Le Bravo Annoté

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Le Bravo Annoté by JAMES FENIMORE COOPER, GILBERT TEROL
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Author: JAMES FENIMORE COOPER ISBN: 1230000212933
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 26, 2014
Imprint: Language: French
Author: JAMES FENIMORE COOPER
ISBN: 1230000212933
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 26, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait :

Le soleil avait disparu derrière les sommets des Alpes tyroliennes, et la lune était déjà levée au-dessus de la barrière du Lido ; les piétons sortaient par centaines des rues étroites de Venise, et se dirigeaient vers la place Saint-Marc, comme l’eau s’élance à travers un aqueduc étroit dans un bassin large et bouillonnant ; de galants cavaliers, de braves citadins, des soldats dalmates et les matelots des galères, des dames de la ville et des femmes de mœurs légères, des joailliers du Rialto et des marchands du Levant ; juifs, Turcs et chrétiens, voyageurs, aventuriers, podestats, valets, avocats et gondoliers, se rendaient tous au centre commun du plaisir. L’air effaré et l’œil indifférent des uns, les pas mesurés et les regards jaloux des autres, les rires des plaisants, les chansons de la cantatrice, la mélodie du joueur de flûte, la grimace du bouffon, le front soucieux et tragique de l’improvisateur, la pyramide du grotesque, le sourire contraint et mélancolique du harpiste, les cris des vendeurs d’eau, les capuchons des moines, les panaches des guerriers, le bourdonnement des voix, et le bruit et le mouvement universel, joints aux objets plus fixes de la place, rendaient cette scène la plus remarquable du monde chrétien.

Située sur les confins de cette ligne qui sépare l’Europe occidentale de l’Europe orientale, et en communication constante avec la dernière, Venise possédait une plus grande variété de caractères et de costumes qu’aucun autre des nombreux ports de cette région. Cette particularité peut encore être observée en partie de nos jours, malgré la fortune déchue de cette cité ; mais à l’époque de notre histoire, la reine des îles, quoiqu’elle eût cessé dès lors d’être maîtresse de la Méditerranée et même de l’Adriatique, était encore riche et puissante. Son influence se faisait sentir dans les cabinets du monde civilisé, et son commerce, quoique à son déclin, était encore suffisant pour soutenir les vastes possessions de ces familles dont les ancêtres étaient devenus riches aux jours de sa prospérité. Ses habitants vivaient parmi les lagunes dans cet état de léthargie qui marque les progrès d’une décadence quelconque, soit morale, soit physique.

À l’heure que nous avons indiquée, le vaste parallélogramme de la Piazza se remplissait rapidement ; les cafés et les casini, établis dans l’intérieur des portiques qui entourent trois des côtés de la place, étaient déjà encombrés par la foule. Tandis que sous leurs arches tout était resplendissant de la lueur des torches et des lampes, le noble rang d’édifices appelé les Procuratori les bâtiments massifs du palais ducal, la plus ancienne église chrétienne, les colonnes de granit de la Piazzetta, les mâts triomphaux de la grande place, et la tour si haute du campanile, semblaient dormir, enveloppés par la lune dans le réseau d’une lumière plus douce.

En face de la grande place s’élevait l’élégante et vénérable cathédrale de Saint-Marc, temple de trophées proclamant également la valeur et la piété de ses fondateurs. Cet édifice remarquable dominait les autres ornements de ce lieu comme un monument de la grandeur et de l’antiquité de la république. Son architecture sarrasine, les rangées de petites colonnes précieuses, mais inutiles, qui surchargent sa façade, les dômes asiatiques et bas qui se reposent sur ses murailles depuis mille ans ; ses grossières et fastueuses mosaïques, et par-dessus tous les chevaux conquis à Corinthe, qui s’élancent de cette sombre masse, beaux de toute la gloire de l’art grec, recevaient de cette lumière solennelle un caractère de mélancolie et de mystère en harmonie avec les souvenirs qui se pressent en foule dans l’âme quand l’œil s’arrête sur cette précieuse relique des temps passés.

