Frankenstein

Fiction & Literature, Horror, Science Fiction & Fantasy
Cover of the book Frankenstein by Mary Shelley, GILBERT TEROL
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Author: Mary Shelley ISBN: 1230000213267
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 27, 2014
Imprint: Language: French
Author: Mary Shelley
ISBN: 1230000213267
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 27, 2014
Imprint:
Language: French

Le procès devait commencer à onze heures : nous restâmes jusqu’à ce moment dans la tristesse. J’accompagnai à la cour mon père et le reste de la famille, qui étaient obligés de paraître comme témoins. Pendant tout le temps de ce misérable simulacre de justice, je souffris le plus cruel tourment. On allait décider, si le résultat de ma curiosité et de mes inventions illégitimes, causerait la mort de deux de mes semblables : l’un était un enfant charmant rempli d’innocence et de gaîté ; l’autre était destiné à une fin bien plus terrible, à l’infamie et à l’horreur qui s’attachent à la mémoire du meurtrier. Justine était aussi une fille de mérite, et possédait des qualités qui promettaient de rendre sa vie heureuse. Ces dons, cet espoir, tout allait être enseveli dans une tombe ignominieuse, et c’est moi qui en étais la cause ! Mille fois plutôt je me serais avoué coupable du crime attribué à Justine ; mais, absent au moment où il fut commis, j’aurais été pris, en faisant une semblable déclaration, pour un insensé qui s’égare, et je n’aurais pas disculpé celle dont je faisais le malheur.

Justine avait l’air calme : elle était vêtue de deuil ; et sa figure, toujours prévenante, paraissait d’une rare beauté, à laquelle ajoutait la solemnité des sensations qui l’occupaient. Cependant, elle semblait se confier en son innocence, et ne pas trembler, quoiqu’elle fût observée et maudite par plus de mille personnes ; car l’impression qu’avait pu produire sa beauté, s’effaçait de l’esprit des spectateurs, lorsqu’on pensait à l’énormité du crime dont elle était accusée. Elle était tranquille ; mais sa tranquillité avait quelque chose de forcé ; elle était instruite que son trouble avait été pris pour une preuve de son crime, et elle appliquait son esprit à paraître ferme. En entrant dans la salle, elle laparcourut des yeux, et découvrit bientôt la place que nous occupions. Une larme sembla mouiller sa paupière lorsqu’elle nous aperçut ; mais elle se remit promptement : et un regard mêlé de tristesse et d’amitié, parut attester son entière innocence.

Le jugement commença ; un avocat établit les charges, et plusieurs témoins furent appelés. On réunit contre elle plusieurs faits étrangers, qui furent attestés par des personnes qui n’avaient pas, comme moi, des preuves de son innocence. Elle était restée dehors pendant toute la nuit où le meurtre avait été commis ; et, vers le matin, elle avait été vue par une femme du marché, près de l’ endroit où l’on avait trouvé ensuite le corps de l’enfant. Cette femme lui avait demandé ce qu’elle faisait là ; mais elle avait les yeux égarés, et ne fit qu’une réponse obscure et inintelligible. Elle était revenue à la maison vers huit heures ; et, pressée de répondre où elle avait passé la nuit, elle déclara qu’elle avait cherché l’enfant, en s’informant avec empressement si l’on avait découvert quelque chose. En présence du corps, elle éprouva de violentes attaques de nerfs, et garda le lit pendant plusieurs jours. On produisit alors le portrait que le domestique avait trouvé dans sa poche ; et, lorsqu’Élisabeth, d’une voix tremblante, attesta que c’était le même qu’elle avait placé autour du col de l’enfant, une heure avant qu’il ne partît pour la promenade, un murmure d’horreur et d’indignation se fit entendre dans la salle.

