La Tulipe noire

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book La Tulipe noire by ALEXANDRE DUMAS, GILBERT TEROL
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Author: ALEXANDRE DUMAS ISBN: 1230001232448
Publisher: GILBERT TEROL Publication: July 17, 2016
Imprint: Language: French
Author: ALEXANDRE DUMAS
ISBN: 1230001232448
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: July 17, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

Le 20 août 1672, la ville de la Haye, si vivante, si blanche, si coquette que l’on dirait que tous les jours sont des dimanches, la ville de la Haye, avec son parc ombreux, avec ses grands arbres inclinés sur ses maisons gothiques, avec les larges miroirs de ses canaux dans lesquels se reflètent ses clochers aux coupoles presque orientales ; — la ville de la Haye, la capitale des sept provinces unies, gonflait toutes ses artères d’un flot noir et rouge de citoyens pressés, haletants, inquiets, — lesquels couraient, le couteau à la ceinture, le mousquet sur l’épaule ou le bâton à la main, vers le Buytenhof, formidable prison dont on montre encore aujourd’hui les fenêtres grillées et où, depuis l’accusation d’assassinat portée contre lui par le chirurgien Tychelaer, languissait Corneille de Witt, frère de l’ex-grand pensionnaire de Hollande.

Si l’histoire de ce temps et surtout de cette année au milieu de laquelle nous commençons notre récit, n’était liée d’une façon indissoluble aux deux noms que nous venons de citer, les quelques lignes d’explication que nous allons donner pourraient paraître un hors-d’œuvre ; mais nous prévenons tout d’abord le lecteur, ce vieil ami, à qui nous promettons toujours du plaisir à notre première page, et auquel nous tenons parole tant bien que mal dans les pages suivantes ; mais nous prévenons, disons-nous, notre lecteur que cette explication est aussi indispensable à la clarté de notre histoire qu’à l’intelligence du grand événement politique dans lequel cette histoire s’encadre.

Corneille ou Cornélius de Witt, Ruart de Pulten, c’est-à-dire inspecteur des digues de ce pays, ex-bourgmestre de Dordrecht, sa ville natale, et député aux états de Hollande, avait quarante-neuf ans, lorsque le peuple hollandais, fatigué de la république, telle que l’entendait Jean de Witt, grand pensionnaire de Hollande, s’éprit d’un amour violent pour le stathoudérat, que l’édit perpétuel imposé par Jean de Witt aux Provinces-Unies avait à tout jamais aboli en Hollande.

Comme il est rare que, dans ses évolutions capricieuses, l’esprit public ne voie pas un homme derrière un principe, derrière la république le peuple voyait les deux figures sévères des frères de Witt, ces Romains de la Hollande, dédaigneux de flatter le goût national, et amis inflexibles d’une liberté sans licence et d’une prospérité sans superflu, de même que derrière le stathoudérat il voyait le front incliné, grave et réfléchi du jeune Guillaume d’Orange, que ses contemporains baptisèrent du nom de Taciturne, adopté par la postérité.

Les deux de Witt ménageaient Louis XIV, dont ils sentaient grandir l’ascendant moral sur toute l’Europe, et dont ils venaient de sentir l’ascendant matériel sur la Hollande par le succès de cette campagne merveilleuse du Rhin, illustrée par ce héros de roman qu’on appelait le comte de Guiche, et chantée par Boileau, campagne qui en trois mois venait d’abattre la puissance des Provinces-Unies.

Louis XIV était depuis longtemps l’ennemi des Hollandais, qui l’insultaient ou le raillaient de leur mieux, presque toujours, il est vrai, par la bouche des Français réfugiés en Hollande. L’orgueil national en faisait le Mithridate de la république. Il y avait donc contre les de Witt la double animation qui résulte d’une vigoureuse résistance suivie par un pouvoir luttant contre le goût de la nation et de la fatigue naturelle à tous les peuples vaincus quand ils espèrent qu’un autre chef pourra les sauver de la ruine et de la honte.

Cet autre chef, tout prêt à paraître, tout prêt à se mesurer contre Louis XIV, si gigantesque que parût devoir être sa fortune future, c’était Guillaume, prince d’Orange, fils de Guillaume II, et petit-fils, par Henriette Stuart, du roi Charles Ier d’Angleterre, ce taciturne enfant, dont nous avons déjà dit que l’on voyait apparaître l’ombre derrière le stathoudérat.

