Hourra !!!

Fiction & Literature, Historical, Literary
Cover of the book Hourra !!! by ERNEST CŒURDEROY, GILBERT TEROL
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Author: ERNEST CŒURDEROY ISBN: 1230002743165
Publisher: GILBERT TEROL Publication: October 26, 2018
Imprint: Language: French
Author: ERNEST CŒURDEROY
ISBN: 1230002743165
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: October 26, 2018
Imprint:
Language: French

INTRODUCTION

« Voici que je vais envoyer le prophète Élie
afin que le grand et terrible jour vienne ».
(Les Livres.)
« Que votre règne arrive. »
(Oraison dominicale).

I. Il y a trois ans bientôt, je me sentis pris de l’irrésistible besoin de résumer les impressions de ma jeunesse active. Je les publiai sous ce titre : De la Révolution dans l’homme et dans la société. Dans cet ouvrage, par trop méthodique à mon sens, je retraçais les voies que mon esprit avait suivies pour se convaincre que les révolutions sont des conservations.

Un chapitre de ce travail, le moins étudié de tous, fit plus d’impression que les autres, parce que j’y annonçais nettement une solution non soupçonnée jusqu’ici des bruyants prologues révolutionnaires qui nous agitent depuis six ans : — solution par la Force, la Guerre et le Cataclysme de la civilisation ; par le Débordement du Nord sur le Midi de l’Europe ; par un Déluge humain ! !…

Dans le milieu de la proscription, le seul où il put être répandu, mon livre produisit un immense scandale. L’Invasion avait bien été évoquée déjà, disait-on, mais par les réactionnaires et les émigrés royalistes ; il était énorme que les vœux de pareils hommes pussent être répétés par un révolutionnaire, un socialiste, un proscrit ! — Ainsi déraisonnera l’humanité tant qu’elle sera déchirée par les partis ! Comme si l’esprit humain n’était pas un ! Comme s’il y avait deux vérités ! Comme s’il n’était pas incontestable que le bouleversement d’un monde envahi, c’est le Mouvement, c’est la Révolution ! Et comme si la Révolution enfin, d’où qu’elle vienne, où qu’elle se passe, pouvait être nuisible aux révolutionnaires ! — Depuis le commencement du monde, les politiques antédiluviens, les Calebs de l’Ordre du Lys appellent la Guerre, l’Invasion, les Bouleversements et les découvertes ; ils croient que le mouvement est profitable à leurs intérêts. Et depuis le commencement du monde, ils se sont trompés. Laissons-les donc espérer dans les Cosaques ? Rira bien qui rira le dernier !

En 1852 cependant, chacun était si las de la torpeur répandue sur le monde politique par la mitraille de décembre, tous pressentaient si bien des événements d’une portée plus générale, l’idée que j’émettais, en courant, était d’ailleurs si frappante dans sa vérité et sa simplicité, qu’elle s’installa d’autor dans les esprits. Par l’espérance et par la frayeur elle frappa juste. Contre la police, contre les partis, contre mon inaptitude à la propagande, contre mon obscurité, ma médiocrité, ma timidité, contre ennemis, contre amis, contre parents même, elle fit son chemin, tout le chemin qu’elle pouvait faire ; elle parcourut, d’un pas retentissant, toute l’impasse de l’exil.

J’en conclus qu’elle était venue à son heure ; qu’elle était utile, indispensable, providentielle : qu’elle demandait à être développée par la méditation après avoir été jetée par l’audace. Depuis, cette idée m’a retenu loin des intérêts et des relations de la vie sociale, loin des amitiés et des alliances faciles avec les partis ; elle me prive de tout et me tient lieu de tout ; elle est l’aiguillon de mon activité, la poésie de ma douleur, l’âme de mon âme et la vie de ma vie ; elle est ma maladie et ma santé, ma faiblesse et ma force ; mon être enfin. Depuis, bien souvent, et de jour et de nuit, je suis revenu sur elle, la trouvant toujours juste et victorieusement soutenable, me reprochant toujours la trop voluptueuse paresse qui m’entraîne a rêver beaucoup, à réaliser peu.

Aujourd’hui cependant, je suis forcé de céder à l’impérieuse sollicitation des événements et à celle de mon impatience. Aujourd’hui, cruel supplice ! je prends le parti de rédiger en vue de l’imprimeur. Cette dernière phrase surprendra très-fort, je m’assure, ce tas de gens qui jamais n’analysèrent leurs plus intimes pensées. Cependant le sentiment que j’exprime est naturel, à coup sûr. Je plains ceux qui ne savent pas quelles émotions délicieuses procurent à l’âme toute pensée, toute passion renfermée au plus profond de nous ! Et quelle violence subit notre égoïsme sybarite quand il faut nous montrer définitivement galants avec cette immense cohue qu’on appelle l’opinion.

