Les Premiers Ages de notre planète

Nonfiction, Science & Nature
Cover of the book Les Premiers Ages de notre planète by ALFRED MAURY, GILBERT TEROL
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Author: ALFRED MAURY ISBN: 1230002689319
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 16, 2018
Imprint: Language: French
Author: ALFRED MAURY
ISBN: 1230002689319
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 16, 2018
Imprint:
Language: French

On a vu comment la science conçoit aujourd’hui la formation du noyau terrestre, comment se sont produites les matières minérales qui le composent, et l’on a été ainsi conduit jusqu’au moment de l’apparition des êtres organisés : il reste à étudier ceux-ci. La vie végétative et animale est si abondamment répandue sur notre globe, qu’elle y apparaît plutôt comme une condition même de son existence que comme un phénomène accessoire. Plus on a exploré les continents, scruté le sol, sondé les mers et analysé les eaux, plus on y a découvert de plantes et d’animaux. Notre planète n’a pas de vie propre, ainsi que le supposaient les anciens, mais elle est le théâtre permanent de phénomènes vitaux qui se reproduisent à tous les degrés et sur la plus vaste échelle.

Le microscope nous a révélé des multitudes infinies de végétaux et d’êtres organisés jusque dans les contrées et dans les conditions en apparence les moins favorables à un tel développement. Près des deux pôles, là où de grands organismes ne sauraient subsister, règne encore une vie invisible à l’œil nu, et qui se dérobe sous un épais manteau de frimas. Dans le résidu de la fonte des glaces qui flottent en blocs arrondis au voisinage du cercle arctique, on a découvert plus de cinquante espèces de polygastriques siliceux et des coscinadisques dont les ovaires attestent, par leur couleur verte, qu’ils ont vécu et lutté avec succès contre les rigueurs d’un climat glacé. Non-seulement l’océan se teint parfois de couleurs qu’il doit à d’innombrables coquillages ou à des amas prodigieux de plantes répandus dans ses flots, mais aux endroits même où il paraît le plus transparent, il est encore rempli d’animaux de toute sorte. Le capitaine Scoresby a calculé qu’il ne faudrait pas moins de quatre-vingt mille personnes, travaillant sans relâche durant six mille ans, pour compter les êtres vivants que renferment deux railles cubiques d’eau de mer. La sonde a rencontré jusqu’à 500 mètres de profondeur une multitude d’espèces animales, des dimensions les plus petites, il est vrai. Les eaux marécageuses aussi bien que l’océan même cachent un nombre infini de vers aux formes les plus bizarres, et dans l’intérieur de la terre, dans les cavernes naturelles qu’il faut ouvrir à l’aide de la poudre, comme sur les plus hautes cimes des Alpes et des Andes, dans les sources thermales comme dans les neiges, on trouve des végétaux cryptogames ou des infusoires. Il n’y a pas jusqu’aux corps des animaux qui ne soient habités par une faune particulière. Que de vers intestinaux, d’entozoaires et de parasites ! Chaque espèce a les siens, et ces animaux microscopiques ont des organes générateurs, ils ont une structure particulière. On les a crus longtemps le résultat d’une génération spontanée provoquée par la mauvaise nourriture, le défaut d’aération ou toute autre cause d’insalubrité. Une étude plus attentive a démontré que les entozoaires, comme les parasites, se reproduisent d’après les mêmes lois qui régissent tout le règne organique. Chaque animal est donc comme un monde à part qui a sa faune et sa flore. Il y a des animalcules dans le sang de la grenouille et dans celui du saumon. Un célèbre physiologiste, Nordmann, a découvert que les humeurs de l’œil des poissons sont fréquemment remplies d’une espèce de vers armés de suçoirs, et que dans les ouïes de l’able existe un animalcule double, muni de deux têtes et de deux queues. Ce qui s’offre à nous comme une maladie de certaines plantes, de certains animaux, n’est que l’apparition d’un végétal parasite. Par exemple, la maladie meurtrière qui attaque le ver à soie, et qu’on connaît sous le nom de muscardine, est due au développement d’un petit cryptogame, le botrytis poradoxa.