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Extrait :

Le 20 août 1672, la ville de la Haye, si vivante, si blanche, si coquette que l’on dirait que tous les jours sont des dimanches, la ville de la Haye, avec son parc ombreux, avec ses grands arbres inclinés sur ses maisons gothiques, avec les larges miroirs de ses canaux dans lesquels se reflètent ses clochers aux coupoles presque orientales ; — la ville de la Haye, la capitale des sept provinces unies, gonflait toutes ses artères d’un flot noir et rouge de citoyens pressés, haletants, inquiets, — lesquels couraient, le couteau à la ceinture, le mousquet sur l’épaule ou le bâton à la main, vers le Buytenhof, formidable prison dont on montre encore aujourd’hui les fenêtres grillées et où, depuis l’accusation d’assassinat portée contre lui par le chirurgien Tychelaer, languissait Corneille de Witt, frère de l’ex-grand pensionnaire de Hollande.

Si l’histoire de ce temps et surtout de cette année au milieu de laquelle nous commençons notre récit, n’était liée d’une façon indissoluble aux deux noms que nous venons de citer, les quelques lignes d’explication que nous allons donner pourraient paraître un hors-d’œuvre ; mais nous prévenons tout d’abord le lecteur, ce vieil ami, à qui nous promettons toujours du plaisir à notre première page, et auquel nous tenons parole tant bien que mal dans les pages suivantes ; mais nous prévenons, disons-nous, notre lecteur que cette explication est aussi indispensable à la clarté de notre histoire qu’à l’intelligence du grand événement politique dans lequel cette histoire s’encadre.

Corneille ou Cornélius de Witt, Ruart de Pulten, c’est-à-dire inspecteur des digues de ce pays, ex-bourgmestre de Dordrecht, sa ville natale, et député aux états de Hollande, avait quarante-neuf ans, lorsque le peuple hollandais, fatigué de la république, telle que l’entendait Jean de Witt, grand pensionnaire de Hollande, s’éprit d’un amour violent pour le stathoudérat, que l’édit perpétuel imposé par Jean de Witt aux Provinces-Unies avait à tout jamais aboli en Hollande.

Comme il est rare que, dans ses évolutions capricieuses, l’esprit public ne voie pas un homme derrière un principe, derrière la république le peuple voyait les deux figures sévères des frères de Witt, ces Romains de la Hollande, dédaigneux de flatter le goût national, et amis inflexibles d’une liberté sans licence et d’une prospérité sans superflu, de même que derrière le stathoudérat il voyait le front incliné, grave et réfléchi du jeune Guillaume d’Orange, que ses contemporains baptisèrent du nom de Taciturne, adopté par la postérité.

Les deux de Witt ménageaient Louis XIV, dont ils sentaient grandir l’ascendant moral sur toute l’Europe, et dont ils venaient de sentir l’ascendant matériel sur la Hollande par le succès de cette campagne merveilleuse du Rhin, illustrée par ce héros de roman qu’on appelait le comte de Guiche, et chantée par Boileau, campagne qui en trois mois venait d’abattre la puissance des Provinces-Unies.

Louis XIV était depuis longtemps l’ennemi des Hollandais, qui l’insultaient ou le raillaient de leur mieux, presque toujours, il est vrai, par la bouche des Français réfugiés en Hollande. L’orgueil national en faisait le Mithridate de la république. Il y avait donc contre les de Witt la double animation qui résulte d’une vigoureuse résistance suivie par un pouvoir luttant contre le goût de la nation et de la fatigue naturelle à tous les peuples vaincus quand ils espèrent qu’un autre chef pourra les sauver de la ruine et de la honte.

Cet autre chef, tout prêt à paraître, tout prêt à se mesurer contre Louis XIV, si gigantesque que parût devoir être sa fortune future, c’était Guillaume, prince d’Orange, fils de Guillaume II, et petit-fils, par Henriette Stuart, du roi Charles Ier d’Angleterre, ce taciturne enfant, dont nous avons déjà dit que l’on voyait apparaître l’ombre derrière le stathoudérat.

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