est plus de ces gros, etc.

vous sçavez la reste de la chanson.

Aultres croissoient en matiere de couilles si enormement que les troys emplissoient bien un muy. D'yceulx sont descendues les couilles de Lorraine, lesquelles jamays ne habitent en braguette : elles tombent au fond des chausses.

Aultres croyssoient par les jambes, et à les veoir eussiez dict que c'estoyent grues ou flammans, ou bien gens marchans sus eschasses, et les petits grimaulx les appellent en grammaire Jambus.

Es aultres tant croissoit le nez qu'il sembloit la fleute d'un alambic, tout diapré, tout estincelé de bubeletes, pullulant, purpuré, à pompettes, tout esmaillé, tout boutonné et brodé de gueules, et tel avez veu le chanoyne Panzoult et Piédeboys, medicin de Angiers ; de laquelle race peu furent qui aimassent la ptissane, mais tous furent amateurs de purée septembrale. Nason et Ovide en prindrent leur origine, et tous ceulx desquelz est escript : " Ne reminiscaris.

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