LE PARFUN DE LA DAME EN NOIR

Fiction & Literature, Action Suspense
Cover of the book LE PARFUN DE LA DAME EN NOIR by GASTON LEROUX, GILBERT TEROL, GILBERT TEROL
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Author: GASTON LEROUX, GILBERT TEROL ISBN: 1230000211633
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 21, 2014
Imprint: Language: French
Author: GASTON LEROUX, GILBERT TEROL
ISBN: 1230000211633
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 21, 2014
Imprint:
Language: French

E mariage de M. Robert Darzac et de Mlle Mathilde Stangerson eut lieu à Paris, à Saint-Nicolas du Chardonnet, le 6 avril 1895, dans la plus stricte intimité. Un peu plus de deux années s’étaient donc écoulées depuis les événements que j’ai rapportés dans un précédent ouvrage, événements si sensationnels qu’il n’est point téméraire d’affirmer ici qu’un aussi court laps de temps n’avait pu faire oublier le fameux Mystère de la Chambre Jaune… Celui-ci était encore si bien présent à tous les esprits que la petite église eût été sûrement envahie par une foule avide de contempler les héros d’un drame qui avait passionné le monde, si la cérémonie nuptiale n’avait été tenue tout à fait secrète, ce qui avait été assez facile dans cette paroisse éloignée du quartier des écoles. Seuls, quelques amis de M. Darzac et du professeur Stangerson, sur la discrétion desquels on pouvait compter, avaient été invités. J’étais du nombre  ; j’arrivai de bonne heure à l’église, et mon premier soin, naturellement, fut d’y chercher Joseph Rouletabille. J’avais été un peu déçu en ne l’apercevant pas, mais il ne faisait point de doute pour moi qu’il dût venir et, dans cette attente, je me rapprochai de Me Henri-Robert et de Me André Hesse qui, dans la paix et le recueillement de la petite chapelle Saint-Charles, évoquaient tout bas les plus curieux incidents du procès de Versailles, que l’imminente cérémonie leur remettait en mémoire. Je les écoutais distraitement en examinant les choses autour de moi.

Mon Dieu  ! que votre Saint-Nicolas du Chardonnet est une chose triste  ! Décrépite, lézardée, crevassée, sale, non point de cette saleté auguste des âges qui est la plus belle parure de la pierre, mais de cette malpropreté ordurière et poussiéreuse qui semble particulière à ces quartiers Saint-Victor et des Bernardins, au carrefour desquels elle se trouve si singulièrement enchâssée, cette église, si sombre au dehors, est lugubre dedans. Le ciel, qui paraît plus éloigné de ce saint lieu que de partout ailleurs, y déverse une lumière avare qui a toutes les peines du monde à venir trouver les fidèles à travers la crasse séculaire des vitraux. Avez-vous lu les Souvenirs d’enfance et de jeunesse, de Renan  ? Poussez alors la porte de Saint-Nicolas du Chardonnet et vous comprendrez comment l’auteur de la Vie de Jésus, qui était enfermé à côté, dans le petit séminaire adjacent de l’abbé Dupanloup et qui n’en sortait que pour venir prier ici, désira mourir. Et c’est dans cette obscurité funèbre, dans un cadre qui ne paraissait avoir été inventé que pour les deuils, pour tous les rites consacrés aux trépassés, qu’on allait célébrer le mariage de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson  ! J’en conçus une grande peine et, tristement impressionné, en tirai un fâcheux augure.

À côté de moi, Mes Henri-Robert et André Hesse bavardaient toujours, et le premier avouait au second qu’il n’avait été définitivement tranquillisé sur le sort de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson, même après l’heureuse issue du procès de Versailles, qu’en apprenant la mort officiellement constatée de leur impitoyable ennemi  : Frédéric Larsan. On se rappelle peut-être que c’est quelques mois après l’acquittement du professeur en Sorbonne que se produisit la terrible catastrophe de la Dordogne, paquebot transatlantique qui faisait le service du Havre à New-York. Par temps de brouillard, la nuit, sur les bancs de Terre-Neuve, la Dordogne avait été abordée par un trois-mâts dont l’avant était entré dans sa chambre des machines. Et, pendant que le navire abordeur s’en allait à la dérive, le paquebot avait coulé à pic, en dix minutes. C’est tout juste si une trentaine de passagers, dont les cabines se trouvaient sur le pont, eurent le temps de sauter dans les chaloupes. Ils furent recueillis le lendemain par un bateau de pêche qui rentra aussitôt à Saint-Jean. Les jours suivants, l’Océan rejeta des centaines de morts parmi lesquels on retrouva Larsan. Les documents que l’on découvrit, soigneusement cousus et dissimulés dans les vêtements d’un cadavre, attestèrent, cette fois, que Larsan avait vécu 

