Une Volupté nouvelle

Romance, Erotica, Contemporary
Cover of the book Une Volupté nouvelle by PIERRE LOUYS, GILBERT TEROL
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Author: PIERRE LOUYS ISBN: 1230002783611
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 3, 2018
Imprint: Language: French
Author: PIERRE LOUYS
ISBN: 1230002783611
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 3, 2018
Imprint:
Language: French

Elle eut un sourire d’indulgence et, sans répondre, elle défit son manteau. Sa robe était de soie vert d’eau, ornée de gigantesques iris tissés avec la robe elle-même et dont les tiges montaient en fusées le long du corps jusqu’à un décolletage carré qui montrait nu le bout des seins. Elle portait à chaque bras un petit serpent d’or aux yeux d’émeraude. Un collier de grosses perles à deux rangs brillait sur sa peau foncée, en marquant la naissance du cou qui était mobile et arrondi.

— Si tu me reconnais, dit-elle, c’est que tu m’as vue en rêve. Je suis Callistô, fille de Lamia. Pendant dix-huit cents ans, mon tombeau est resté en paix dans les bois fleuris de Daphné, près des collines où fut la voluptueuse Antioche. Mais maintenant, les tombeaux voyagent. On m’a emmenée à Paris et mon ombre suivait la pierre qui contenait mes cendres fines. Longtemps encore, j’ai dormi enfermée dans les caves glaciales du Louvre. J’y serais toujours si un grand païen, un saint homme, M. Louis Ménard, le seul qui se souvienne aujourd’hui des rites et des gestes divins, n’avait prononcé devant ma tombe les paroles traditionnelles qui savent rendre aux pauvres mortes une vie éphémère et nocturne. Pendant sept heures, chaque nuit, je me promène dans ta sale ville…

— Oh ! pauvre fille ! interrompis-je. Comme tu dois trouver le monde changé !

— Oui et non. Je trouve les maisons noires ; les costumes laids et le ciel lugubre (quelle singulière idée vous avez eue de venir habiter sous un pareil climat !). Je trouve que la vie est plus sotte et que les gens ont l’air moins heureux ; mais si j’ai une stupéfaction, c’est bien de revoir à chaque pas toutes les choses que j’ai connues. Comment ! en dix-huit cents ans vous n’avez fait que cela ! Rien de plus nouveau ? Rien de mieux, vraiment ? Ce que j’ai vu dans vos rues, dans vos champs, dans vos maisons, c’est tout, c’est bien tout ?… Quelle misère, mon ami !

L’étonnement qu’elle me vit prendre pouvait tenir lieu de réplique. Elle sourit et s’expliqua :

— Tu vois comment je suis habillée ? me dit-elle. J’ai la robe qu’on a mise avec moi au tombeau. Regarde-la. De mon temps, on s’habillait avec de la laine, du fil et de la soie

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Elle eut un sourire d’indulgence et, sans répondre, elle défit son manteau. Sa robe était de soie vert d’eau, ornée de gigantesques iris tissés avec la robe elle-même et dont les tiges montaient en fusées le long du corps jusqu’à un décolletage carré qui montrait nu le bout des seins. Elle portait à chaque bras un petit serpent d’or aux yeux d’émeraude. Un collier de grosses perles à deux rangs brillait sur sa peau foncée, en marquant la naissance du cou qui était mobile et arrondi.

— Si tu me reconnais, dit-elle, c’est que tu m’as vue en rêve. Je suis Callistô, fille de Lamia. Pendant dix-huit cents ans, mon tombeau est resté en paix dans les bois fleuris de Daphné, près des collines où fut la voluptueuse Antioche. Mais maintenant, les tombeaux voyagent. On m’a emmenée à Paris et mon ombre suivait la pierre qui contenait mes cendres fines. Longtemps encore, j’ai dormi enfermée dans les caves glaciales du Louvre. J’y serais toujours si un grand païen, un saint homme, M. Louis Ménard, le seul qui se souvienne aujourd’hui des rites et des gestes divins, n’avait prononcé devant ma tombe les paroles traditionnelles qui savent rendre aux pauvres mortes une vie éphémère et nocturne. Pendant sept heures, chaque nuit, je me promène dans ta sale ville…

— Oh ! pauvre fille ! interrompis-je. Comme tu dois trouver le monde changé !

— Oui et non. Je trouve les maisons noires ; les costumes laids et le ciel lugubre (quelle singulière idée vous avez eue de venir habiter sous un pareil climat !). Je trouve que la vie est plus sotte et que les gens ont l’air moins heureux ; mais si j’ai une stupéfaction, c’est bien de revoir à chaque pas toutes les choses que j’ai connues. Comment ! en dix-huit cents ans vous n’avez fait que cela ! Rien de plus nouveau ? Rien de mieux, vraiment ? Ce que j’ai vu dans vos rues, dans vos champs, dans vos maisons, c’est tout, c’est bien tout ?… Quelle misère, mon ami !

L’étonnement qu’elle me vit prendre pouvait tenir lieu de réplique. Elle sourit et s’expliqua :

— Tu vois comment je suis habillée ? me dit-elle. J’ai la robe qu’on a mise avec moi au tombeau. Regarde-la. De mon temps, on s’habillait avec de la laine, du fil et de la soie

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