On invita Justine à se défendre. Son visage s’était altéré à mesure que le jugement s’avançait : il exprimait fortement la surprise, l’horreur et la douleur. De temps en temps elle fondait en larmes ; mais, invitée à se défendre, elle rassembla ses forces, et s’énonça d’une voix haute, quoique tremblante :

« Dieu connaît, dit-elle, toute mon innocence. Mais je ne prétends pas devoir mon acquittement à mes protestations. Je prouverai mon innocence par une exposition claire et simple des faits, qui ont été dirigés contre moi ; et j’espère que le caractère que j’ai toujours montré, disposera mes juges à interpréter favorablement tout ce qui peut sembler douteux, et donner lieu à des soupçons contre moi ».

Elle se mit à raconter, qu’avec la permission d’Élisabeth, elle avait passé la soirée de la nuit, où le crime avait été commis, chez une de ses tantes qui demeurait à Chênes, village situé à environ une lieue de Genève. À son retour, vers les neuf heures, elle rencontra un homme qui lui demanda, si elle avait vu quelque trace de l’enfant qui était perdu. Alarmée par ces paroles, elle passa plusieurs heures à le chercher, laissa pendant ce temps fermer les portes de la ville, et se vit contrainte de passer une partie de la nuit, dans une grange dépendante d’une chaumière, parce qu’elle ne voulait pas réveiller les habitans, dont elle était bien connue. Ne pouvant goûter de repos ni de sommeil, elle quitta de bonne heure son asile, pour tâcher encore de trouver mon frère. Si elle était allée vers l’endroit où était le corps, c’était à son insu. Il n’était pas surprenant qu’elle eût été toute troublée, en répondant aux questions qui lui étaient faites par la marchande, puisqu’elle avait passé une nuit sans dormir, et qu’elle ignorait encore le sort du pauvre Guillaume. Quant au portrait, elle ne pouvait donner aucune explication.

« Je sais, continua la malheureuse victime, combien cette seule circonstance me charge, mais je ne puis y jeter aucune lumière. J’ai déclaré ne rien savoir ; je n’ai plus qu’à faire des conjectures sur le fait, qu’il a été placé dans ma poche. Ici, j’éprouve un nouvel embarras. Je ne crois pas avoir d’ennemi sur la terre, et je suis convaincue que nul ne serait assez méchant pour me perdre en badinant. Le meurtrier l’y aurait-il placé lui-même ? je n’en vois pas le motif : et même, en supposant ce fait, pourquoi aurait’ il volé le bijou pour s’en défaire si promptement ?

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Le procès devait commencer à onze heures : nous restâmes jusqu’à ce moment dans la tristesse. J’accompagnai à la cour mon père et le reste de la famille, qui étaient obligés de paraître comme témoins. Pendant tout le temps de ce misérable simulacre de justice, je souffris le plus cruel tourment. On allait décider, si le résultat de ma curiosité et de mes inventions illégitimes, causerait la mort de deux de mes semblables : l’un était un enfant charmant rempli d’innocence et de gaîté ; l’autre était destiné à une fin bien plus terrible, à l’infamie et à l’horreur qui s’attachent à la mémoire du meurtrier. Justine était aussi une fille de mérite, et possédait des qualités qui promettaient de rendre sa vie heureuse. Ces dons, cet espoir, tout allait être enseveli dans une tombe ignominieuse, et c’est moi qui en étais la cause ! Mille fois plutôt je me serais avoué coupable du crime attribué à Justine ; mais, absent au moment où il fut commis, j’aurais été pris, en faisant une semblable déclaration, pour un insensé qui s’égare, et je n’aurais pas disculpé celle dont je faisais le malheur.

Justine avait l’air calme : elle était vêtue de deuil ; et sa figure, toujours prévenante, paraissait d’une rare beauté, à laquelle ajoutait la solemnité des sensations qui l’occupaient. Cependant, elle semblait se confier en son innocence, et ne pas trembler, quoiqu’elle fût observée et maudite par plus de mille personnes ; car l’impression qu’avait pu produire sa beauté, s’effaçait de l’esprit des spectateurs, lorsqu’on pensait à l’énormité du crime dont elle était accusée. Elle était tranquille ; mais sa tranquillité avait quelque chose de forcé ; elle était instruite que son trouble avait été pris pour une preuve de son crime, et elle appliquait son esprit à paraître ferme. En entrant dans la salle, elle laparcourut des yeux, et découvrit bientôt la place que nous occupions. Une larme sembla mouiller sa paupière lorsqu’elle nous aperçut ; mais elle se remit promptement : et un regard mêlé de tristesse et d’amitié, parut attester son entière innocence.

