Author: | CATULLE MENDES | ISBN: | 1230000545198 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | July 11, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | CATULLE MENDES |
ISBN: | 1230000545198 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | July 11, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Et tiens ! à propos de ses oreilles, il faut que je te dise comment il les avait perdues ; car enfin, il n’était pas né comme cela.
C’était une fois au coin d’un bois. Guignonet avait déjà huit ans. Il rencontre un gros chien tout noir, assis sur son derrière, et qui fumait sa pipe tranquillement.
— Qui fumait sa pipe ?
— Oui ; dans la contrée où habitait Guignonet, on rencontre assez souvent des chiens qui fument leur pipe en se promenant dans les rues ou sur le chemin ; dans notre pays ils sont beaucoup plus rares. Enfin, le chien que Guignonet rencontra, fumait sa pipe tranquillement, ou plutôt non, il ne la fumait pas. Mais ce n’était pas sa faute : elle venait de s’éteindre. Guignonet s’approcha et dit au chien noir : « Monsieur le chien, si vous voulez, j’irai jusqu’au village vous chercher des allumettes ? » C’était aimable, cela, c’était poli. Bon ! le chien se dressa sur ses pattes de derrière, aboya d’un air furieux, se jeta sur Guignonet, et, de deux coups de mâchoires, lui enleva les deux oreilles. Après quoi, il prit sa course à travers les fougères et disparut tout à fait.
— Avec les oreilles de Guignonet ?
— Avec les oreilles.
— Dis, grand-père, dans l’histoire, est-ce qu’on les lui rendra, plus tard ?
— Ça, je ne peux pas te le dire encore. Qui entendra, saura. Tu comprends que toutes ces mésaventures avaient rendu Guignonet un peu timide ; mais, n’importe, le désir de se dévouer était plus fort que la crainte d’être maltraité, et une nuit, quand tout le monde fut endormi dans la chaumière, il se leva à petit bruit, sortit, ses chaussures à la main, et, sans avoir peur, bien qu’il fît très sombre sur les routes, il s’en alla du côté de la montagne.
Or, cette montagne était toute noire, comme celle qui est là devant nous ; il n’y avait pas de chemin pour la monter et d’ailleurs Guignonet ne savait pas dans quel endroit se trouvait la grotte ; de sorte qu’il était très embarrassé et qu’il fut sur le point de revenir à la maison. Mais il arriva qu’un gros corbeau vint voler sur la tête du petit garçon ; en volant, il croassait, d’une manière qui n’avait rien de terrible ni d’effrayant :
Et tiens ! à propos de ses oreilles, il faut que je te dise comment il les avait perdues ; car enfin, il n’était pas né comme cela.
C’était une fois au coin d’un bois. Guignonet avait déjà huit ans. Il rencontre un gros chien tout noir, assis sur son derrière, et qui fumait sa pipe tranquillement.
— Qui fumait sa pipe ?
— Oui ; dans la contrée où habitait Guignonet, on rencontre assez souvent des chiens qui fument leur pipe en se promenant dans les rues ou sur le chemin ; dans notre pays ils sont beaucoup plus rares. Enfin, le chien que Guignonet rencontra, fumait sa pipe tranquillement, ou plutôt non, il ne la fumait pas. Mais ce n’était pas sa faute : elle venait de s’éteindre. Guignonet s’approcha et dit au chien noir : « Monsieur le chien, si vous voulez, j’irai jusqu’au village vous chercher des allumettes ? » C’était aimable, cela, c’était poli. Bon ! le chien se dressa sur ses pattes de derrière, aboya d’un air furieux, se jeta sur Guignonet, et, de deux coups de mâchoires, lui enleva les deux oreilles. Après quoi, il prit sa course à travers les fougères et disparut tout à fait.
— Avec les oreilles de Guignonet ?
— Avec les oreilles.
— Dis, grand-père, dans l’histoire, est-ce qu’on les lui rendra, plus tard ?
— Ça, je ne peux pas te le dire encore. Qui entendra, saura. Tu comprends que toutes ces mésaventures avaient rendu Guignonet un peu timide ; mais, n’importe, le désir de se dévouer était plus fort que la crainte d’être maltraité, et une nuit, quand tout le monde fut endormi dans la chaumière, il se leva à petit bruit, sortit, ses chaussures à la main, et, sans avoir peur, bien qu’il fît très sombre sur les routes, il s’en alla du côté de la montagne.
Or, cette montagne était toute noire, comme celle qui est là devant nous ; il n’y avait pas de chemin pour la monter et d’ailleurs Guignonet ne savait pas dans quel endroit se trouvait la grotte ; de sorte qu’il était très embarrassé et qu’il fut sur le point de revenir à la maison. Mais il arriva qu’un gros corbeau vint voler sur la tête du petit garçon ; en volant, il croassait, d’une manière qui n’avait rien de terrible ni d’effrayant :