Une officine royale de falsifications

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Une officine royale de falsifications by ADOLPHE LANNE, GILBERT TEROL
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Author: ADOLPHE LANNE ISBN: 1230002689081
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: ADOLPHE LANNE
ISBN: 1230002689081
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 16, 2018
Imprint:
Language: French

Si vous n’aimez que l’histoire académique, telle qu’elle s’écrivait au début de ce siècle, ne lisez pas ce livre : il n’est pas votre fait.

Si vous avez la manie de l’inédit, si vous estimez que l’historien ne doit prendre la plume que pour mettre au jour des documents nouveaux et inconnus, ne le lisez pas davantage.

Certains écrivains, parce que le hasard leur aurait livré la comptabilité de l’apothicaire du Temple, se targueraient d’avoir inauguré des vues nouvelles en histoire. M. Lanne n’ambitionne point leur rôle. Il sait mieux que personne combien on a abusé de ces prétendues exhumations d’inédits et combien de fois on a dupé les lecteurs en plaçant sous leurs yeux, sous prétexte de documentation inconnue, des fatras de papiers qui n’ajoutaient rien à ce que l’on avait su de tout temps.

M. Lanne apporte infiniment mieux que tout cela : un esprit d’analyste à la Taine lui permet de rénover des textes déjà connus par une dissection minutieuse, par la comparaison de détails en apparence infimes que tout le monde avait lus évidemment, mais que personne n’avait relevés et, de la sorte, il arrive à la solution de certains problèmes et à des conclusions que nul n’avait émises.

Au cours de travaux de longue haleine, dont l’ensemble nous sera sans doute prochainement livré, M. Lanne fut amené à étudier plus spécialement la physionomie complexe plus que sympathique de Louis XVIII.

Ses recherches au sujet de ce personnage se concentrèrent sur deux points spécialement : la légende de la remise du cachet de Louis XVI au comte de Provence et la genèse de ce singulier Récit d’une sœur qu’est la relation de Madame Royale.

Ainsi, deux fois, M. Lanne put prendre sur le fait de son fonctionnement ce qu’il appelle l’Officine royale de falsifications.

Le mot, dira-t-on, est gros. D’accord, mais la chose est bien plus grosse.

C’est une curieuse histoire que celle du cachet de Louis XVI. La version de Louis XVIII est, au premier abord, absolument invraisemblable pour quiconque sait quels sentiments Marie-Antoinette professait pour son beau-frère, mais le vrai est souvent invraisemblable et si l’on surmonte une fois la répugnance instinctive qu’elle éveille, il faut avouer que la trame a été soigneusement ourdie.

Des esprits très déliés, tel M. Paul Gaulot, y ont été pris. Le dossier de Jarjayes l’a tout à fait aveuglé. M. Lanne est, cependant, croyons-nous, judicieusement demeuré sceptique, car, comme il le dit, la preuve du mensonge calculé et concerté devient évidente à l’examen des textes. Cependant nous différons d’opinions sur quelques points, et, pour exposer ces divergences, bien que l’historien de l’Officine royale de falsifications ait fort bien raconté cette légende, il nous permettra d’ajouter quelques traits à son récit.

Cléry n’est pas, en effet, le seul contemporain qui ait parlé du cachet et de l’anneau de Louis XVI. Dès le lendemain même de l’exécution du roi, un écrivain royaliste s’exprimait ainsi :

« Louis avait disposé tout ce qu’il voulait qu’on rendît à sa famille : il lui adressait ces petits paquets de cheveux de son épouse, de ses enfants et de sa vertueuse sœur qu’il semblait conserver avec soin ; il renvoyait à son épouse un diamant sur lequel étaient leurs noms, un cachet d’argent[1]… »

Le diamant, que signale en 1793 Windtsor, n’est pas tout à fait l’alliance qu’indiquera Beauchesne ; de même, quand en 1798 les Mémoires de Cléry — ceux qu’il a désavoués[2] — paraîtront à Londres, ils parleront d’une bague et copieront mot pour mot la description publiée dans le Journal de Perlet, d’après un procès-verbal de la Commune de Paris.

Mais, entre ces deux dates (1793-1798), il est reparlé du cachet par quelqu’un qui le signale comme aux mains de Louis XVIII avant 1796. Voici ce témoignage.

En 1794, un certain abbé Pierre d’Hesmivy d’Auribeau publia à Rome le premier volume d’un ouvrage très diffus, qui portait le titre de Mémoires pour servir à l’histoire de la persécution française, par un Français toujours fidèle aux lys de saint Louis et de Henri IV.

L’année suivante, il en donnait le second volume. Cet écrivain sollicitait l’appui pécuniaire des émigrés de tous les rangs. À la suite de cette publication, Madame Adélaïde l’appela auprès d’elle à Rome, sous prétexte de se perfectionner dans la langue latine. L’abbé d’Hesmivy d’Auribeau demeura près d’elle jusqu’à ce qu’elle quittât Rome en mai 1796 et recueillit ses confidences sur certains points.

En 1814 il paraissait un ouvrage dont voici le titre compliqué : Extraits des ouvrages de l’auteur des Mémoires pour servir à l’histoire de la persécution française par un Français toujours fidèle aux lys de saint Louis et de Henri IV, et page 104 du tome I, on lisait ce qui suit : « Nous avons contemplé avec le plus vif attendrissement la première empreinte du cachet du Roi-Martyr, qui rappelle tant de douloureux souvenirs, et dont Monseigneur le Régent, qui n’en avait d’abord été que le dépositaire pour le jeune Roi son neveu, après la mort de la Reine, devint le propriétaire légitime (I), en succédant à Louis XVII sur le trône de Charlemagne et de saint Louis.

