Le Canapé couleur de feu, Histoire galante

Romance, Erotica, Contemporary
Cover of the book Le Canapé couleur de feu, Histoire galante by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON, GILBERT TEROL
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON ISBN: 1230001232325
Publisher: GILBERT TEROL Publication: July 17, 2016
Imprint: Language: French
Author: LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
ISBN: 1230001232325
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: July 17, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

Nous passâmes les deux tiers de la nuit plongés dans ce que l’amour a de plus délicieux et de plus exquis. Cependant, la fatigue nous arrachant à des plaisirs dont il nous était impossible de nous rassasier, le sommeil s’empara de nos sens ; et ayant oublié qu’il y avait chasse le lendemain, nous dormîmes si bien que Crapaudine nous surprit, Printanière et moi, sous la même couverture. Mon infortunée maîtresse fut sur-le-champ disgraciée et transportée dans les airs, je ne sais où. Pour moi, la princesse m’enferma elle-même dans une chambre voisine de son appartement. J’y avais déjà passé les deux plus cruelles heures de ma vie, en déplorant plus la perte de l’objet de mon ardeur que celle de ma liberté, lorsque Crapaudine entra, dans une espèce de déshabillé, à dessein sans doute de me séduire.

— Eh bien, monsieur le tireur de merles, dit-elle en m’abordant et fermant scrupuleusement les verrous, vous venez donc débaucher nos filles ? Savez-vous qu’aucun mortel jusqu’en ce jour n’eut l’audace de s’introduire dans ce palais impunément, et que je devrais punir votre témérité ? — Ma foi, répondis-je, madame, c’est votre faute ; que ne me laissiez-vous prendre mes merles en repos ? — Eh ! qui vous en a empêché ? reprit-elle, en se donnant des grâces. — Vraiment, répliquai-je, nous savons le dessein que vous aviez sur notre personne, et ce n’a été que pour l’éluder que je me suis laissé enlever. — Ah ! petit traître, s’écria-t-elle, imitant le fausset, voilà donc de vos tours ! Quoi ! vous savez que je vous aime, et, au mépris de ma tendresse, de mon rang et de mes charmes… — À l’égard de vos charmes, interrompis-je, je n’en avais qu’une légère idée au portrait que Printanière m’en a fait ; mais à présent que je les vois en original, je leur rends toute la justice qui leur est due. — Oh ! vous convenez donc de la différence qu’il y a de moi à cette petite étourdie, dont vous étiez coiffé ? — Assurément, répondis-je, vous ne vous ressemblez en aucune façon. — Ça, continua-t-elle, en se haussant sur la pointe des pieds pour me caresser le menton, ce n’est point assez que vous reconnaissiez ce que je vaux, il faut m’en donner des preuves. — Eh ! quelles preuves, madame, exigez-vous de moi ? — Mais… dit-elle, en s’inclinant dans une bergère et me tirant entre ses bras, il est des choses que ma modestie ne permet pas d’expliquer ; c’est à vous de les deviner. Puis, la passion la suffoquant, elle balbutia mainte autre belle phrase que je n’entendis pas. Cependant je ne sais comment cela se fit : je me trouvai la culotte presque sur les talons, dans un état passablement honnête et, par un charme inconcevable, je me mettais en devoir de la besogner, lorsqu’un lacet de nonpareille, qui contenait sa gorge, venant à rompre, me fit tomber deux tétons énormes au-dessous de la ceinture. Cet accident me tira de l’enchantement où le diable m’avait jeté ; et, à l’aspect d’une jouissance si monstrueuse, je ne me retrouvai plus.

Crapaudine, néanmoins, ayant peine à quitter prise, me serrait toujours étroitement et se trémoussait sous moi de son mieux. Mais ses efforts n’aboutissant à rien, l’amour fit tout à coup place à la rage ; et l’inhumaine, me détachant sur la poitrine un des meilleurs coups de poing qui se soient jamais donnés, je me fis, en tombant à dix pas de là, une bosse à la tête et une contusion au derrière, dont je me ressens encore aujourd’hui, faute d’avoir été pansé dans le temps. Enfin, Crapaudine, me lançant de ses petits yeux chassieux des regards à faire dresser les cheveux de frayeur, me prononça cet arrêt :

— Pour expier l’injure que tu m’as faite, dit-elle, on prendra désormais sur toi les plaisirs que tu n’as pu me procurer. Tu serviras indistinctement à tout le monde, maître et valet ; chacun te fera gémir sous les secousses qu’il te donnera, et tu ne recouvreras ta première forme que lorsque entre tes bras on aura commis une faute égale à la tienne.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Extrait :

Nous passâmes les deux tiers de la nuit plongés dans ce que l’amour a de plus délicieux et de plus exquis. Cependant, la fatigue nous arrachant à des plaisirs dont il nous était impossible de nous rassasier, le sommeil s’empara de nos sens ; et ayant oublié qu’il y avait chasse le lendemain, nous dormîmes si bien que Crapaudine nous surprit, Printanière et moi, sous la même couverture. Mon infortunée maîtresse fut sur-le-champ disgraciée et transportée dans les airs, je ne sais où. Pour moi, la princesse m’enferma elle-même dans une chambre voisine de son appartement. J’y avais déjà passé les deux plus cruelles heures de ma vie, en déplorant plus la perte de l’objet de mon ardeur que celle de ma liberté, lorsque Crapaudine entra, dans une espèce de déshabillé, à dessein sans doute de me séduire.

