Rose et Blanche

Romance, Contemporary
Cover of the book Rose et Blanche by GEORGE SAND ET JULES SANDEAU, GILBERT TEROL
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Author: GEORGE SAND ET JULES SANDEAU ISBN: 1230001737653
Publisher: GILBERT TEROL Publication: June 27, 2017
Imprint: Language: French
Author: GEORGE SAND ET JULES SANDEAU
ISBN: 1230001737653
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: June 27, 2017
Imprint:
Language: French

Présentation de l'éditeur ;

Ce livre comporte une table des matières dynamique, à été relu et corrigé.

Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

Aujourd’hui, il m’estime, il m’honore, il me recherche, disait mademoiselle Coronari. Il se glorifie d’être mon soutien, mon ami. Devant toute une ville, devant toute une province, il m’offre sa voiture, son bras, ses services et ses hommages. Il m’aime peut-être ! oh ! s’il m’aimait d’amour, comme je l’aime depuis quatre ans, si un jour il était à mes pieds, s’il me disait : Rose, donne-moi du bonheur, donne-moi ton existence, ta gloire, tes triomphes, ta vie, avec quel bonheur je lui sacrifierais tout !

Horace s’abandonnait de son côté au charme entraînant de la société de Rose. Maintenant il n’était plus retenu par toutes ces considérations sociales qui l’avaient jadis empêché de la connaître et de l’apprécier. Jeune, riche et libre comme elle, il ne froissait personne, il n’exposait aucune réputation ; il ne contrariait aucun préjugé en consacrant tous ses instans à son aimable et généreuse amie. Mais Horace avait l’âme trop grande pour accepter un sacrifice qu’il n’eût pas récompensé d’un sacrifice semblable. Il ne voulait pas être l’amant de la femme qu’il aimait, non qu’il respectât beaucoup ces préjugés qui, dans la position indépendante de Rose, eussent eu moins de force encore que dans toute autre, mais parce que son cœur noble et large ne concevait pas l’amour autrement que comme un échange de dévoûment et de preuves. Si Rose se donnait à lui, lui aussi voulait se donner à elle, avec son nom, sa fortune et sa considération. Les inconvéniens du scandale disparaissaient avec elle : en thèse générale, c’était imprudence et folie que d’épouser une actrice. Rose était une exception. Mais un événement inattendu vint jeter, au milieu de cette vie d’enchantemens, les froides considérations de la vie réelle. Sa sœur, mademoiselle Cazalès, arriva un matin inopinément, et avec sa douceur et sa grâce accoutumée, le pria de l’accompagner dans ses nombreuses visites. Ce fut l’affaire de plusieurs jours, pendant lesquels Horace n’eut pas un moment à consacrer à ses connaissances de théâtre. Le contraste de la société de sa sœur avec celle qu’il avait depuis quelque temps adopté, se fit alors vivement sentir, et il semblait que le génie inventif de mademoiselle Cazalès sût amener et multiplier pour lui les occasions d’en souffrir. Les efforts qu’elle faisait pour le ramener à des goûts plus conformes aux siens devinrent bientôt une persécution occulte dirigée avec tant d’art et de finesse, que M. Cazalès ne pouvait s’en irriter. Quelque soin qu’il prît d’y échapper, une influence plus habile que la sienne, une volonté de femme, infatigable, perfide, insinuante, savait toujours ramener à son but les moindres circonstances de sa vie, et l’envelopper comme d’un réseau. Froissé, tourmenté par les mille contrariétés de chaque jour, Horace n’avait pourtant pas le droit de réclamer hautement sa liberté, car il avait accoutumé sa sœur à régner sur lui. Elle n’en avait jamais abusé, et maintenant, pour lui prouver qu’elle en abusait, il fallait se trahir, nommer Rose, avouer qu’il n’avait plus de bonheur qu’auprès d’elle, et que la vie de famille où il s’était montré jusque-là si religieusement aimable, si rigoureusement soumis, ne lui offrait plus qu’impatience et dégoût.

Horace ne manquait pas de caractère ; mais de quel droit blesser et affliger des parens si tendres, une sœur si affectueuse et si douce, des connaissances si respectables et si bienveillantes ! Tous ces gens-là étaient-ils coupables de l’aimer, de l’enlacer dans leurs caresses, de l’entourer d’attentions fatigantes, cruelles, mais chaudes et irrésistibles ? Tout était concerté avec un art incroyable, pour le rattacher à ces affections saintes qu’il avait tant négligées. Voulait-il accompagner Rose à la promenade, sa sœur lui demandait de la conduire dans sa voiture à une maison de campagne tout opposée où une vieille amie les attendait. Horace cédait avec la rage au cœur et le sourire sur les lèvres. Il arrivait préparé à un ennui mortel ; mais au lieu des reproches qu’il s’attendait à essuyer sur sa longue indifférence, il était reçu à bras ouverts, accablé de petits soins, de questions obligeantes et jamais indiscrètes. On faisait des frais pour lui plaire, on éloignait de la conversation tout ce qui pouvait le blesser, on s’emparait habilement de son amour-propre, on l’écoutait comme un oracle ; on le faisait valoir à ses propres yeux, et lorsqu’Horace quittait ces braves gens, il comprimait avec peine un sentiment de regret amer, en songeant que son hymen avec Rose lui aliénerait à jamais tant d’amitiés nées avec lui, et jusque-là fidèles et généreuses. Malgré lui, il frémissait de penser qu’il faudrait repeupler son existence, recommencer une carrière d’affections nouvelles, essayer des amis, lui qui en avait de si éprouvés et de si anciens : et où les prendrait-il, ces amis nouveaux, lorsqu’il serait l’époux de Rose ?