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Extrait :

Le soleil avait disparu derrière les sommets des Alpes tyroliennes, et la lune était déjà levée au-dessus de la barrière du Lido ; les piétons sortaient par centaines des rues étroites de Venise, et se dirigeaient vers la place Saint-Marc, comme l’eau s’élance à travers un aqueduc étroit dans un bassin large et bouillonnant ; de galants cavaliers, de braves citadins, des soldats dalmates et les matelots des galères, des dames de la ville et des femmes de mœurs légères, des joailliers du Rialto et des marchands du Levant ; juifs, Turcs et chrétiens, voyageurs, aventuriers, podestats, valets, avocats et gondoliers, se rendaient tous au centre commun du plaisir. L’air effaré et l’œil indifférent des uns, les pas mesurés et les regards jaloux des autres, les rires des plaisants, les chansons de la cantatrice, la mélodie du joueur de flûte, la grimace du bouffon, le front soucieux et tragique de l’improvisateur, la pyramide du grotesque, le sourire contraint et mélancolique du harpiste, les cris des vendeurs d’eau, les capuchons des moines, les panaches des guerriers, le bourdonnement des voix, et le bruit et le mouvement universel, joints aux objets plus fixes de la place, rendaient cette scène la plus remarquable du monde chrétien.

Située sur les confins de cette ligne qui sépare l’Europe occidentale de l’Europe orientale, et en communication constante avec la dernière, Venise possédait une plus grande variété de caractères et de costumes qu’aucun autre des nombreux ports de cette région. Cette particularité peut encore être observée en partie de nos jours, malgré la fortune déchue de cette cité ; mais à l’époque de notre histoire, la reine des îles, quoiqu’elle eût cessé dès lors d’être maîtresse de la Méditerranée et même de l’Adriatique, était encore riche et puissante. Son influence se faisait sentir dans les cabinets du monde civilisé, et son commerce, quoique à son déclin, était encore suffisant pour soutenir les vastes possessions de ces familles dont les ancêtres étaient devenus riches aux jours de sa prospérité. Ses habitants vivaient parmi les lagunes dans cet état de léthargie qui marque les progrès d’une décadence quelconque, soit morale, soit physique.

À l’heure que nous avons indiquée, le vaste parallélogramme de la Piazza se remplissait rapidement ; les cafés et les casini, établis dans l’intérieur des portiques qui entourent trois des côtés de la place, étaient déjà encombrés par la foule. Tandis que sous leurs arches tout était resplendissant de la lueur des torches et des lampes, le noble rang d’édifices appelé les Procuratori les bâtiments massifs du palais ducal, la plus ancienne église chrétienne, les colonnes de granit de la Piazzetta, les mâts triomphaux de la grande place, et la tour si haute du campanile, semblaient dormir, enveloppés par la lune dans le réseau d’une lumière plus douce.

En face de la grande place s’élevait l’élégante et vénérable cathédrale de Saint-Marc, temple de trophées proclamant également la valeur et la piété de ses fondateurs. Cet édifice remarquable dominait les autres ornements de ce lieu comme un monument de la grandeur et de l’antiquité de la république. Son architecture sarrasine, les rangées de petites colonnes précieuses, mais inutiles, qui surchargent sa façade, les dômes asiatiques et bas qui se reposent sur ses murailles depuis mille ans ; ses grossières et fastueuses mosaïques, et par-dessus tous les chevaux conquis à Corinthe, qui s’élancent de cette sombre masse, beaux de toute la gloire de l’art grec, recevaient de cette lumière solennelle un caractère de mélancolie et de mystère en harmonie avec les souvenirs qui se pressent en foule dans l’âme quand l’œil s’arrête sur cette précieuse relique des temps passés.

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