La Vie est quotidienne

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book La Vie est quotidienne by ANDRÉ BAILLON, GILBERT TEROL
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Author: ANDRÉ BAILLON ISBN: 1230000212854
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 25, 2014
Imprint: Language: French
Author: ANDRÉ BAILLON
ISBN: 1230000212854
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 25, 2014
Imprint:
Language: French

Ils ont fait leur « retour à la terre ». Ils sont pleins de bonne volonté. C’est leur première année. Ils n’ont pas encore l’habitude de cette petite ferme au milieu des champs.

Ils sont au lit et, déjà Monsieur sommeille, quand Madame brusquement le secoue par le bras :

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a, Marie ?

— Écoute… Écoute donc, Spitz aboie.

Dans la grange, où ils l’enferment pour la nuit, Spitz, en effet, aboie très fort, et il fait une de ces nuits dont les paysans leur ont dit :

— C’est quand le vent hurle comme cela, que les voleurs en auront à vos poules

Ils écoutent un long moment.

— Peut-être devrions-nous aller voir, propose Madame.

— Mais non, tu sais bien, Spitz aboie pour des riens : il aura rêvé.

— Tu crois ?

— Ou bien il aura entendu craquer une branche. D’ailleurs, voilà qu’il s’apaise. Je suis sûr qu’il se rendort. Faisons comme lui. Bonsoir Marie.

— Bonsoir.

Cinq minutes après, Marie ronfle avec confiance et c’est Monsieur qui sursaute. Spitz n’aboie plus : il hurle. On dirait qu’on l’égorge.

Monsieur bondit hors du lit :

— Qu’est-ce que tu vas faire ? s’inquiète Marie.

— Ce que je vais faire ? Mais voir ! Je ne vais pas laisser tuer mon chien.

— Du moins, tu ne t’exposeras pas ?

— Sois tranquille. Allume la lanterne. D’ailleurs, tu viendras avec moi.

— Ah ! fait Marie, qui peut-être ne pensait pas si loin.

Tandis qu’elle s’énerve à fourrer l’allumette dans la lanterne, Monsieur court décrocher son vieux fusil de parade. Quand il y a des voleurs, il sait ce qu’il faut faire. Les voisins l’ont expliqué :

— Ne vous risquez pas dehors : ils vous assommeraient. Faites beaucoup de bruit. Ils n’en demanderont pas davantage.

L’arme chargée à blanc, Monsieur passe le canon à travers le trou du volet, et lâche dans le noir, un formidable coup de feu :

— Boum !

Il laisse le vacarme produire son effet. Spitz instantanément s’est tu.

— Et maintenant Marie, allons visiter les étables.

Elles sont à côté : on y entre, directement, sans « se risquer dehors ». Il passe devant ; il est très crâne. Il sait bien que, s’il y a eu des voleurs, ils ont eu le temps de courir. Il porte le fusil et la lanterne. Madame se colle dans son dos. Pour lui donner du courage il lui a passé un gros revolver :

— Que dois-je en faire ?

— Si tu aperçois un voleur, tire !

Elle le tient des deux mains. Elle ne quitte pas Monsieur d’un seul pas. Si elle tirait, toute la décharge serait pour lui.

— Je ne sais pas ce que j’ai, mais je ne tiens pas fort sur mes jambes.

— Allons toujours !

Dans l’étable aux poules, il n’y a rien. Tassées côte à côte sur leur perchoir, elles poussent cette espèce de gloussement sifflé qu’elles ont toujours quand on les réveille ; quelques-unes tendent le cou, l’œil étonné vers cette lumière qui passe en dessous d’elles.

— S’il était venu des voleurs, dit Marie, elles ne seraient pas si calmes. Rentrons nous coucher.

— Pas encore. Allons voir Spitz.

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Ils ont fait leur « retour à la terre ». Ils sont pleins de bonne volonté. C’est leur première année. Ils n’ont pas encore l’habitude de cette petite ferme au milieu des champs.

Ils sont au lit et, déjà Monsieur sommeille, quand Madame brusquement le secoue par le bras :

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a, Marie ?

— Écoute… Écoute donc, Spitz aboie.

Dans la grange, où ils l’enferment pour la nuit, Spitz, en effet, aboie très fort, et il fait une de ces nuits dont les paysans leur ont dit :

— C’est quand le vent hurle comme cela, que les voleurs en auront à vos poules

Ils écoutent un long moment.

— Peut-être devrions-nous aller voir, propose Madame.

— Mais non, tu sais bien, Spitz aboie pour des riens : il aura rêvé.

— Tu crois ?

— Ou bien il aura entendu craquer une branche. D’ailleurs, voilà qu’il s’apaise. Je suis sûr qu’il se rendort. Faisons comme lui. Bonsoir Marie.

— Bonsoir.

Cinq minutes après, Marie ronfle avec confiance et c’est Monsieur qui sursaute. Spitz n’aboie plus : il hurle. On dirait qu’on l’égorge.

Monsieur bondit hors du lit :

— Qu’est-ce que tu vas faire ? s’inquiète Marie.

— Ce que je vais faire ? Mais voir ! Je ne vais pas laisser tuer mon chien.

— Du moins, tu ne t’exposeras pas ?

— Sois tranquille. Allume la lanterne. D’ailleurs, tu viendras avec moi.

— Ah ! fait Marie, qui peut-être ne pensait pas si loin.

Tandis qu’elle s’énerve à fourrer l’allumette dans la lanterne, Monsieur court décrocher son vieux fusil de parade. Quand il y a des voleurs, il sait ce qu’il faut faire. Les voisins l’ont expliqué :

— Ne vous risquez pas dehors : ils vous assommeraient. Faites beaucoup de bruit. Ils n’en demanderont pas davantage.

L’arme chargée à blanc, Monsieur passe le canon à travers le trou du volet, et lâche dans le noir, un formidable coup de feu :

— Boum !

Il laisse le vacarme produire son effet. Spitz instantanément s’est tu.

— Et maintenant Marie, allons visiter les étables.

Elles sont à côté : on y entre, directement, sans « se risquer dehors ». Il passe devant ; il est très crâne. Il sait bien que, s’il y a eu des voleurs, ils ont eu le temps de courir. Il porte le fusil et la lanterne. Madame se colle dans son dos. Pour lui donner du courage il lui a passé un gros revolver :

— Que dois-je en faire ?

— Si tu aperçois un voleur, tire !

Elle le tient des deux mains. Elle ne quitte pas Monsieur d’un seul pas. Si elle tirait, toute la décharge serait pour lui.

— Je ne sais pas ce que j’ai, mais je ne tiens pas fort sur mes jambes.

— Allons toujours !

Dans l’étable aux poules, il n’y a rien. Tassées côte à côte sur leur perchoir, elles poussent cette espèce de gloussement sifflé qu’elles ont toujours quand on les réveille ; quelques-unes tendent le cou, l’œil étonné vers cette lumière qui passe en dessous d’elles.

— S’il était venu des voleurs, dit Marie, elles ne seraient pas si calmes. Rentrons nous coucher.

— Pas encore. Allons voir Spitz.

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