Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain-Tome V et VI

Fiction & Literature, Historical
Cover of the book Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain-Tome V et VI by EDWARD  GIBBON, GILBERT TEROL
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Author: EDWARD GIBBON ISBN: 1230001498486
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 9, 2017
Imprint: Language: French
Author: EDWARD GIBBON
ISBN: 1230001498486
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 9, 2017
Imprint:
Language: French

Extrait :

LES dissensions et l’incapacité d’un gouvernement faible produisent souvent l’apparence et les effets d’une intelligence coupable avec l’ennemi public. Les ministres d’Honorius firent à peu près tout ce que le roi des Goths aurait pu leur dicter pour son propre avantage, s’il eût été admis dans leurs conseils ; peut-être même le généreux Alaric n’aurait-il conspiré qu’avec répugnance la perte du formidable adversaire dont les armes l’avaient chassé deux fois de la Grèce et de l’Italie ; mais les efforts de la haine active et intéressée des favoris de l’empereur avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilichon. La valeur de Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat, les pressantes sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de l’état tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentimens religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des païens ou aux erreurs de l’arianisme. Alaric aurait approuvé et conseillé peut-être des dispositions si favorables aux ennemis de l’empire, mais on peut douter que le prince barbare eût consenti, pour servir ses projets, à l’absurde et inhumaine mesure qui fut exécutée par l’ordre ou du moins avec la connivence des ministres impériaux. Les auxiliaires étrangers déploraient la mort de Stilichon leur protecteur ; mais de justes craintes pour la sûreté de leurs femmes et de leurs enfans, retenus comme otages dans les villes fortes de l’Italie, où ils avaient aussi déposé leurs effets précieux, contenaient leurs désirs de vengeance. À la même heure et comme au même signal, les villes d’Italie, souillées par une même scène d’horreur, virent un massacre et un pillage général anéantir à la fois les familles et les fortunes des Barbares. Furieux et désespérés d’un outrage capable de pousser à bout les esprits les plus doux et les plus serviles, ils jetèrent vers le camp d’Alaric un regard d’indignation et d’espoir, et jurèrent une guerre aussi juste qu’implacable à la nation perfide qui violait si bassement les lois de l’hospitalité. Par cette conduite inconcevable, les ministres d’Honorius perdirent non-seulement trente mille des plus braves soldats de leur armée, mais en firent leurs ennemis ; et le poids que devait mettre dans la balance ce corps formidable, capable à lui seul de déterminer l’événement de la guerre, passa du parti des Romains dans celui des Goths.

Alaric marche sur Rome. A. D. 408. Oct., etc.

Dans les négociations comme dans les opérations militaires, Alaric conservait sa supériorité sur des ennemis qui, n’ayant ni desseins ni plans fixes, variaient sans cesse dans leurs résolutions. De son camp placé sur les frontières de l’Italie, il observait attentivement les révolutions du palais, épiait les progrès de l’esprit de mécontentement et de faction, et déguisait avec soin les projets ennemis d’un conquérant et d’un barbare, sous l’apparence bien plus favorable d’ami et d’allié du grand Stilichon : il payait sans peine un tribut de louanges et de regrets aux vertus d’un héros dont il n’avait plus rien à redouter. L’invitation des mécontens qui le pressaient d’entrer en Italie, s’accordait parfaitement avec le désir de venger sa propre injure. Alaric pouvait se plaindre, avec une sorte de justice, de ce que les ministres d’Honorius éloignaient et éludaient même le payement de quatre mille livres d’or accordées par le sénat de Rome pour récompenser ses services ou apaiser son ressentiment. La noble fermeté de ses discours était accompagnée d’une apparence de modération qui contribua au succès de ses desseins. Il demandait qu’on satisfît de bonne foi à ce qu’il avait droit d’attendre ; mais il donnait les plus fortes assurances de sa promptitude à se retirer aussitôt qu’il l’aurait obtenu. Il refusait de s’en fier au serment des Romains, à moins qu’ils ne lui livrassent pour otage Ætius et Jason, les fils des deux premiers officiers de l’empire ; mais, il offrait de donner en échange plusieurs jeunes gens des plus distingués de sa nation. Les ministres de Ravenne regardèrent la modération d’Alaric comme une preuve évidente de sa faiblesse et de ses craintes ; ils peu daignèrent ni entrer en négociation, ni assembler une armée ; et leur confiance insensée, soutenue par l’ignorance du danger terrible qui les menaçait, négligea également le moment de faire la paix et celui de se préparer à la guerre. Tandis que dans un silence méprisant ils s’attendaient tous les jours à voir les Barbares évacuer l’Italie

