Le Pardessus d’Arsène Lupin

Mystery & Suspense
Cover of the book Le Pardessus d’Arsène Lupin by MAURICE LEBLANC, GILBERT TEROL
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Author: MAURICE LEBLANC ISBN: 1230001225921
Publisher: GILBERT TEROL Publication: July 13, 2016
Imprint: Language: French
Author: MAURICE LEBLANC
ISBN: 1230001225921
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: July 13, 2016
Imprint:
Language: French

Extrait :

Le timbre de la cour, au bas du vaste hôtel que la baronne Assermann occupait dans le faubourg Saint-Germain, retentit. La femme de chambre arriva presque aussitôt, apportant une enveloppe.

« Il y a là un monsieur que Madame a convoqué pour quatre heures. »

Mme Assermann décacheta l’enveloppe et lut ces mots imprimés sur une carte :

Agence Barnett et Cie. Renseignements gratuits.

« Conduisez ce monsieur dans mon boudoir. »

Valérie — la belle Valérie, comme on l’appelait depuis plus de trente ans, hélas ! — était une personne épaisse et mûre, richement habillée, minutieusement fardée, qui avait conservé de grandes prétentions. Son visage exprimait de l’orgueil, parfois de la dureté, souvent une certaine candeur qui n’était point sans charme. Femme du banquier Assermann, elle tirait vanité de son luxe, de ses relations, de son hôtel, et en général de tout ce qui la concernait. La chronique mondaine lui reprochait certaines aventures un peu scandaleuses. On affirmait même que son mari avait voulu divorcer.

Elle passa d’abord chez le baron Assermann, homme âgé, mal portant, que des crises cardiaques retenaient au lit depuis des semaines. Elle lui demanda de ses nouvelles, et, distraitement, lui ajusta ses oreillers derrière le dos. Il murmura :

« Est-ce qu’on n’a pas sonné ?

— Oui, dit-elle. C’est ce détective qui m’a été recommandé pour notre affaire. Quelqu’un de tout à fait remarquable, paraît-il.

— Tant mieux, dit le banquier. Cette histoire me tracasse, et j’ai beau réfléchir, je n’y comprends rien. »

Valérie, qui avait l’air soucieux également, sortit de la chambre et gagna son boudoir. Elle y trouva un individu bizarre, bien pris comme taille, carré d’épaules, solide d’aspect, mais vêtu d’une redingote noire, ou plutôt verdâtre, dont l’étoffe luisait comme la soie d’un parapluie. La figure, énergique et rudement sculptée, était jeune, mais abîmée par une peau âpre, rugueuse, rouge, une peau de brique. Les yeux froids et moqueurs, derrière un monocle qu’il mettait indifféremment à droite ou à gauche, s’animaient d’une gaieté juvénile.

« Monsieur Barnett ? » dit-elle.

Il se pencha sur elle, et, avant qu’elle n’eût le loisir de retirer sa main, il la lui baisa, avec un geste arrondi que suivit un imperceptible claquement de langue, comme s’il appréciait la saveur parfumée de cette main.

« Jim Barnett, pour vous servir, madame la baronne. J’ai reçu votre lettre, et le temps de brosser ma redingote… »

Interdite, elle hésitait à mettre l’intrus à la porte. Mais il lui opposait une telle désinvolture de grand seigneur qui connaît son code de courtoisie mondaine, qu’elle ne put que prononcer :

« Vous avez l’habitude, m’a-t-on dit, de débrouiller des affaires compliquées… »

Il sourit d’un air avantageux :

« C’est plutôt un don chez moi, le don de voir clair et de comprendre. »

La voix était douce, le ton impérieux, et toute l’attitude gardait une façon d’ironie discrète et de persiflage léger. Il semblait si sûr de lui et de ses talents qu’on ne pouvait se soustraire à sa propre conviction, et Valérie elle-même sentit qu’elle subissait, du premier coup, l’ascendant de cet inconnu, vulgaire détective, chef d’agence privée. Désireuse de prendre quelque revanche, elle insinua :

« Il est peut-être préférable de fixer entre nous… les conditions…

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Extrait :

Le timbre de la cour, au bas du vaste hôtel que la baronne Assermann occupait dans le faubourg Saint-Germain, retentit. La femme de chambre arriva presque aussitôt, apportant une enveloppe.

« Il y a là un monsieur que Madame a convoqué pour quatre heures. »

Mme Assermann décacheta l’enveloppe et lut ces mots imprimés sur une carte :

Agence Barnett et Cie. Renseignements gratuits.

« Conduisez ce monsieur dans mon boudoir. »

Valérie — la belle Valérie, comme on l’appelait depuis plus de trente ans, hélas ! — était une personne épaisse et mûre, richement habillée, minutieusement fardée, qui avait conservé de grandes prétentions. Son visage exprimait de l’orgueil, parfois de la dureté, souvent une certaine candeur qui n’était point sans charme. Femme du banquier Assermann, elle tirait vanité de son luxe, de ses relations, de son hôtel, et en général de tout ce qui la concernait. La chronique mondaine lui reprochait certaines aventures un peu scandaleuses. On affirmait même que son mari avait voulu divorcer.

Elle passa d’abord chez le baron Assermann, homme âgé, mal portant, que des crises cardiaques retenaient au lit depuis des semaines. Elle lui demanda de ses nouvelles, et, distraitement, lui ajusta ses oreillers derrière le dos. Il murmura :

« Est-ce qu’on n’a pas sonné ?

— Oui, dit-elle. C’est ce détective qui m’a été recommandé pour notre affaire. Quelqu’un de tout à fait remarquable, paraît-il.

— Tant mieux, dit le banquier. Cette histoire me tracasse, et j’ai beau réfléchir, je n’y comprends rien. »

Valérie, qui avait l’air soucieux également, sortit de la chambre et gagna son boudoir. Elle y trouva un individu bizarre, bien pris comme taille, carré d’épaules, solide d’aspect, mais vêtu d’une redingote noire, ou plutôt verdâtre, dont l’étoffe luisait comme la soie d’un parapluie. La figure, énergique et rudement sculptée, était jeune, mais abîmée par une peau âpre, rugueuse, rouge, une peau de brique. Les yeux froids et moqueurs, derrière un monocle qu’il mettait indifféremment à droite ou à gauche, s’animaient d’une gaieté juvénile.

« Monsieur Barnett ? » dit-elle.

Il se pencha sur elle, et, avant qu’elle n’eût le loisir de retirer sa main, il la lui baisa, avec un geste arrondi que suivit un imperceptible claquement de langue, comme s’il appréciait la saveur parfumée de cette main.

« Jim Barnett, pour vous servir, madame la baronne. J’ai reçu votre lettre, et le temps de brosser ma redingote… »

Interdite, elle hésitait à mettre l’intrus à la porte. Mais il lui opposait une telle désinvolture de grand seigneur qui connaît son code de courtoisie mondaine, qu’elle ne put que prononcer :

« Vous avez l’habitude, m’a-t-on dit, de débrouiller des affaires compliquées… »

Il sourit d’un air avantageux :

« C’est plutôt un don chez moi, le don de voir clair et de comprendre. »

La voix était douce, le ton impérieux, et toute l’attitude gardait une façon d’ironie discrète et de persiflage léger. Il semblait si sûr de lui et de ses talents qu’on ne pouvait se soustraire à sa propre conviction, et Valérie elle-même sentit qu’elle subissait, du premier coup, l’ascendant de cet inconnu, vulgaire détective, chef d’agence privée. Désireuse de prendre quelque revanche, elle insinua :

« Il est peut-être préférable de fixer entre nous… les conditions…

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