Author: | FRANCOIS-RÉAL ANGERS | ISBN: | 1230001638318 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | April 14, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | FRANCOIS-RÉAL ANGERS |
ISBN: | 1230001638318 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | April 14, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Présentation de l’éditeur :
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
« Voici, » dit Waterworth, reprenant son récit que nous avons interrompu un moment par une autre forme de narration, « voici tous les crimes auxquels j’ai pris part et qui se sont succédés sans interruption depuis le mois de Novembre jusqu’au mois de Juillet (1835.)
« Il en est un autre qu’on a mis sur notre compte, je le sais, et pour lequel Cambray a subi un procès, mais dont il a été acquitté devant la Cour Criminelle. C’est le meurtre du Capitaine Sivrac. Quoique le Capitaine Sivrac, sur son lit de mort, ait nommé ses assassins, et quoique Cambray depuis sa condamnation récente avoue que lui, moi et les autres, nous étions tous présens à ce meurtre, dans la vue probablement de se venger de moi et de m’impliquer dans quelque mauvaise affaire, je déclare solennellement que je ne suis jamais allé à Lotbinière, et que je ne me serais jamais imaginé qu’il y eut de l’argent à trouver dans la misérable hutte qu’occupait le gardien des Phares du Richelieu. J’ai souvent entendu raconter dans la prison les détails de cette affaire, et je sais qu’ils sont des plus révoltants. Attaquer un vieillard seul et sans armes sur une isle déserte, le rouer de coups, le forcer par les traitemens les plus inhumains à donner tout ce qu’il possède, et, pour mettre le comble à la barbarie, après l’avoir cruellement battu et meurtri, le jeter dans une cave pleine d’eau et l’y enfermer sous clef, c’est tout ce qu’on peut imaginer de plus affreux et de plus diabolique ; c’est faire le mal pour faire le mal, c’est se complaire dans des actes de férocité. Ce n’était pas notre système. Quand on donnait de bonne grâce et qu’on ne voulait point faire de résistance, nous ne maltraitions personne, persuadés que les recherches seraient moins assidues ou les démêlés avec la Justice moins dangereux. C’est une opinion reçue parmi les voleurs, que le meurtrier n’échappe jamais à la mort ; et si cette peine n’était infligée que pour le meurtre, je doute qu’il se commît jamais de violences dans les vols avec effraction.
« À cette époque, nous avions déjà oublié les soupçons qui deux mois auparavant avaient retenti jusqu’à notre porte, et nous vivions dans la plus grande sécurité, ne sachant pas que cette première rumeur, comme une boule de neige partie du haut d’une montagne, allait toujours se grossissant, et fondrait bientôt sur nous. Cambray croyait avoir conjuré l’orage par sa hardiesse et son hypocrite effronterie. Le lendemain du vol de la Congrégation, il s’était rendu sur le lieu pour satisfaire un sentiment de vaine et audacieuse curiosité, et passant près de la Chapelle comme par hasard, s’était arrêté avec un ami, se faisant raconter tous les détails de l’attentat commis la nuit précédente.
« Voler la Congrégation ! » avait-il dit, « et comment sont-ils entrés ? Quoi ! par ce vitreau ? Quelle audace ! quelle atrocité ! Venir voler dans une église, à la face de Dieu même ! C’est horrible ! ça fait frissonner ! Ils ont emporté toute l’argenterie ? Est-ce qu’on la laissait dans l’église ? Mais eux, qu’en feront-ils ? Cela me paraît absurde ! ce sont pourtant ces misérables qui sont sortis de la prison à la fin du terme de Mars ! »
« Et en faisant ces édifiantes observations, il était entré dans la Chapelle avec le gardien, et, à Chaque nouveau dégât qu’on lui avait montré, avait feint de la surprise et de l’étonnement.
« Il n’avait pas manqué d’en faire autant par rapport aux autres expéditions qui avaient suivi celle-là, et, il faut l’avouer, avec ce faux semblant d’honnêteté et ce babil moral, il avait pour quelque temps rendu les soupçons impossibles, et aveuglé cette indolente déité qu’on nomme la Justice.
« Nous fîmes plus ; car nous allâmes jusqu’à user de menaces et de violences, et même de ce que nous appelions la grande mesure de nécessité ; et après avoir ainsi pris toutes nos sûretés contre les soupçons, qui une fois avaient failli nous atteindre, Cambray et moi, nous nous disposâmes à recommencer notre trafic de bois, et à faire des dupes de tout le monde et particulièrement des étrangers qui avaient de l’argent, et que nous entraînions dans les auberges, où nous ne manquions que rarement de leur escamoter tout ce qu’ils possédaient en pratiquant sur eux nos lucratifs talens d’industriels. Il y a dans plusieurs parties de cette ville, des maisons d’entretien public, où ce genre d’industrie est habituellement en pleine opération, et où tout le monde, depuis l’hôte jusqu’aux serviteurs et aux affidés de la maison, font par ce moyen de fort jolis profits. Je ne fus pas peu surpris d’y rencontrer fréquemment des gens qui ne comptent pas parmi les derniers rangs de la société et surtout de prétendus gentilshommes, aventuriers il est vrai, mais qui ont assez d’impudence pour se glisser quelquefois parmi les honnêtes gens ; escamoteurs de première force, dont l’un à face hypocrite jouait le rôle de compère en prêchant la vertu ; dont l’autre, plus hardi et plus adroit, coupait la bourse de son voisin, ou la lui gagnait au jeu en lui faisant des contes.