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E mariage de M. Robert Darzac et de Mlle Mathilde Stangerson eut lieu à Paris, à Saint-Nicolas du Chardonnet, le 6 avril 1895, dans la plus stricte intimité. Un peu plus de deux années s’étaient donc écoulées depuis les événements que j’ai rapportés dans un précédent ouvrage, événements si sensationnels qu’il n’est point téméraire d’affirmer ici qu’un aussi court laps de temps n’avait pu faire oublier le fameux Mystère de la Chambre Jaune… Celui-ci était encore si bien présent à tous les esprits que la petite église eût été sûrement envahie par une foule avide de contempler les héros d’un drame qui avait passionné le monde, si la cérémonie nuptiale n’avait été tenue tout à fait secrète, ce qui avait été assez facile dans cette paroisse éloignée du quartier des écoles. Seuls, quelques amis de M. Darzac et du professeur Stangerson, sur la discrétion desquels on pouvait compter, avaient été invités. J’étais du nombre  ; j’arrivai de bonne heure à l’église, et mon premier soin, naturellement, fut d’y chercher Joseph Rouletabille. J’avais été un peu déçu en ne l’apercevant pas, mais il ne faisait point de doute pour moi qu’il dût venir et, dans cette attente, je me rapprochai de Me Henri-Robert et de Me André Hesse qui, dans la paix et le recueillement de la petite chapelle Saint-Charles, évoquaient tout bas les plus curieux incidents du procès de Versailles, que l’imminente cérémonie leur remettait en mémoire. Je les écoutais distraitement en examinant les choses autour de moi.

Mon Dieu  ! que votre Saint-Nicolas du Chardonnet est une chose triste  ! Décrépite, lézardée, crevassée, sale, non point de cette saleté auguste des âges qui est la plus belle parure de la pierre, mais de cette malpropreté ordurière et poussiéreuse qui semble particulière à ces quartiers Saint-Victor et des Bernardins, au carrefour desquels elle se trouve si singulièrement enchâssée, cette église, si sombre au dehors, est lugubre dedans. Le ciel, qui paraît plus éloigné de ce saint lieu que de partout ailleurs, y déverse une lumière avare qui a toutes les peines du monde à venir trouver les fidèles à travers la crasse séculaire des vitraux. Avez-vous lu les Souvenirs d’enfance et de jeunesse, de Renan  ? Poussez alors la porte de Saint-Nicolas du Chardonnet et vous comprendrez comment l’auteur de la Vie de Jésus, qui était enfermé à côté, dans le petit séminaire adjacent de l’abbé Dupanloup et qui n’en sortait que pour venir prier ici, désira mourir. Et c’est dans cette obscurité funèbre, dans un cadre qui ne paraissait avoir été inventé que pour les deuils, pour tous les rites consacrés aux trépassés, qu’on allait célébrer le mariage de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson  ! J’en conçus une grande peine et, tristement impressionné, en tirai un fâcheux augure.

À côté de moi, Mes Henri-Robert et André Hesse bavardaient toujours, et le premier avouait au second qu’il n’avait été définitivement tranquillisé sur le sort de Robert Darzac et de Mathilde Stangerson, même après l’heureuse issue du procès de Versailles, qu’en apprenant la mort officiellement constatée de leur impitoyable ennemi  : Frédéric Larsan. On se rappelle peut-être que c’est quelques mois après l’acquittement du professeur en Sorbonne que se produisit la terrible catastrophe de la Dordogne, paquebot transatlantique qui faisait le service du Havre à New-York. Par temps de brouillard, la nuit, sur les bancs de Terre-Neuve, la Dordogne avait été abordée par un trois-mâts dont l’avant était entré dans sa chambre des machines. Et, pendant que le navire abordeur s’en allait à la dérive, le paquebot avait coulé à pic, en dix minutes. C’est tout juste si une trentaine de passagers, dont les cabines se trouvaient sur le pont, eurent le temps de sauter dans les chaloupes. Ils furent recueillis le lendemain par un bateau de pêche qui rentra aussitôt à Saint-Jean. Les jours suivants, l’Océan rejeta des centaines de morts parmi lesquels on retrouva Larsan. Les documents que l’on découvrit, soigneusement cousus et dissimulés dans les vêtements d’un cadavre, attestèrent, cette fois, que Larsan avait vécu 

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