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Ce livre comporte une table des matières dynamique, à été relu et corrigé.

Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.

Extrait :

Aujourd’hui, il m’estime, il m’honore, il me recherche, disait mademoiselle Coronari. Il se glorifie d’être mon soutien, mon ami. Devant toute une ville, devant toute une province, il m’offre sa voiture, son bras, ses services et ses hommages. Il m’aime peut-être ! oh ! s’il m’aimait d’amour, comme je l’aime depuis quatre ans, si un jour il était à mes pieds, s’il me disait : Rose, donne-moi du bonheur, donne-moi ton existence, ta gloire, tes triomphes, ta vie, avec quel bonheur je lui sacrifierais tout !

Horace s’abandonnait de son côté au charme entraînant de la société de Rose. Maintenant il n’était plus retenu par toutes ces considérations sociales qui l’avaient jadis empêché de la connaître et de l’apprécier. Jeune, riche et libre comme elle, il ne froissait personne, il n’exposait aucune réputation ; il ne contrariait aucun préjugé en consacrant tous ses instans à son aimable et généreuse amie. Mais Horace avait l’âme trop grande pour accepter un sacrifice qu’il n’eût pas récompensé d’un sacrifice semblable. Il ne voulait pas être l’amant de la femme qu’il aimait, non qu’il respectât beaucoup ces préjugés qui, dans la position indépendante de Rose, eussent eu moins de force encore que dans toute autre, mais parce que son cœur noble et large ne concevait pas l’amour autrement que comme un échange de dévoûment et de preuves. Si Rose se donnait à lui, lui aussi voulait se donner à elle, avec son nom, sa fortune et sa considération. Les inconvéniens du scandale disparaissaient avec elle : en thèse générale, c’était imprudence et folie que d’épouser une actrice. Rose était une exception. Mais un événement inattendu vint jeter, au milieu de cette vie d’enchantemens, les froides considérations de la vie réelle. Sa sœur, mademoiselle Cazalès, arriva un matin inopinément, et avec sa douceur et sa grâce accoutumée, le pria de l’accompagner dans ses nombreuses visites. Ce fut l’affaire de plusieurs jours, pendant lesquels Horace n’eut pas un moment à consacrer à ses connaissances de théâtre. Le contraste de la société de sa sœur avec celle qu’il avait depuis quelque temps adopté, se fit alors vivement sentir, et il semblait que le génie inventif de mademoiselle Cazalès sût amener et multiplier pour lui les occasions d’en souffrir. Les efforts qu’elle faisait pour le ramener à des goûts plus conformes aux siens devinrent bientôt une persécution occulte dirigée avec tant d’art et de finesse, que M. Cazalès ne pouvait s’en irriter. Quelque soin qu’il prît d’y échapper, une influence plus habile que la sienne, une volonté de femme, infatigable, perfide, insinuante, savait toujours ramener à son but les moindres circonstances de sa vie, et l’envelopper comme d’un réseau. Froissé, tourmenté par les mille contrariétés de chaque jour, Horace n’avait pourtant pas le droit de réclamer hautement sa liberté, car il avait accoutumé sa sœur à régner sur lui. Elle n’en avait jamais abusé, et maintenant, pour lui prouver qu’elle en abusait, il fallait se trahir, nommer Rose, avouer qu’il n’avait plus de bonheur qu’auprès d’elle, et que la vie de famille où il s’était montré jusque-là si religieusement aimable, si rigoureusement soumis, ne lui offrait plus qu’impatience et dégoût.

Horace ne manquait pas de caractère ; mais de quel droit blesser et affliger des parens si tendres, une sœur si affectueuse et si douce, des connaissances si respectables et si bienveillantes ! Tous ces gens-là étaient-ils coupables de l’aimer, de l’enlacer dans leurs caresses, de l’entourer d’attentions fatigantes, cruelles, mais chaudes et irrésistibles ? Tout était concerté avec un art incroyable, pour le rattacher à ces affections saintes qu’il avait tant négligées. Voulait-il accompagner Rose à la promenade, sa sœur lui demandait de la conduire dans sa voiture à une maison de campagne tout opposée où une vieille amie les attendait. Horace cédait avec la rage au cœur et le sourire sur les lèvres. Il arrivait préparé à un ennui mortel ; mais au lieu des reproches qu’il s’attendait à essuyer sur sa longue indifférence, il était reçu à bras ouverts, accablé de petits soins, de questions obligeantes et jamais indiscrètes. On faisait des frais pour lui plaire, on éloignait de la conversation tout ce qui pouvait le blesser, on s’emparait habilement de son amour-propre, on l’écoutait comme un oracle ; on le faisait valoir à ses propres yeux, et lorsqu’Horace quittait ces braves gens, il comprimait avec peine un sentiment de regret amer, en songeant que son hymen avec Rose lui aliénerait à jamais tant d’amitiés nées avec lui, et jusque-là fidèles et généreuses. Malgré lui, il frémissait de penser qu’il faudrait repeupler son existence, recommencer une carrière d’affections nouvelles, essayer des amis, lui qui en avait de si éprouvés et de si anciens : et où les prendrait-il, ces amis nouveaux, lorsqu’il serait l’époux de Rose ?

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