Woodstock

Romance, Contemporary
Cover of the book Woodstock by Walter Scott, GILBERT TEROL
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Author: Walter Scott ISBN: 1230002801544
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 6, 2018
Imprint: Language: French
Author: Walter Scott
ISBN: 1230002801544
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 6, 2018
Imprint:
Language: French

Cromwell s’était ponctuellement conformé à tous ces conseils. Il avait marché à la tête de ce détachement, composé de cent soldats armés de hallebardes et choisis par lui. C’étaient des hommes d’un courage à toute épreuve, qui avaient passé leur vie au milieu des périls, qui ne connaissaient ni l’hésitation, ni la compassion, suite inévitable du fanatisme sombre et exalté qui était le principal mobile de leurs actions ; des hommes qui, regardant Cromwell comme un général et comme un chef élu du ciel, obéissaient à ses ordres comme à des injonctions émanées d’en haut.

Cromwell fut cruellement contrarié de ne pas trouver, comme il s’y attendait, l’agent auquel il s’était aveuglément confié dans cette affaire ; il formait mille conjectures pour s’expliquer une conduite aussi étrange ; il pensait qu’il s’était enivré, ce qui du reste lui arrivait quelquefois ; et quand il s’arrêtait à cette opinion, il exhalait sa colère en malédictions qui, quoique différentes des jurons et des imprécations des Cavaliers, n’étaient pas moins blasphématoires, et exprimaient encore plus de colère et de méchanceté. D’autres fois il supposait que quelque alarme inattendue ou quelque partie de débauche parmi les Cavaliers ivrognes avaient empêché les habitants de Woodstock de se coucher aussitôt que de coutume. Cette conjecture lui paraissait la plus probable de toutes ; et elle se représentait constamment à sa pensée. L’espoir que Tomkins allait paraître l’engageait toujours à rester au village, inquiet de ne pas recevoir de nouvelles de son émissaire, et craignant de compromettre le succès de l’entreprise par une démarche inconsidérée.

Cependant il disposait tout pour n’apporter aucun retard à la réalisation de son projet. Il avait ordonné à la moitié de ses cavaliers de mettre pied à terre et de conduire leurs chevaux à l’écurie ; les autres reçurent l’ordre de tenir leurs chevaux sellés, et d’être prêts à monter à cheval à la minute même. Ces hommes entrèrent dans la maison successivement, et prirent quelque nourriture ; une garde suffisante restait pendant ce temps-là auprès des chevaux : on la relevait de temps en temps.

Cromwell, en proie à cette cruelle incertitude, jetait souvent un regard soupçonneux sur le colonel Éverard, qui, à ce qu’il supposait, aurait pu, s’il l’avait voulu, remplacer son émissaire. Éverard était calme, aucune trace d’émotion sur le visage, ne faisant paraître ni inquiétude ni abattement.

Enfin minuit sonna, et il devint nécessaire de prendre un parti décisif. Tomkins pouvait avoir trahi, ou, ce qui approchait plus de la réalité, son complot pouvait avoir été découvert, et lui-même assassiné ou pendu par les royalistes pour le punir de sa perfidie.

En un mot, si l’on voulait tirer parti de l’occasion offerte par la fortune de s’emparer du plus redoutable prétendant au pouvoir souverain, que Cromwell convoitait déjà depuis long-temps, il n’y avait plus de temps à perdre. Il ordonna donc à Pearson de faire mettre son monde sous les armes ; il lui donna par écrit ses instructions sur la manière de former le bataillon. On devait marcher dans le plus grand silence possible, ou, pour se servir de ses propres expressions, « comme Gédéon marchait en silence quand il s’avança vers le camp des Madianites, n’ayant avec lui que Phurah son serviteur. Peut-être, » continuait cette pièce singulière, « apprendrons-nous de quoi ces Madianites ont rêvé. »

Une seule patrouille, composée d’un caporal et de cinq hommes intrépides et expérimentés, formait l’avant-garde du détachement. Une arrière-garde de dix hommes entourait Éverard et le ministre. Cromwell voulut que le premier l’accompagnât, comme s’il pouvait être nécessaire de l’interroger ou de le confronter avec les habitants de la Loge. Quant à maître Holdenough, il l’emmena, parce que, s’il fût resté à Woodstock, il aurait pu s’évader, et peut-être exciter un soulèvement dans le village. Quoique les presbytériens eussent non seulement soutenu activement la guerre, mais même qu’ils l’eussent commencée les premiers, ils étaient profondément irrités de l’ascendant des sectaires de l’armée, maintenant qu’elle touchait à son terme, et de ce qu’on ne les employait jamais comme des agents sûrs dans les mesures même où leur intérêt personnel était engagé. L’infanterie, disposée comme nous l’avons expliqué, fit demi-tour et se mit en marche, Pearson et Cromwell se tenant à la tête du centre ou principal corps de la petite armée. Ils étaient tous munis de pétrinals, sorte de fusils courts, semblables aux carabines modernes et, comme elles, à l’usage de la cavalerie. Ils marchaient dans le plus profond silence et dans le meilleur ordre, et tout le détachement ne paraissait être qu’un seul homme.

Environ cent pas après l’arrière-garde des cavaliers qu’on avait mis à pied, venaient ceux qui étaient restés à cheval. On eût dit que les animaux obéissaient eux-mêmes aux ordres de Cromwell, car ils ne hennissaient pas, et ils semblaient poser les pieds à terre avec précaution et avec moins de bruit que de coutume.

Le général, rempli de pensées inquiètes, ne disait rien, si ce n’est quelques mots à voix basse pour recommander de nouveau le silence ; les soldats, surpris et charmés de se trouver sous le commandement de leur illustre général, et employés évidemment à quelque service de la plus haute importance, se conformaient avec la plus grande attention à ses ordres réitérés.

