Le Porte-Chaîne

Fiction & Literature, Action Suspense, Literary
Cover of the book Le Porte-Chaîne by JAMES FENIMORE COOPER, GILBERT TEROL
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Author: JAMES FENIMORE COOPER ISBN: 1230001379952
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 10, 2016
Imprint: Language: French
Author: JAMES FENIMORE COOPER
ISBN: 1230001379952
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 10, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

Je connaissais assez les aventures de la jeunesse de mon père, pour savoir que l’homme que je venais de rencontrer y avait joué un rôle remarquable, et qu’il avait eu toute sa confiance. Cependant j’ignorais que Susquesus et Sans-Traces fussent la même personne, bien que j’eusse quelque idée vague d’en avoir entendu déjà parler. En tout cas, j’étais à présent avec un ami, et je n’avais plus besoin de me tenir sur mes gardes. C’était un grand soulagement ; car il n’est pas très-agréable de voyager à côté d’un inconnu, avec cette idée, quelque faible qu’elle soit, qu’au premier détour de la route, il pourrait vous faire sauter la cervelle.

Susquesus touchait au déclin de la vie. Si c’eût été un blanc, on aurait pu dire qu’il avait une verte vieillesse ; pour lui, rouge, vieillesse eût été une expression plus convenable. Ses traits étaient encore remarquables, quoiqu’ils portassent l’empreinte de la vie errante et laborieuse qu’il avait menée. Il se tenait aussi droit que dans ses meilleurs jours ; la taille du sauvage se courbe rarement autrement que par l’excès de l’âge ou des liqueurs fortes. Susquesus n’avait jamais donné accès à l’ennemi dans sa bouche ; aussi la citadelle de sa constitution était-elle à l’abri de tous ravages, excepté ceux du temps. Souple et dégagé dans sa démarche, le vieux coureur semblait encore effleurer la terre ; et, lorsqu’il accélérait le pas, comme j’eus bientôt occasion de le remarquer, ses muscles semblaient doués encore de toute leur énergie, et chacun de ses mouvements était libre. 

Dans le premier moment, l’Indien et moi nous parlâmes de la dernière guerre, et des scènes dans lesquelles nous avions joué tous deux un rôle. Il s’exprima, sur ce qui le concernait, avec simplicité, et sans se laisser aller à ces fanfaronnades auxquelles l’homme à peau rouge n’est que trop enclin, surtout lorsqu’il veut provoquer ses ennemis. Enfin je détournai brusquement le sujet de la conversation en disant :

— Vous n’étiez pas seul dans le bois de pins, Susquesus ; ce bois d’où vous sortiez, au moment où vous m’avez rejoint ?

— Non, assurément, je n’étais pas seul. Il y a là beaucoup de monde.

— Est-ce qu’il y a un campement de votre tribu dans ce bois ?

La physionomie de mon compagnon se rembrunit, et je vis que la question qui lui était faite lui causait une impression pénible. Il ne répondit pas sur-le-champ, et, quand il le fit, ce fut avec un sentiment de tristesse.

— Susquesus n’a plus de tribu. Il y a trente étés qu’il a quitté les Onondagos ; il n’aime pas les Mohawks.

— Il me semble que mon père m’en a dit quelque chose ; et il ajoutait même que le motif qui vous avait fait vous séparer des vôtres était à votre honneur. — Mais on chantait dans le bois ?

— Oui, une jeune fille chantait. Les jeunes filles aiment à chanter ; les guerriers aiment à écouter.

— Et de quelle langue étaient donc les paroles qu’elle chantait ?

— La langue des Onondagos, répondit l’Indien à voix basse.

— Je n’aurais jamais cru que votre musique pût être aussi douce. Il y a longtemps que je n’ai entendu des accents qui allassent plus droit à mon cœur, bien que je ne comprisse pas les paroles.

— C’est un oiseau, un joli petit oiseau, qui chante comme un roitelet.

— Et avez-vous beaucoup de chanteuses de ce genre dans votre famille, Susquesus ? S’il en est ainsi, je viendrai souvent pour écouter. 

— Pourquoi ne pas venir ? le chemin est sans ronces ; il est court. La jeune fille chantera autant que vous voudrez.

— Eh bien ! vous recevrez très-certainement ma visite un de ces jours. Où êtes-vous fixé à présent ? Êtes-vous Susquesus ou Sans-Traces dans ce moment ? Je vois que vous êtes armé, mais vous n’êtes point peint en guerre.

— La hache est enterrée profondément, cette fois. Personne ne la déterrera d’ici à longtemps. Les Mohawks ont fait la paix ; les Oneidas ont fait la paix ; les Onondagos aussi ; tous ont enterré la hache.

— Tant mieux pour nous autres propriétaires. Je suis venu pour tâcher de vendre ou de louer mes terres. Peut-être sauriez-vous me dire s’il y a beaucoup de jeunes gens qui cherchent des fermes cet été ?

— Les bois en sont pleins. Ils sont nombreux comme les pigeons. Comment vendez-vous la terre ?