L’air lui-même, qui paraît moins habité, fourmille d’une quantité de germes, transportés par les vents et soutenus par la vapeur d’eau. Les graines d’une foule de plantes sont bordées de membranes garnies d’aigrettes ou de chevelures qui leur permettent de voltiger dans les airs pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’elles viennent s’abattre là où elles doivent germer. L’atmosphère contient en suspension des parcelles d’animaux et de plantes qui flottent en tous sens et les germes innombrables d’animalcules infusoires qui n’attendent qu’un milieu favorable pour se développer. On sait l’incroyable quantité de certains insectes qui apparaissent tout à coup en véritables nuées et obscurcissent souvent le ciel par leur prodigieuse accumulation. Tels sont les criquets voyageurs, qui, à certaines époques, se jettent par bandes épaisses sur les forêts de l’Amérique et en dévorent le feuillage. L’auteur d’intéressants souvenirs de voyage publiés par la Revue [1], M. Th. Lacordaire, raconte qu’il vit deux années consécutives, au printemps, la ville de Buenos-Ayres envahie par un coléoptère, l’harpalus cupripennis, arrivant par milliers à l’entrée de la nuit. Pendant une semaine que dura chaque fois cette invasion, il fallait tous les matins balayer les rues, où ces insectes s’étaient accumulés aune hauteur de plusieurs pieds au-dessus du sol.

Ce ne sont pas les petits animaux seulement qui encombrent l’air de leurs essaims. Les oiseaux sont en bien des endroits, surtout dans les forêts des contrées tropicales, singulièrement multipliés. Le plus grand ornithologiste de notre siècle, Audubon, observant un jour le passage des pigeons sur les bords de l’Ohio, compta en vingt et une minutes 163 colonnes de ces oiseaux voyageurs, et se livrant à une évaluation géométrique pour estimer le nombre des pigeons compris en moyenne dans chacune de ces bandes émigrantes, il arriva au chiffre incroyable de 2,115,150,000. Et voyez quel immense développement de la vie végétale exige cette population ailée ! Le même Audubon estime que la quantité de grains nécessaire pour subvenir chaque jour à une telle multitude n’est pas moindre de 8,712,000 boisseaux.

Les animaux et les végétaux ne sont pas seulement répandus sur la surface du globe et dans les couches contiguës de l’atmosphère :

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On a vu comment la science conçoit aujourd’hui la formation du noyau terrestre, comment se sont produites les matières minérales qui le composent, et l’on a été ainsi conduit jusqu’au moment de l’apparition des êtres organisés : il reste à étudier ceux-ci. La vie végétative et animale est si abondamment répandue sur notre globe, qu’elle y apparaît plutôt comme une condition même de son existence que comme un phénomène accessoire. Plus on a exploré les continents, scruté le sol, sondé les mers et analysé les eaux, plus on y a découvert de plantes et d’animaux. Notre planète n’a pas de vie propre, ainsi que le supposaient les anciens, mais elle est le théâtre permanent de phénomènes vitaux qui se reproduisent à tous les degrés et sur la plus vaste échelle.