— Eh bien, monsieur le tireur de merles, dit-elle en m’abordant et fermant scrupuleusement les verrous, vous venez donc débaucher nos filles ? Savez-vous qu’aucun mortel jusqu’en ce jour n’eut l’audace de s’introduire dans ce palais impunément, et que je devrais punir votre témérité ? — Ma foi, répondis-je, madame, c’est votre faute ; que ne me laissiez-vous prendre mes merles en repos ? — Eh ! qui vous en a empêché ? reprit-elle, en se donnant des grâces. — Vraiment, répliquai-je, nous savons le dessein que vous aviez sur notre personne, et ce n’a été que pour l’éluder que je me suis laissé enlever. — Ah ! petit traître, s’écria-t-elle, imitant le fausset, voilà donc de vos tours ! Quoi ! vous savez que je vous aime, et, au mépris de ma tendresse, de mon rang et de mes charmes… — À l’égard de vos charmes, interrompis-je, je n’en avais qu’une légère idée au portrait que Printanière m’en a fait ; mais à présent que je les vois en original, je leur rends toute la justice qui leur est due. — Oh ! vous convenez donc de la différence qu’il y a de moi à cette petite étourdie, dont vous étiez coiffé ? — Assurément, répondis-je, vous ne vous ressemblez en aucune façon. — Ça, continua-t-elle, en se haussant sur la pointe des pieds pour me caresser le menton, ce n’est point assez que vous reconnaissiez ce que je vaux, il faut m’en donner des preuves. — Eh ! quelles preuves, madame, exigez-vous de moi ? — Mais… dit-elle, en s’inclinant dans une bergère et me tirant entre ses bras, il est des choses que ma modestie ne permet pas d’expliquer ; c’est à vous de les deviner. Puis, la passion la suffoquant, elle balbutia mainte autre belle phrase que je n’entendis pas. Cependant je ne sais comment cela se fit : je me trouvai la culotte presque sur les talons, dans un état passablement honnête et, par un charme inconcevable, je me mettais en devoir de la besogner, lorsqu’un lacet de nonpareille, qui contenait sa gorge, venant à rompre, me fit tomber deux tétons énormes au-dessous de la ceinture. Cet accident me tira de l’enchantement où le diable m’avait jeté ; et, à l’aspect d’une jouissance si monstrueuse, je ne me retrouvai plus.

Crapaudine, néanmoins, ayant peine à quitter prise, me serrait toujours étroitement et se trémoussait sous moi de son mieux. Mais ses efforts n’aboutissant à rien, l’amour fit tout à coup place à la rage ; et l’inhumaine, me détachant sur la poitrine un des meilleurs coups de poing qui se soient jamais donnés, je me fis, en tombant à dix pas de là, une bosse à la tête et une contusion au derrière, dont je me ressens encore aujourd’hui, faute d’avoir été pansé dans le temps. Enfin, Crapaudine, me lançant de ses petits yeux chassieux des regards à faire dresser les cheveux de frayeur, me prononça cet arrêt :

— Pour expier l’injure que tu m’as faite, dit-elle, on prendra désormais sur toi les plaisirs que tu n’as pu me procurer. Tu serviras indistinctement à tout le monde, maître et valet ; chacun te fera gémir sous les secousses qu’il te donnera, et tu ne recouvreras ta première forme que lorsque entre tes bras on aura commis une faute égale à la tienne.

More books from GILBERT TEROL

Cover of the book Journal d’une enfant vicieuse by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Gargantua by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book SOUVENIRS DE SHERLOCK HOLMES by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Le Vieillard des tombeaux by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book La Philosophie dans le boudoir by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Sur Hoffmann et les compositions fantastiques by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Le Sopha by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850 Tome II by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Fantômes Bretons by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Le Capitaine Fracasse by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Le nommé Jeudi, un cauchemar by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book La Carrière amoureuse by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book DIX FABLES QUE TOUT LES ENFANTS DEVRAIENT LIRE AVANT DE DORMIR by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Les Trente-Neuf Marches by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
Cover of the book Mes Souvenirs sur Napoléon by LOUIS CHARLES FOUGERET DE MONTBRON
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy