Relation d'un voyage chez les Sauvages de Paris

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Relation d'un voyage chez les Sauvages de Paris by GEORGE SAND, GILBERT TEROL
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Author: GEORGE SAND ISBN: 1230000212461
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 24, 2014
Imprint: Language: French
Author: GEORGE SAND
ISBN: 1230000212461
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 24, 2014
Imprint:
Language: French

Jusqu’ici, mon vieux ami, tu m’as humilié de la supériorité comme voyageur, et tandis que je n’avais à te parler que de Venise ou de Paluia, toi, Malgache intrépide, tu me promenais, dans tes récits merveilleux, de l’Atlas au cap de Bonne-Espérance, et de Sainte-Hélène à l’île Maurice. Il était temps de me lancer à mon tour dans les grandes expéditions. Ce désir m’avait tourmenté durant toute ma jeunesse, et, sur le déclin de mes jours, je sentais bien qu’il fallait renoncer à mes rêves, ou changer enfin en exploits sérieux de longues et stériles velléités.

C’est pourquoi, pas plus loin qu’hier matin, je me décidai au départ, et, de retour le soir même, après la plus heureuse traversée, je me promis de t’adresser le récit de mes aventures.

Ne voulant pas faire les choses à demi, je me dirigeai d’un seul bond vers les antiques solitudes du Nouveau Monde, et après avoir consacré la matinée à faire une pacotille de drap écarlate, de plumes d’autruche peintes des couleurs les plus tranchantes, et de verroteries bariolées, je rassemblai ma famille et partis avec elle vers midi, par un temps favorable. J’oubliai, il est vrai, de faire mon testament et d’adresser de solennels adieux à mes amis. Le navire mettait à la voile… je veux dire que le sapin attendait dans la rue, et, grâce au pilote expérimenté qui tenait le gouvernail de ce véhicule, nous arrivâmes sans encombre rue du Faubourg-Saint-Honoré, où nous devions prendre terre chez les Peaux Rouges de l’Amérique du Nord.

En d’autres termes, nous fûmes admis par M. Catlin à visiter l’intérieur de la salle Valentino, au sein de laquelle devait s’effectuer notre voyage, à travers quarante-huit tribus indiennes, sur un territoire de douze ou quinze cents milles d’étendue.

M. Catlin est un voyageur modèle, digne de rivaliser avec toi, cher Malgache, pour le courage, la persévérance, la sobriété, et l’amour de la science. Mais, tandis que tu t’es appliqué spécialement à l’étude des plantes et de leurs hôtes charmants, les papillons et les scarabées, il a tourné ses observations, lui, sur un sujet qui intéresse plus directement les peintres et les romanciers, l’étude de la forme humaine et celle du paysage.

Convaincu avec trop de raison de la rapide et prochaine extinction des races indigènes de l’Amérique du Nord, et reconnaissant pour l’avenir l’importance d’une histoire pittoresque de ces peuples, M. Catlin est parti seul, sans amis et sans conseils, armé de ses pinceaux et de sa palette, pour fixer sur la toile et sauver de l’oubli les traits, les mœurs et les costumes de ces peuplades dites sauvages, et qu’il faudrait plutôt désigner par le nom d’hommes primitifs. Il a consacré huit années à cette exploration, et visité, au péril de sa vie, les divers établissements d’une population d’environ cinq cent mille âmes, aujourd’hui déjà réduite de plus de la moitié, par l’envahissement du territoire, l’eau-de-vie, la poudre à canon, la petite vérole et autres bienfaits de la civilisation.

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Jusqu’ici, mon vieux ami, tu m’as humilié de la supériorité comme voyageur, et tandis que je n’avais à te parler que de Venise ou de Paluia, toi, Malgache intrépide, tu me promenais, dans tes récits merveilleux, de l’Atlas au cap de Bonne-Espérance, et de Sainte-Hélène à l’île Maurice. Il était temps de me lancer à mon tour dans les grandes expéditions. Ce désir m’avait tourmenté durant toute ma jeunesse, et, sur le déclin de mes jours, je sentais bien qu’il fallait renoncer à mes rêves, ou changer enfin en exploits sérieux de longues et stériles velléités.

C’est pourquoi, pas plus loin qu’hier matin, je me décidai au départ, et, de retour le soir même, après la plus heureuse traversée, je me promis de t’adresser le récit de mes aventures.

Ne voulant pas faire les choses à demi, je me dirigeai d’un seul bond vers les antiques solitudes du Nouveau Monde, et après avoir consacré la matinée à faire une pacotille de drap écarlate, de plumes d’autruche peintes des couleurs les plus tranchantes, et de verroteries bariolées, je rassemblai ma famille et partis avec elle vers midi, par un temps favorable. J’oubliai, il est vrai, de faire mon testament et d’adresser de solennels adieux à mes amis. Le navire mettait à la voile… je veux dire que le sapin attendait dans la rue, et, grâce au pilote expérimenté qui tenait le gouvernail de ce véhicule, nous arrivâmes sans encombre rue du Faubourg-Saint-Honoré, où nous devions prendre terre chez les Peaux Rouges de l’Amérique du Nord.

En d’autres termes, nous fûmes admis par M. Catlin à visiter l’intérieur de la salle Valentino, au sein de laquelle devait s’effectuer notre voyage, à travers quarante-huit tribus indiennes, sur un territoire de douze ou quinze cents milles d’étendue.

M. Catlin est un voyageur modèle, digne de rivaliser avec toi, cher Malgache, pour le courage, la persévérance, la sobriété, et l’amour de la science. Mais, tandis que tu t’es appliqué spécialement à l’étude des plantes et de leurs hôtes charmants, les papillons et les scarabées, il a tourné ses observations, lui, sur un sujet qui intéresse plus directement les peintres et les romanciers, l’étude de la forme humaine et celle du paysage.

Convaincu avec trop de raison de la rapide et prochaine extinction des races indigènes de l’Amérique du Nord, et reconnaissant pour l’avenir l’importance d’une histoire pittoresque de ces peuples, M. Catlin est parti seul, sans amis et sans conseils, armé de ses pinceaux et de sa palette, pour fixer sur la toile et sauver de l’oubli les traits, les mœurs et les costumes de ces peuplades dites sauvages, et qu’il faudrait plutôt désigner par le nom d’hommes primitifs. Il a consacré huit années à cette exploration, et visité, au péril de sa vie, les divers établissements d’une population d’environ cinq cent mille âmes, aujourd’hui déjà réduite de plus de la moitié, par l’envahissement du territoire, l’eau-de-vie, la poudre à canon, la petite vérole et autres bienfaits de la civilisation.

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