Le microscope nous a révélé des multitudes infinies de végétaux et d’êtres organisés jusque dans les contrées et dans les conditions en apparence les moins favorables à un tel développement. Près des deux pôles, là où de grands organismes ne sauraient subsister, règne encore une vie invisible à l’œil nu, et qui se dérobe sous un épais manteau de frimas. Dans le résidu de la fonte des glaces qui flottent en blocs arrondis au voisinage du cercle arctique, on a découvert plus de cinquante espèces de polygastriques siliceux et des coscinadisques dont les ovaires attestent, par leur couleur verte, qu’ils ont vécu et lutté avec succès contre les rigueurs d’un climat glacé. Non-seulement l’océan se teint parfois de couleurs qu’il doit à d’innombrables coquillages ou à des amas prodigieux de plantes répandus dans ses flots, mais aux endroits même où il paraît le plus transparent, il est encore rempli d’animaux de toute sorte. Le capitaine Scoresby a calculé qu’il ne faudrait pas moins de quatre-vingt mille personnes, travaillant sans relâche durant six mille ans, pour compter les êtres vivants que renferment deux railles cubiques d’eau de mer. La sonde a rencontré jusqu’à 500 mètres de profondeur une multitude d’espèces animales, des dimensions les plus petites, il est vrai. Les eaux marécageuses aussi bien que l’océan même cachent un nombre infini de vers aux formes les plus bizarres, et dans l’intérieur de la terre, dans les cavernes naturelles qu’il faut ouvrir à l’aide de la poudre, comme sur les plus hautes cimes des Alpes et des Andes, dans les sources thermales comme dans les neiges, on trouve des végétaux cryptogames ou des infusoires. Il n’y a pas jusqu’aux corps des animaux qui ne soient habités par une faune particulière. Que de vers intestinaux, d’entozoaires et de parasites ! Chaque espèce a les siens, et ces animaux microscopiques ont des organes générateurs, ils ont une structure particulière. On les a crus longtemps le résultat d’une génération spontanée provoquée par la mauvaise nourriture, le défaut d’aération ou toute autre cause d’insalubrité. Une étude plus attentive a démontré que les entozoaires, comme les parasites, se reproduisent d’après les mêmes lois qui régissent tout le règne organique. Chaque animal est donc comme un monde à part qui a sa faune et sa flore. Il y a des animalcules dans le sang de la grenouille et dans celui du saumon. Un célèbre physiologiste, Nordmann, a découvert que les humeurs de l’œil des poissons sont fréquemment remplies d’une espèce de vers armés de suçoirs, et que dans les ouïes de l’able existe un animalcule double, muni de deux têtes et de deux queues. Ce qui s’offre à nous comme une maladie de certaines plantes, de certains animaux, n’est que l’apparition d’un végétal parasite. Par exemple, la maladie meurtrière qui attaque le ver à soie, et qu’on connaît sous le nom de muscardine, est due au développement d’un petit cryptogame, le botrytis poradoxa.

L’air lui-même, qui paraît moins habité, fourmille d’une quantité de germes, transportés par les vents et soutenus par la vapeur d’eau. Les graines d’une foule de plantes sont bordées de membranes garnies d’aigrettes ou de chevelures qui leur permettent de voltiger dans les airs pendant un certain temps, jusqu’à ce qu’elles viennent s’abattre là où elles doivent germer. L’atmosphère contient en suspension des parcelles d’animaux et de plantes qui flottent en tous sens et les germes innombrables d’animalcules infusoires qui n’attendent qu’un milieu favorable pour se développer. On sait l’incroyable quantité de certains insectes qui apparaissent tout à coup en véritables nuées et obscurcissent souvent le ciel par leur prodigieuse accumulation. Tels sont les criquets voyageurs, qui, à certaines époques, se jettent par bandes épaisses sur les forêts de l’Amérique et en dévorent le feuillage. L’auteur d’intéressants souvenirs de voyage publiés par la Revue [1], M. Th. Lacordaire, raconte qu’il vit deux années consécutives, au printemps, la ville de Buenos-Ayres envahie par un coléoptère, l’harpalus cupripennis, arrivant par milliers à l’entrée de la nuit. Pendant une semaine que dura chaque fois cette invasion, il fallait tous les matins balayer les rues, où ces insectes s’étaient accumulés aune hauteur de plusieurs pieds au-dessus du sol.

Ce ne sont pas les petits animaux seulement qui encombrent l’air de leurs essaims. Les oiseaux sont en bien des endroits, surtout dans les forêts des contrées tropicales, singulièrement multipliés. Le plus grand ornithologiste de notre siècle, Audubon, observant un jour le passage des pigeons sur les bords de l’Ohio, compta en vingt et une minutes 163 colonnes de ces oiseaux voyageurs, et se livrant à une évaluation géométrique pour estimer le nombre des pigeons compris en moyenne dans chacune de ces bandes émigrantes, il arriva au chiffre incroyable de 2,115,150,000. Et voyez quel immense développement de la vie végétale exige cette population ailée ! Le même Audubon estime que la quantité de grains nécessaire pour subvenir chaque jour à une telle multitude n’est pas moindre de 8,712,000 boisseaux.

Les animaux et les végétaux ne sont pas seulement répandus sur la surface du globe et dans les couches contiguës de l’atmosphère :

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