Author: | Thomas Hobbes | ISBN: | 1230000213234 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | January 27, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Thomas Hobbes |
ISBN: | 1230000213234 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | January 27, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Nature de l’homme composée des facultés du corps et de celles de l’esprit
Pour se faire une idée claire des éléments du droit naturel et de la politique, il est important de connaître la nature de l’homme, de savoir ce que c’est qu’un corps politique et ce que nous entendons par loi. Depuis l’Antiquité jusqu’à nous, les écrits multipliés qui ont paru sur ces objets n’ont fait qu’accroître les doutes et les disputes : mais la véritable science ne devant produire ni doutes ni disputes, il est évident que ceux qui jusqu’ici ont traité ces matières ne les ont point entendues.
Mes opinions ne peuvent causer aucun mal, quand même je m’égarerais autant que ceux qui m’ont précédé dans la même carrière. Le pis-aller serait de laisser les hommes au point où ils en sont, je veux dire dans le doute et la dispute. Cependant, comme je ne prétends rien avancer sans examen, et comme je ne veux que présenter aux hommes des vérités déjà connues ou qu’ils sont à portée de découvrir par leur propre expérience, j’ose me flatter de m’égarer beaucoup moins ; et s’il m’arrive de tomber dans quelque erreur, ce ne sera qu’en tirant des conséquences trop précipitées, écueil que je tâcherai d’éviter autant qu’il dépendra de moi.
D’un autre côté, si, comme il peut aisément arriver aux autres, des raisonnements justes ne sont pas capables d’arracher l’assentiment de ceux qui, satisfaits de leur propre savoir, ne pèsent point ce qu’on leur dit, ce sera leur faute et non la mienne ; car si c’est à moi d’exposer mes raisons, c’est à eux d’y donner leur attention.
La nature de l’homme est la somme de ses facultés naturelles, telles que la nutrition, le mouvement, la génération, la sensibilité, la raison, etc. Nous nous accordons tous à nommer ces facultés naturelles ; elles sont renfermées dans la notion de l’homme que l’on définit un animal raisonnable.
D’après les deux parties dont l’homme est composé, je distingue en lui deux espèces de facultés, celles du corps et celles de l’esprit.
Comme il n’est point nécessaire pour mon objet actuel d’entrer dans un détail anatomique et minutieux des facultés du corps, je me contenterai de les réduire à trois, la faculté nutritive, la faculté motrice ou de se mouvoir, et la faculté générative ou de se propager.
Quant aux facultés de l’esprit, il y en a deux espèces : connaître et imaginer, ou concevoir et se mouvoir. Commençons par la faculté de connaître. Pour comprendre ce que j’entends par la faculté de connaître, il faut se rappeler qu’il y a continuellement dans notre esprit des images ou des concepts des choses qui sont hors de nous, en sorte que si un homme vivait et que tout le reste du monde fût anéanti, il ne laisserait pas de conserver l’image des choses qu’il aurait précédemment aperçues ; en effet chacun sait par sa propre expérience que l’absence ou la destruction des choses une fois imaginées ne produit point l’absence ou la destruction de l’imagination elle-même. L’image ou représentation des qualités des êtres qui sont hors de nous est ce qu’on nomme le concept, l’imagination, l’idée, la notion, la connaissance de ces êtres : la faculté ou le pouvoir par lequel nous sommes capables d’une telle connaissance est ce que j’appelle ici pouvoir cognitif ou conceptif, ou pouvoir de connaître ou de concevoir.
Nature de l’homme composée des facultés du corps et de celles de l’esprit
Pour se faire une idée claire des éléments du droit naturel et de la politique, il est important de connaître la nature de l’homme, de savoir ce que c’est qu’un corps politique et ce que nous entendons par loi. Depuis l’Antiquité jusqu’à nous, les écrits multipliés qui ont paru sur ces objets n’ont fait qu’accroître les doutes et les disputes : mais la véritable science ne devant produire ni doutes ni disputes, il est évident que ceux qui jusqu’ici ont traité ces matières ne les ont point entendues.
Mes opinions ne peuvent causer aucun mal, quand même je m’égarerais autant que ceux qui m’ont précédé dans la même carrière. Le pis-aller serait de laisser les hommes au point où ils en sont, je veux dire dans le doute et la dispute. Cependant, comme je ne prétends rien avancer sans examen, et comme je ne veux que présenter aux hommes des vérités déjà connues ou qu’ils sont à portée de découvrir par leur propre expérience, j’ose me flatter de m’égarer beaucoup moins ; et s’il m’arrive de tomber dans quelque erreur, ce ne sera qu’en tirant des conséquences trop précipitées, écueil que je tâcherai d’éviter autant qu’il dépendra de moi.
D’un autre côté, si, comme il peut aisément arriver aux autres, des raisonnements justes ne sont pas capables d’arracher l’assentiment de ceux qui, satisfaits de leur propre savoir, ne pèsent point ce qu’on leur dit, ce sera leur faute et non la mienne ; car si c’est à moi d’exposer mes raisons, c’est à eux d’y donner leur attention.
La nature de l’homme est la somme de ses facultés naturelles, telles que la nutrition, le mouvement, la génération, la sensibilité, la raison, etc. Nous nous accordons tous à nommer ces facultés naturelles ; elles sont renfermées dans la notion de l’homme que l’on définit un animal raisonnable.
D’après les deux parties dont l’homme est composé, je distingue en lui deux espèces de facultés, celles du corps et celles de l’esprit.
Comme il n’est point nécessaire pour mon objet actuel d’entrer dans un détail anatomique et minutieux des facultés du corps, je me contenterai de les réduire à trois, la faculté nutritive, la faculté motrice ou de se mouvoir, et la faculté générative ou de se propager.
Quant aux facultés de l’esprit, il y en a deux espèces : connaître et imaginer, ou concevoir et se mouvoir. Commençons par la faculté de connaître. Pour comprendre ce que j’entends par la faculté de connaître, il faut se rappeler qu’il y a continuellement dans notre esprit des images ou des concepts des choses qui sont hors de nous, en sorte que si un homme vivait et que tout le reste du monde fût anéanti, il ne laisserait pas de conserver l’image des choses qu’il aurait précédemment aperçues ; en effet chacun sait par sa propre expérience que l’absence ou la destruction des choses une fois imaginées ne produit point l’absence ou la destruction de l’imagination elle-même. L’image ou représentation des qualités des êtres qui sont hors de nous est ce qu’on nomme le concept, l’imagination, l’idée, la notion, la connaissance de ces êtres : la faculté ou le pouvoir par lequel nous sommes capables d’une telle connaissance est ce que j’appelle ici pouvoir cognitif ou conceptif, ou pouvoir de connaître ou de concevoir.