Le jugement commença ; un avocat établit les charges, et plusieurs témoins furent appelés. On réunit contre elle plusieurs faits étrangers, qui furent attestés par des personnes qui n’avaient pas, comme moi, des preuves de son innocence. Elle était restée dehors pendant toute la nuit où le meurtre avait été commis ; et, vers le matin, elle avait été vue par une femme du marché, près de l’ endroit où l’on avait trouvé ensuite le corps de l’enfant. Cette femme lui avait demandé ce qu’elle faisait là ; mais elle avait les yeux égarés, et ne fit qu’une réponse obscure et inintelligible. Elle était revenue à la maison vers huit heures ; et, pressée de répondre où elle avait passé la nuit, elle déclara qu’elle avait cherché l’enfant, en s’informant avec empressement si l’on avait découvert quelque chose. En présence du corps, elle éprouva de violentes attaques de nerfs, et garda le lit pendant plusieurs jours. On produisit alors le portrait que le domestique avait trouvé dans sa poche ; et, lorsqu’Élisabeth, d’une voix tremblante, attesta que c’était le même qu’elle avait placé autour du col de l’enfant, une heure avant qu’il ne partît pour la promenade, un murmure d’horreur et d’indignation se fit entendre dans la salle.

On invita Justine à se défendre. Son visage s’était altéré à mesure que le jugement s’avançait : il exprimait fortement la surprise, l’horreur et la douleur. De temps en temps elle fondait en larmes ; mais, invitée à se défendre, elle rassembla ses forces, et s’énonça d’une voix haute, quoique tremblante :

« Dieu connaît, dit-elle, toute mon innocence. Mais je ne prétends pas devoir mon acquittement à mes protestations. Je prouverai mon innocence par une exposition claire et simple des faits, qui ont été dirigés contre moi ; et j’espère que le caractère que j’ai toujours montré, disposera mes juges à interpréter favorablement tout ce qui peut sembler douteux, et donner lieu à des soupçons contre moi ».

Elle se mit à raconter, qu’avec la permission d’Élisabeth, elle avait passé la soirée de la nuit, où le crime avait été commis, chez une de ses tantes qui demeurait à Chênes, village situé à environ une lieue de Genève. À son retour, vers les neuf heures, elle rencontra un homme qui lui demanda, si elle avait vu quelque trace de l’enfant qui était perdu. Alarmée par ces paroles, elle passa plusieurs heures à le chercher, laissa pendant ce temps fermer les portes de la ville, et se vit contrainte de passer une partie de la nuit, dans une grange dépendante d’une chaumière, parce qu’elle ne voulait pas réveiller les habitans, dont elle était bien connue. Ne pouvant goûter de repos ni de sommeil, elle quitta de bonne heure son asile, pour tâcher encore de trouver mon frère. Si elle était allée vers l’endroit où était le corps, c’était à son insu. Il n’était pas surprenant qu’elle eût été toute troublée, en répondant aux questions qui lui étaient faites par la marchande, puisqu’elle avait passé une nuit sans dormir, et qu’elle ignorait encore le sort du pauvre Guillaume. Quant au portrait, elle ne pouvait donner aucune explication.

« Je sais, continua la malheureuse victime, combien cette seule circonstance me charge, mais je ne puis y jeter aucune lumière. J’ai déclaré ne rien savoir ; je n’ai plus qu’à faire des conjectures sur le fait, qu’il a été placé dans ma poche. Ici, j’éprouve un nouvel embarras. Je ne crois pas avoir d’ennemi sur la terre, et je suis convaincue que nul ne serait assez méchant pour me perdre en badinant. Le meurtrier l’y aurait-il placé lui-même ? je n’en vois pas le motif : et même, en supposant ce fait, pourquoi aurait’ il volé le bijou pour s’en défaire si promptement ?

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