— Cela dépend de sa qualité. Est-ce que vous voudriez en acheter, Sans-Traces ?

— L’Indien à toute la terre à lui, quand il en a besoin. Il établit son wigwam où il lui plaît.

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Extrait :

Je connaissais assez les aventures de la jeunesse de mon père, pour savoir que l’homme que je venais de rencontrer y avait joué un rôle remarquable, et qu’il avait eu toute sa confiance. Cependant j’ignorais que Susquesus et Sans-Traces fussent la même personne, bien que j’eusse quelque idée vague d’en avoir entendu déjà parler. En tout cas, j’étais à présent avec un ami, et je n’avais plus besoin de me tenir sur mes gardes. C’était un grand soulagement ; car il n’est pas très-agréable de voyager à côté d’un inconnu, avec cette idée, quelque faible qu’elle soit, qu’au premier détour de la route, il pourrait vous faire sauter la cervelle.

Susquesus touchait au déclin de la vie. Si c’eût été un blanc, on aurait pu dire qu’il avait une verte vieillesse ; pour lui, rouge, vieillesse eût été une expression plus convenable. Ses traits étaient encore remarquables, quoiqu’ils portassent l’empreinte de la vie errante et laborieuse qu’il avait menée. Il se tenait aussi droit que dans ses meilleurs jours ; la taille du sauvage se courbe rarement autrement que par l’excès de l’âge ou des liqueurs fortes. Susquesus n’avait jamais donné accès à l’ennemi dans sa bouche ; aussi la citadelle de sa constitution était-elle à l’abri de tous ravages, excepté ceux du temps. Souple et dégagé dans sa démarche, le vieux coureur semblait encore effleurer la terre ; et, lorsqu’il accélérait le pas, comme j’eus bientôt occasion de le remarquer, ses muscles semblaient doués encore de toute leur énergie, et chacun de ses mouvements était libre. 

Dans le premier moment, l’Indien et moi nous parlâmes de la dernière guerre, et des scènes dans lesquelles nous avions joué tous deux un rôle. Il s’exprima, sur ce qui le concernait, avec simplicité, et sans se laisser aller à ces fanfaronnades auxquelles l’homme à peau rouge n’est que trop enclin, surtout lorsqu’il veut provoquer ses ennemis. Enfin je détournai brusquement le sujet de la conversation en disant :

— Vous n’étiez pas seul dans le bois de pins, Susquesus ; ce bois d’où vous sortiez, au moment où vous m’avez rejoint ?

— Non, assurément, je n’étais pas seul. Il y a là beaucoup de monde.

— Est-ce qu’il y a un campement de votre tribu dans ce bois ?

La physionomie de mon compagnon se rembrunit, et je vis que la question qui lui était faite lui causait une impression pénible. Il ne répondit pas sur-le-champ, et, quand il le fit, ce fut avec un sentiment de tristesse.

— Susquesus n’a plus de tribu. Il y a trente étés qu’il a quitté les Onondagos ; il n’aime pas les Mohawks.

— Il me semble que mon père m’en a dit quelque chose ; et il ajoutait même que le motif qui vous avait fait vous séparer des vôtres était à votre honneur. — Mais on chantait dans le bois ?

— Oui, une jeune fille chantait. Les jeunes filles aiment à chanter ; les guerriers aiment à écouter.

— Et de quelle langue étaient donc les paroles qu’elle chantait ?

— La langue des Onondagos, répondit l’Indien à voix basse.

— Je n’aurais jamais cru que votre musique pût être aussi douce. Il y a longtemps que je n’ai entendu des accents qui allassent plus droit à mon cœur, bien que je ne comprisse pas les paroles.

— C’est un oiseau, un joli petit oiseau, qui chante comme un roitelet.

— Et avez-vous beaucoup de chanteuses de ce genre dans votre famille, Susquesus ? S’il en est ainsi, je viendrai souvent pour écouter. 

— Pourquoi ne pas venir ? le chemin est sans ronces ; il est court. La jeune fille chantera autant que vous voudrez.

— Eh bien ! vous recevrez très-certainement ma visite un de ces jours. Où êtes-vous fixé à présent ? Êtes-vous Susquesus ou Sans-Traces dans ce moment ? Je vois que vous êtes armé, mais vous n’êtes point peint en guerre.

— La hache est enterrée profondément, cette fois. Personne ne la déterrera d’ici à longtemps. Les Mohawks ont fait la paix ; les Oneidas ont fait la paix ; les Onondagos aussi ; tous ont enterré la hache.

— Tant mieux pour nous autres propriétaires. Je suis venu pour tâcher de vendre ou de louer mes terres. Peut-être sauriez-vous me dire s’il y a beaucoup de jeunes gens qui cherchent des fermes cet été ?

— Les bois en sont pleins. Ils sont nombreux comme les pigeons. Comment vendez-vous la terre ?

— Cela dépend de sa qualité. Est-ce que vous voudriez en acheter, Sans-Traces ?

— L’Indien à toute la terre à lui, quand il en a besoin. Il établit son wigwam où il lui plaît.

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