Author: | JAMES FENIMORE COOPER | ISBN: | 1230000212953 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | January 26, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | JAMES FENIMORE COOPER |
ISBN: | 1230000212953 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | January 26, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Notre histoire commence en 1793, environ sept ans avant la formation d’un de ces premiers établissements qui ont effectué dans la force et la situation de cet État le changement presque magique dont nous venons de parler.
On était à la fin de décembre, la soirée était froide, mais belle, et le soleil était près de se coucher, quand un sleigh[5] vint gravir lentement une des montagnes du pays dont nous venons de faire la description. Le jour avait été pur pour la saison, et l’atmosphère n’avait été chargée que de deux ou trois gros nuages que les derniers rayons du soleil, réfléchis par la masse de neige qui couvrait la terre, diapraient de brillantes couleurs. La route, tournant sur les flancs de la montagne, était soutenue d’un côté par une fondation de troncs d’arbres entassés les uns sur les autres, jusqu’à une profondeur de plusieurs pieds, tandis que de l’autre on avait creusé dans le roc un passage de largeur suffisante pour le peu de voyageurs qui la fréquentaient à cette époque. Mais tout ce qui ne s’élevait pas à plusieurs pieds au-dessus de la terre était alors enseveli sous une couche profonde de neige, et l’on ne distinguait le chemin que parce que la neige, battue sous les pieds des chevaux et des piétons, offrait un sentier de deux pieds plus bas que toute la surface qui l’environnait. Dans la vallée que l’œil découvrait à plusieurs centaines de pieds, on avait fait un défrichement considérable, et l’on y voyait toutes les améliorations qui annoncent un nouvel établissement. Les flancs de la montagne avaient même été préparés pour être mis en culture jusqu’à l’endroit où la route se détournait pour entrer dans une plaine située presque au même niveau ; mais une forêt en couvrait encore toute la partie supérieure, et s’étendait ensuite fort loin.
Les beaux chevaux bais attelés au sleigh étaient presque entièrement couverts du givre qui remplissait l’atmosphère de particules brillantes. Leurs naseaux répandaient des nuages de fumée. Tout ce qu’on apercevait, de même que l’accoutrement des voyageurs, annonçait la rigueur de l’hiver dans ces régions montagneuses. Les harnais, d’un noir mat, bien différent du vernis brillant qu’on emploie aujourd’hui, étaient garnis de boucles et d’énormes plaques de cuivre jaune qui brillaient comme de l’or aux rayons obliques du soleil couchant. De grosses selles, ornées de clous à tête ronde, de même métal, et d’où partait une couverture de drap qui descendait sur une partie de la croupe, des flancs et du poitrail des chevaux, soutenaient des anneaux en fer par où passaient les rênes Le conducteur, jeune nègre, qui paraissait avoir environ vingt ans, et d’un teint lustré, était bigarré par le froid, et ses grands yeux brillants laissaient échapper des gouttes d’une eau qui prenait sa source dans la même cause. Sa physionomie offrait pourtant un air de bonne humeur, car il pensait qu’il allait arriver chez son maître, y trouver un bon feu, et jouir de la gaieté qui ne manque jamais d’accompagner les fêtes de Noël.
Le sleigh était un de ces grands, commodes et antiques traîneaux qui pourraient recevoir une famille tout entière ; mais il ne s’y trouvait alors que deux personnes. L’extérieur en était peint en vert pâle, et l’intérieur en rouge foncé, sans doute pour donner au moins une idée de chaleur dans ce froid climat. Il était couvert de tous côtés de peaux de buffle, doublées en drap rouge, et les voyageurs avaient sous les pieds des peaux semblables, et d’autres encore pour s’envelopper les jambes. L’un était un homme de moyen âge, l’autre une jeune fille en qui l’on commençait à voir la femme presque formée. Le premier était de grande taille ; mais les précautions qu’il avait prises contre le froid ne laissaient apercevoir sa personne que très-imparfaitement. Une grande redingote doublée en fourrure lui couvrait tout le corps, à l’exception de la tête, sur laquelle il portait un bonnet de martre doublé de maroquin, dont les côtés étaient taillés de manière à pouvoir se rabattre sur les oreilles, et assujettis par un ruban noir noué sous son menton. Au milieu de cet accoutrement on distinguait des traits nobles et mâles, et surtout de grands yeux bleus qui annonçaient l’intelligence, la gaieté et la bienveillance. Quant à sa compagne, elle était littéralement cachée sous la multitude des vêtements qui la couvraient. Lorsqu’une redingote de drap doublée en flanelle, et dont la coupe prouvait évidemment qu’elle avait été destinée à un individu de l’autre sexe, venait à s’entrouvrir, on apercevait une douillette de soie serrée contre sa taille par des rubans. Un grand capuchon de soie noire, piqué en édredon, était rabattu sur son visage, de manière à ne laisser que l’ouverture nécessaire pour la respiration, et pour faire entrevoir de temps en temps des yeux du plus beau noir, pleins de feu et de vivacité.