« Comme nous étions en si bon chemin de fortune, le nuage creva, et la foudre nous atteignit : nous fûmes arrêtés et mis en prison. Vous trouverez dans les procédures de la Cour tous les détails de cette malheureuse affaire. »
Présentation de l’éditeur :
Ce livre comporte une table des matières dynamique, a été relue et corrigé.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Extrait :
« Voici, » dit Waterworth, reprenant son récit que nous avons interrompu un moment par une autre forme de narration, « voici tous les crimes auxquels j’ai pris part et qui se sont succédés sans interruption depuis le mois de Novembre jusqu’au mois de Juillet (1835.)
« Il en est un autre qu’on a mis sur notre compte, je le sais, et pour lequel Cambray a subi un procès, mais dont il a été acquitté devant la Cour Criminelle. C’est le meurtre du Capitaine Sivrac. Quoique le Capitaine Sivrac, sur son lit de mort, ait nommé ses assassins, et quoique Cambray depuis sa condamnation récente avoue que lui, moi et les autres, nous étions tous présens à ce meurtre, dans la vue probablement de se venger de moi et de m’impliquer dans quelque mauvaise affaire, je déclare solennellement que je ne suis jamais allé à Lotbinière, et que je ne me serais jamais imaginé qu’il y eut de l’argent à trouver dans la misérable hutte qu’occupait le gardien des Phares du Richelieu. J’ai souvent entendu raconter dans la prison les détails de cette affaire, et je sais qu’ils sont des plus révoltants. Attaquer un vieillard seul et sans armes sur une isle déserte, le rouer de coups, le forcer par les traitemens les plus inhumains à donner tout ce qu’il possède, et, pour mettre le comble à la barbarie, après l’avoir cruellement battu et meurtri, le jeter dans une cave pleine d’eau et l’y enfermer sous clef, c’est tout ce qu’on peut imaginer de plus affreux et de plus diabolique ; c’est faire le mal pour faire le mal, c’est se complaire dans des actes de férocité. Ce n’était pas notre système. Quand on donnait de bonne grâce et qu’on ne voulait point faire de résistance, nous ne maltraitions personne, persuadés que les recherches seraient moins assidues ou les démêlés avec la Justice moins dangereux. C’est une opinion reçue parmi les voleurs, que le meurtrier n’échappe jamais à la mort ; et si cette peine n’était infligée que pour le meurtre, je doute qu’il se commît jamais de violences dans les vols avec effraction.
« À cette époque, nous avions déjà oublié les soupçons qui deux mois auparavant avaient retenti jusqu’à notre porte, et nous vivions dans la plus grande sécurité, ne sachant pas que cette première rumeur, comme une boule de neige partie du haut d’une montagne, allait toujours se grossissant, et fondrait bientôt sur nous. Cambray croyait avoir conjuré l’orage par sa hardiesse et son hypocrite effronterie. Le lendemain du vol de la Congrégation, il s’était rendu sur le lieu pour satisfaire un sentiment de vaine et audacieuse curiosité, et passant près de la Chapelle comme par hasard, s’était arrêté avec un ami, se faisant raconter tous les détails de l’attentat commis la nuit précédente.
« Voler la Congrégation ! » avait-il dit, « et comment sont-ils entrés ? Quoi ! par ce vitreau ? Quelle audace ! quelle atrocité ! Venir voler dans une église, à la face de Dieu même ! C’est horrible ! ça fait frissonner ! Ils ont emporté toute l’argenterie ? Est-ce qu’on la laissait dans l’église ? Mais eux, qu’en feront-ils ? Cela me paraît absurde ! ce sont pourtant ces misérables qui sont sortis de la prison à la fin du terme de Mars ! »
« Et en faisant ces édifiantes observations, il était entré dans la Chapelle avec le gardien, et, à Chaque nouveau dégât qu’on lui avait montré, avait feint de la surprise et de l’étonnement.
« Il n’avait pas manqué d’en faire autant par rapport aux autres expéditions qui avaient suivi celle-là, et, il faut l’avouer, avec ce faux semblant d’honnêteté et ce babil moral, il avait pour quelque temps rendu les soupçons impossibles, et aveuglé cette indolente déité qu’on nomme la Justice.
« Nous fîmes plus ; car nous allâmes jusqu’à user de menaces et de violences, et même de ce que nous appelions la grande mesure de nécessité ; et après avoir ainsi pris toutes nos sûretés contre les soupçons, qui une fois avaient failli nous atteindre, Cambray et moi, nous nous disposâmes à recommencer notre trafic de bois, et à faire des dupes de tout le monde et particulièrement des étrangers qui avaient de l’argent, et que nous entraînions dans les auberges, où nous ne manquions que rarement de leur escamoter tout ce qu’ils possédaient en pratiquant sur eux nos lucratifs talens d’industriels. Il y a dans plusieurs parties de cette ville, des maisons d’entretien public, où ce genre d’industrie est habituellement en pleine opération, et où tout le monde, depuis l’hôte jusqu’aux serviteurs et aux affidés de la maison, font par ce moyen de fort jolis profits. Je ne fus pas peu surpris d’y rencontrer fréquemment des gens qui ne comptent pas parmi les derniers rangs de la société et surtout de prétendus gentilshommes, aventuriers il est vrai, mais qui ont assez d’impudence pour se glisser quelquefois parmi les honnêtes gens ; escamoteurs de première force, dont l’un à face hypocrite jouait le rôle de compère en prêchant la vertu ; dont l’autre, plus hardi et plus adroit, coupait la bourse de son voisin, ou la lui gagnait au jeu en lui faisant des contes.
« Comme nous étions en si bon chemin de fortune, le nuage creva, et la foudre nous atteignit : nous fûmes arrêtés et mis en prison. Vous trouverez dans les procédures de la Cour tous les détails de cette malheureuse affaire. »