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Si vous n’aimez que l’histoire académique, telle qu’elle s’écrivait au début de ce siècle, ne lisez pas ce livre : il n’est pas votre fait.

Si vous avez la manie de l’inédit, si vous estimez que l’historien ne doit prendre la plume que pour mettre au jour des documents nouveaux et inconnus, ne le lisez pas davantage.

Certains écrivains, parce que le hasard leur aurait livré la comptabilité de l’apothicaire du Temple, se targueraient d’avoir inauguré des vues nouvelles en histoire. M. Lanne n’ambitionne point leur rôle. Il sait mieux que personne combien on a abusé de ces prétendues exhumations d’inédits et combien de fois on a dupé les lecteurs en plaçant sous leurs yeux, sous prétexte de documentation inconnue, des fatras de papiers qui n’ajoutaient rien à ce que l’on avait su de tout temps.

M. Lanne apporte infiniment mieux que tout cela : un esprit d’analyste à la Taine lui permet de rénover des textes déjà connus par une dissection minutieuse, par la comparaison de détails en apparence infimes que tout le monde avait lus évidemment, mais que personne n’avait relevés et, de la sorte, il arrive à la solution de certains problèmes et à des conclusions que nul n’avait émises.

Au cours de travaux de longue haleine, dont l’ensemble nous sera sans doute prochainement livré, M. Lanne fut amené à étudier plus spécialement la physionomie complexe plus que sympathique de Louis XVIII.

Ses recherches au sujet de ce personnage se concentrèrent sur deux points spécialement : la légende de la remise du cachet de Louis XVI au comte de Provence et la genèse de ce singulier Récit d’une sœur qu’est la relation de Madame Royale.

Ainsi, deux fois, M. Lanne put prendre sur le fait de son fonctionnement ce qu’il appelle l’Officine royale de falsifications.

Le mot, dira-t-on, est gros. D’accord, mais la chose est bien plus grosse.

C’est une curieuse histoire que celle du cachet de Louis XVI. La version de Louis XVIII est, au premier abord, absolument invraisemblable pour quiconque sait quels sentiments Marie-Antoinette professait pour son beau-frère, mais le vrai est souvent invraisemblable et si l’on surmonte une fois la répugnance instinctive qu’elle éveille, il faut avouer que la trame a été soigneusement ourdie.

Des esprits très déliés, tel M. Paul Gaulot, y ont été pris. Le dossier de Jarjayes l’a tout à fait aveuglé. M. Lanne est, cependant, croyons-nous, judicieusement demeuré sceptique, car, comme il le dit, la preuve du mensonge calculé et concerté devient évidente à l’examen des textes. Cependant nous différons d’opinions sur quelques points, et, pour exposer ces divergences, bien que l’historien de l’Officine royale de falsifications ait fort bien raconté cette légende, il nous permettra d’ajouter quelques traits à son récit.

Cléry n’est pas, en effet, le seul contemporain qui ait parlé du cachet et de l’anneau de Louis XVI. Dès le lendemain même de l’exécution du roi, un écrivain royaliste s’exprimait ainsi :

« Louis avait disposé tout ce qu’il voulait qu’on rendît à sa famille : il lui adressait ces petits paquets de cheveux de son épouse, de ses enfants et de sa vertueuse sœur qu’il semblait conserver avec soin ; il renvoyait à son épouse un diamant sur lequel étaient leurs noms, un cachet d’argent[1]… »

Le diamant, que signale en 1793 Windtsor, n’est pas tout à fait l’alliance qu’indiquera Beauchesne ; de même, quand en 1798 les Mémoires de Cléry — ceux qu’il a désavoués[2] — paraîtront à Londres, ils parleront d’une bague et copieront mot pour mot la description publiée dans le Journal de Perlet, d’après un procès-verbal de la Commune de Paris.

Mais, entre ces deux dates (1793-1798), il est reparlé du cachet par quelqu’un qui le signale comme aux mains de Louis XVIII avant 1796. Voici ce témoignage.

En 1794, un certain abbé Pierre d’Hesmivy d’Auribeau publia à Rome le premier volume d’un ouvrage très diffus, qui portait le titre de Mémoires pour servir à l’histoire de la persécution française, par un Français toujours fidèle aux lys de saint Louis et de Henri IV.

L’année suivante, il en donnait le second volume. Cet écrivain sollicitait l’appui pécuniaire des émigrés de tous les rangs. À la suite de cette publication, Madame Adélaïde l’appela auprès d’elle à Rome, sous prétexte de se perfectionner dans la langue latine. L’abbé d’Hesmivy d’Auribeau demeura près d’elle jusqu’à ce qu’elle quittât Rome en mai 1796 et recueillit ses confidences sur certains points.

En 1814 il paraissait un ouvrage dont voici le titre compliqué : Extraits des ouvrages de l’auteur des Mémoires pour servir à l’histoire de la persécution française par un Français toujours fidèle aux lys de saint Louis et de Henri IV, et page 104 du tome I, on lisait ce qui suit : « Nous avons contemplé avec le plus vif attendrissement la première empreinte du cachet du Roi-Martyr, qui rappelle tant de douloureux souvenirs, et dont Monseigneur le Régent, qui n’en avait d’abord été que le dépositaire pour le jeune Roi son neveu, après la mort de la Reine, devint le propriétaire légitime (I), en succédant à Louis XVII sur le trône de Charlemagne et de saint Louis.

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