« — Tiens ! Celui-là, dira quelque facétieux de l’émigration : qui donc le contraint ? » — « Et vous, badaud, qui donc vous oblige à signer des programmes que vous n’approuvez pas ? .... Nous recherchons tous deux la même chose. Si vous êtes franc, vous direz quoi. »

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INTRODUCTION

« Voici que je vais envoyer le prophète Élie
afin que le grand et terrible jour vienne ».
(Les Livres.)
« Que votre règne arrive. »
(Oraison dominicale).

I. Il y a trois ans bientôt, je me sentis pris de l’irrésistible besoin de résumer les impressions de ma jeunesse active. Je les publiai sous ce titre : De la Révolution dans l’homme et dans la société. Dans cet ouvrage, par trop méthodique à mon sens, je retraçais les voies que mon esprit avait suivies pour se convaincre que les révolutions sont des conservations.

Un chapitre de ce travail, le moins étudié de tous, fit plus d’impression que les autres, parce que j’y annonçais nettement une solution non soupçonnée jusqu’ici des bruyants prologues révolutionnaires qui nous agitent depuis six ans : — solution par la Force, la Guerre et le Cataclysme de la civilisation ; par le Débordement du Nord sur le Midi de l’Europe ; par un Déluge humain ! !…

Dans le milieu de la proscription, le seul où il put être répandu, mon livre produisit un immense scandale. L’Invasion avait bien été évoquée déjà, disait-on, mais par les réactionnaires et les émigrés royalistes ; il était énorme que les vœux de pareils hommes pussent être répétés par un révolutionnaire, un socialiste, un proscrit ! — Ainsi déraisonnera l’humanité tant qu’elle sera déchirée par les partis ! Comme si l’esprit humain n’était pas un ! Comme s’il y avait deux vérités ! Comme s’il n’était pas incontestable que le bouleversement d’un monde envahi, c’est le Mouvement, c’est la Révolution ! Et comme si la Révolution enfin, d’où qu’elle vienne, où qu’elle se passe, pouvait être nuisible aux révolutionnaires ! — Depuis le commencement du monde, les politiques antédiluviens, les Calebs de l’Ordre du Lys appellent la Guerre, l’Invasion, les Bouleversements et les découvertes ; ils croient que le mouvement est profitable à leurs intérêts. Et depuis le commencement du monde, ils se sont trompés. Laissons-les donc espérer dans les Cosaques ? Rira bien qui rira le dernier !

En 1852 cependant, chacun était si las de la torpeur répandue sur le monde politique par la mitraille de décembre, tous pressentaient si bien des événements d’une portée plus générale, l’idée que j’émettais, en courant, était d’ailleurs si frappante dans sa vérité et sa simplicité, qu’elle s’installa d’autor dans les esprits. Par l’espérance et par la frayeur elle frappa juste. Contre la police, contre les partis, contre mon inaptitude à la propagande, contre mon obscurité, ma médiocrité, ma timidité, contre ennemis, contre amis, contre parents même, elle fit son chemin, tout le chemin qu’elle pouvait faire ; elle parcourut, d’un pas retentissant, toute l’impasse de l’exil.

J’en conclus qu’elle était venue à son heure ; qu’elle était utile, indispensable, providentielle : qu’elle demandait à être développée par la méditation après avoir été jetée par l’audace. Depuis, cette idée m’a retenu loin des intérêts et des relations de la vie sociale, loin des amitiés et des alliances faciles avec les partis ; elle me prive de tout et me tient lieu de tout ; elle est l’aiguillon de mon activité, la poésie de ma douleur, l’âme de mon âme et la vie de ma vie ; elle est ma maladie et ma santé, ma faiblesse et ma force ; mon être enfin. Depuis, bien souvent, et de jour et de nuit, je suis revenu sur elle, la trouvant toujours juste et victorieusement soutenable, me reprochant toujours la trop voluptueuse paresse qui m’entraîne a rêver beaucoup, à réaliser peu.

Aujourd’hui cependant, je suis forcé de céder à l’impérieuse sollicitation des événements et à celle de mon impatience. Aujourd’hui, cruel supplice ! je prends le parti de rédiger en vue de l’imprimeur. Cette dernière phrase surprendra très-fort, je m’assure, ce tas de gens qui jamais n’analysèrent leurs plus intimes pensées. Cependant le sentiment que j’exprime est naturel, à coup sûr. Je plains ceux qui ne savent pas quelles émotions délicieuses procurent à l’âme toute pensée, toute passion renfermée au plus profond de nous ! Et quelle violence subit notre égoïsme sybarite quand il faut nous montrer définitivement galants avec cette immense cohue qu’on appelle l’opinion.

« — Tiens ! Celui-là, dira quelque facétieux de l’émigration : qui donc le contraint ? » — « Et vous, badaud, qui donc vous oblige à signer des programmes que vous n’approuvez pas ? .... Nous recherchons tous deux la même chose. Si vous êtes franc, vous direz quoi. »

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