Author: | Prosper Mérimée | ISBN: | 1230000226819 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | March 20, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Prosper Mérimée |
ISBN: | 1230000226819 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | March 20, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Un jeune homme se promenait d’un air agile dans le vestibule d’un chemin de fer. Il avait des lunettes bleues, et, quoiqu’il ne fût pas enrhumé, il portait sans cesse son mouchoir à son nez. De la main gauche, il tenait un petit sac noir qui contenait, comme je l’ai appris plus tard, une robe de chambre de soie et un pantalon turc.
De temps en temps, il allait à la porte d’entrée, regardait dans la rue, puis il tirait sa montre et consultait le cadran de la gare. Le train ne partait que dans une heure ; mais il y a des gens qui craignent toujours d’être en retard. Ce train n’était pas de ceux que prennent les gens pressés : peu de voitures de première classe. L’heure n’était pas celle qui permet aux agents de change de partir après les affaires terminées, pour dîner dans leur maison de campagne. Lorsque les voyageurs commencèrent à se montrer, un Parisien eût reconnu à leur tournure des fermiers ou de petits marchands de la banlieue. Pourtant, toutes les fois qu’un homme entrait dans la gare, toutes les fois qu’une voiture s’arrêtait à la porte, le cœur du jeune homme aux lunettes bleues se gonflait comme un ballon, ses genoux tremblotaient, son sac était près d’échapper de ses mains et ses lunettes de tomber de son nez, où, pour le dire en passant, elles étaient placées tout de travers.
Ce fut bien pis quand, après une longue attente, parut, par une porte de côté, venant précisément du seul point qui ne fût pas l’objet d’une observation continuelle, une femme vêtue de noir, avec un voile épais sur le visage, et qui tenait à la main un sac de maroquin brun, contenant, comme je l’ai découvert dans la suite, une merveilleuse robe de chambre et des mules de satin bleu.
Un jeune homme se promenait d’un air agile dans le vestibule d’un chemin de fer. Il avait des lunettes bleues, et, quoiqu’il ne fût pas enrhumé, il portait sans cesse son mouchoir à son nez. De la main gauche, il tenait un petit sac noir qui contenait, comme je l’ai appris plus tard, une robe de chambre de soie et un pantalon turc.
De temps en temps, il allait à la porte d’entrée, regardait dans la rue, puis il tirait sa montre et consultait le cadran de la gare. Le train ne partait que dans une heure ; mais il y a des gens qui craignent toujours d’être en retard. Ce train n’était pas de ceux que prennent les gens pressés : peu de voitures de première classe. L’heure n’était pas celle qui permet aux agents de change de partir après les affaires terminées, pour dîner dans leur maison de campagne. Lorsque les voyageurs commencèrent à se montrer, un Parisien eût reconnu à leur tournure des fermiers ou de petits marchands de la banlieue. Pourtant, toutes les fois qu’un homme entrait dans la gare, toutes les fois qu’une voiture s’arrêtait à la porte, le cœur du jeune homme aux lunettes bleues se gonflait comme un ballon, ses genoux tremblotaient, son sac était près d’échapper de ses mains et ses lunettes de tomber de son nez, où, pour le dire en passant, elles étaient placées tout de travers.
Ce fut bien pis quand, après une longue attente, parut, par une porte de côté, venant précisément du seul point qui ne fût pas l’objet d’une observation continuelle, une femme vêtue de noir, avec un voile épais sur le visage, et qui tenait à la main un sac de maroquin brun, contenant, comme je l’ai découvert dans la suite, une merveilleuse robe de chambre et des mules de satin bleu.