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Extrait :

LES dissensions et l’incapacité d’un gouvernement faible produisent souvent l’apparence et les effets d’une intelligence coupable avec l’ennemi public. Les ministres d’Honorius firent à peu près tout ce que le roi des Goths aurait pu leur dicter pour son propre avantage, s’il eût été admis dans leurs conseils ; peut-être même le généreux Alaric n’aurait-il conspiré qu’avec répugnance la perte du formidable adversaire dont les armes l’avaient chassé deux fois de la Grèce et de l’Italie ; mais les efforts de la haine active et intéressée des favoris de l’empereur avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilichon. La valeur de Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat, les pressantes sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de l’état tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentimens religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des païens ou aux erreurs de l’arianisme. Alaric aurait approuvé et conseillé peut-être des dispositions si favorables aux ennemis de l’empire, mais on peut douter que le prince barbare eût consenti, pour servir ses projets, à l’absurde et inhumaine mesure qui fut exécutée par l’ordre ou du moins avec la connivence des ministres impériaux. Les auxiliaires étrangers déploraient la mort de Stilichon leur protecteur ; mais de justes craintes pour la sûreté de leurs femmes et de leurs enfans, retenus comme otages dans les villes fortes de l’Italie, où ils avaient aussi déposé leurs effets précieux, contenaient leurs désirs de vengeance. À la même heure et comme au même signal, les villes d’Italie, souillées par une même scène d’horreur, virent un massacre et un pillage général anéantir à la fois les familles et les fortunes des Barbares. Furieux et désespérés d’un outrage capable de pousser à bout les esprits les plus doux et les plus serviles, ils jetèrent vers le camp d’Alaric un regard d’indignation et d’espoir, et jurèrent une guerre aussi juste qu’implacable à la nation perfide qui violait si bassement les lois de l’hospitalité. Par cette conduite inconcevable, les ministres d’Honorius perdirent non-seulement trente mille des plus braves soldats de leur armée, mais en firent leurs ennemis ; et le poids que devait mettre dans la balance ce corps formidable, capable à lui seul de déterminer l’événement de la guerre, passa du parti des Romains dans celui des Goths.

Alaric marche sur Rome. A. D. 408. Oct., etc.

Dans les négociations comme dans les opérations militaires, Alaric conservait sa supériorité sur des ennemis qui, n’ayant ni desseins ni plans fixes, variaient sans cesse dans leurs résolutions. De son camp placé sur les frontières de l’Italie, il observait attentivement les révolutions du palais, épiait les progrès de l’esprit de mécontentement et de faction, et déguisait avec soin les projets ennemis d’un conquérant et d’un barbare, sous l’apparence bien plus favorable d’ami et d’allié du grand Stilichon : il payait sans peine un tribut de louanges et de regrets aux vertus d’un héros dont il n’avait plus rien à redouter. L’invitation des mécontens qui le pressaient d’entrer en Italie, s’accordait parfaitement avec le désir de venger sa propre injure. Alaric pouvait se plaindre, avec une sorte de justice, de ce que les ministres d’Honorius éloignaient et éludaient même le payement de quatre mille livres d’or accordées par le sénat de Rome pour récompenser ses services ou apaiser son ressentiment. La noble fermeté de ses discours était accompagnée d’une apparence de modération qui contribua au succès de ses desseins. Il demandait qu’on satisfît de bonne foi à ce qu’il avait droit d’attendre ; mais il donnait les plus fortes assurances de sa promptitude à se retirer aussitôt qu’il l’aurait obtenu. Il refusait de s’en fier au serment des Romains, à moins qu’ils ne lui livrassent pour otage Ætius et Jason, les fils des deux premiers officiers de l’empire ; mais, il offrait de donner en échange plusieurs jeunes gens des plus distingués de sa nation. Les ministres de Ravenne regardèrent la modération d’Alaric comme une preuve évidente de sa faiblesse et de ses craintes ; ils peu daignèrent ni entrer en négociation, ni assembler une armée ; et leur confiance insensée, soutenue par l’ignorance du danger terrible qui les menaçait, négligea également le moment de faire la paix et celui de se préparer à la guerre. Tandis que dans un silence méprisant ils s’attendaient tous les jours à voir les Barbares évacuer l’Italie

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