Extrait :
Notre histoire commence en 1793, environ sept ans avant la formation d’un de ces premiers établissements qui ont effectué dans la force et la situation de cet État le changement presque magique dont nous venons de parler.
On était à la fin de décembre, la soirée était froide, mais belle, et le soleil était près de se coucher, quand un sleigh[5] vint gravir lentement une des montagnes du pays dont nous venons de faire la description. Le jour avait été pur pour la saison, et l’atmosphère n’avait été chargée que de deux ou trois gros nuages que les derniers rayons du soleil, réfléchis par la masse de neige qui couvrait la terre, diapraient de brillantes couleurs. La route, tournant sur les flancs de la montagne, était soutenue d’un côté par une fondation de troncs d’arbres entassés les uns sur les autres, jusqu’à une profondeur de plusieurs pieds, tandis que de l’autre on avait creusé dans le roc un passage de largeur suffisante pour le peu de voyageurs qui la fréquentaient à cette époque. Mais tout ce qui ne s’élevait pas à plusieurs pieds au-dessus de la terre était alors enseveli sous une couche profonde de neige, et l’on ne distinguait le chemin que parce que la neige, battue sous les pieds des chevaux et des piétons, offrait un sentier de deux pieds plus bas que toute la surface qui l’environnait. Dans la vallée que l’œil découvrait à plusieurs centaines de pieds, on avait fait un défrichement considérable, et l’on y voyait toutes les améliorations qui annoncent un nouvel établissement. Les flancs de la montagne avaient même été préparés pour être mis en culture jusqu’à l’endroit où la route se détournait pour entrer dans une plaine située presque au même niveau ; mais une forêt en couvrait encore toute la partie supérieure, et s’étendait ensuite fort loin.
Les beaux chevaux bais attelés au sleigh étaient presque entièrement couverts du givre qui remplissait l’atmosphère de particules brillantes. Leurs naseaux répandaient des nuages de fumée. Tout ce qu’on apercevait, de même que l’accoutrement des voyageurs, annonçait la rigueur de l’hiver dans ces régions montagneuses. Les harnais, d’un noir mat, bien différent du vernis brillant qu’on emploie aujourd’hui, étaient garnis de boucles et d’énormes plaques de cuivre jaune qui brillaient comme de l’or aux rayons obliques du soleil couchant. De grosses selles, ornées de clous à tête ronde, de même métal, et d’où partait une couverture de drap qui descendait sur une partie de la croupe, des flancs et du poitrail des chevaux, soutenaient des anneaux en fer par où passaient les rênes Le conducteur, jeune nègre, qui paraissait avoir environ vingt ans, et d’un teint lustré, était bigarré par le froid, et ses grands yeux brillants laissaient échapper des gouttes d’une eau qui prenait sa source dans la même cause. Sa physionomie offrait pourtant un air de bonne humeur, car il pensait qu’il allait arriver chez son maître, y trouver un bon feu, et jouir de la gaieté qui ne manque jamais d’accompagner les fêtes de Noël.
Le sleigh était un de ces grands, commodes et antiques traîneaux qui pourraient recevoir une famille tout entière ; mais il ne s’y trouvait alors que deux personnes. L’extérieur en était peint en vert pâle, et l’intérieur en rouge foncé, sans doute pour donner au moins une idée de chaleur dans ce froid climat. Il était couvert de tous côtés de peaux de buffle, doublées en drap rouge, et les voyageurs avaient sous les pieds des peaux semblables, et d’autres encore pour s’envelopper les jambes. L’un était un homme de moyen âge, l’autre une jeune fille en qui l’on commençait à voir la femme presque formée. Le premier était de grande taille ; mais les précautions qu’il avait prises contre le froid ne laissaient apercevoir sa personne que très-imparfaitement. Une grande redingote doublée en fourrure lui couvrait tout le corps, à l’exception de la tête, sur laquelle il portait un bonnet de martre doublé de maroquin, dont les côtés étaient taillés de manière à pouvoir se rabattre sur les oreilles, et assujettis par un ruban noir noué sous son menton. Au milieu de cet accoutrement on distinguait des traits nobles et mâles, et surtout de grands yeux bleus qui annonçaient l’intelligence, la gaieté et la bienveillance. Quant à sa compagne, elle était littéralement cachée sous la multitude des vêtements qui la couvraient. Lorsqu’une redingote de drap doublée en flanelle, et dont la coupe prouvait évidemment qu’elle avait été destinée à un individu de l’autre sexe, venait à s’entrouvrir, on apercevait une douillette de soie serrée contre sa taille par des rubans. Un grand capuchon de soie noire, piqué en édredon, était rabattu sur son visage, de manière à ne laisser que l’ouverture nécessaire pour la respiration, et pour faire entrevoir de temps en temps des yeux du plus beau noir, pleins de feu et de vivacité.