Ils traversèrent les rues de la petite ville dans l’ordre que nous avons exposé. Quelques bourgeois seulement qui étaient hors de chez eux, et qui avaient prolongé une orgie jusqu’à cette heure indue, se trouvèrent heureux d’échapper sans être vus par un fort détachement de soldats qui remplissaient l’office d’agents de police, et ne songèrent pas à s’informer ni du motif qui mettait cette troupe en mouvement à une telle heure, ni de la route qu’elle suivait.

La porte extérieure du parc avait toujours été, depuis l’arrivée du détachement à Woodstock, gardée par trois postes de soldats, afin d’intercepter toute communication entre la Loge et la ville. Spitfire, émissaire de Wildrake, qui avait été mainte fois dénicher des oiseaux dans le parc, ou y commettre d’autres maraudes de cette espèce, avait mis en défaut la vigilance de ces hommes, en escaladant une brèche qu’il connaissait à merveille dans une autre partie de la muraille.

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Cromwell s’était ponctuellement conformé à tous ces conseils. Il avait marché à la tête de ce détachement, composé de cent soldats armés de hallebardes et choisis par lui. C’étaient des hommes d’un courage à toute épreuve, qui avaient passé leur vie au milieu des périls, qui ne connaissaient ni l’hésitation, ni la compassion, suite inévitable du fanatisme sombre et exalté qui était le principal mobile de leurs actions ; des hommes qui, regardant Cromwell comme un général et comme un chef élu du ciel, obéissaient à ses ordres comme à des injonctions émanées d’en haut.

Cromwell fut cruellement contrarié de ne pas trouver, comme il s’y attendait, l’agent auquel il s’était aveuglément confié dans cette affaire ; il formait mille conjectures pour s’expliquer une conduite aussi étrange ; il pensait qu’il s’était enivré, ce qui du reste lui arrivait quelquefois ; et quand il s’arrêtait à cette opinion, il exhalait sa colère en malédictions qui, quoique différentes des jurons et des imprécations des Cavaliers, n’étaient pas moins blasphématoires, et exprimaient encore plus de colère et de méchanceté. D’autres fois il supposait que quelque alarme inattendue ou quelque partie de débauche parmi les Cavaliers ivrognes avaient empêché les habitants de Woodstock de se coucher aussitôt que de coutume. Cette conjecture lui paraissait la plus probable de toutes ; et elle se représentait constamment à sa pensée. L’espoir que Tomkins allait paraître l’engageait toujours à rester au village, inquiet de ne pas recevoir de nouvelles de son émissaire, et craignant de compromettre le succès de l’entreprise par une démarche inconsidérée.

Cependant il disposait tout pour n’apporter aucun retard à la réalisation de son projet. Il avait ordonné à la moitié de ses cavaliers de mettre pied à terre et de conduire leurs chevaux à l’écurie ; les autres reçurent l’ordre de tenir leurs chevaux sellés, et d’être prêts à monter à cheval à la minute même. Ces hommes entrèrent dans la maison successivement, et prirent quelque nourriture ; une garde suffisante restait pendant ce temps-là auprès des chevaux : on la relevait de temps en temps.

Cromwell, en proie à cette cruelle incertitude, jetait souvent un regard soupçonneux sur le colonel Éverard, qui, à ce qu’il supposait, aurait pu, s’il l’avait voulu, remplacer son émissaire. Éverard était calme, aucune trace d’émotion sur le visage, ne faisant paraître ni inquiétude ni abattement.

Enfin minuit sonna, et il devint nécessaire de prendre un parti décisif. Tomkins pouvait avoir trahi, ou, ce qui approchait plus de la réalité, son complot pouvait avoir été découvert, et lui-même assassiné ou pendu par les royalistes pour le punir de sa perfidie.

En un mot, si l’on voulait tirer parti de l’occasion offerte par la fortune de s’emparer du plus redoutable prétendant au pouvoir souverain, que Cromwell convoitait déjà depuis long-temps, il n’y avait plus de temps à perdre. Il ordonna donc à Pearson de faire mettre son monde sous les armes ; il lui donna par écrit ses instructions sur la manière de former le bataillon. On devait marcher dans le plus grand silence possible, ou, pour se servir de ses propres expressions, « comme Gédéon marchait en silence quand il s’avança vers le camp des Madianites, n’ayant avec lui que Phurah son serviteur. Peut-être, » continuait cette pièce singulière, « apprendrons-nous de quoi ces Madianites ont rêvé. »

Une seule patrouille, composée d’un caporal et de cinq hommes intrépides et expérimentés, formait l’avant-garde du détachement. Une arrière-garde de dix hommes entourait Éverard et le ministre. Cromwell voulut que le premier l’accompagnât, comme s’il pouvait être nécessaire de l’interroger ou de le confronter avec les habitants de la Loge. Quant à maître Holdenough, il l’emmena, parce que, s’il fût resté à Woodstock, il aurait pu s’évader, et peut-être exciter un soulèvement dans le village. Quoique les presbytériens eussent non seulement soutenu activement la guerre, mais même qu’ils l’eussent commencée les premiers, ils étaient profondément irrités de l’ascendant des sectaires de l’armée, maintenant qu’elle touchait à son terme, et de ce qu’on ne les employait jamais comme des agents sûrs dans les mesures même où leur intérêt personnel était engagé. L’infanterie, disposée comme nous l’avons expliqué, fit demi-tour et se mit en marche, Pearson et Cromwell se tenant à la tête du centre ou principal corps de la petite armée. Ils étaient tous munis de pétrinals, sorte de fusils courts, semblables aux carabines modernes et, comme elles, à l’usage de la cavalerie. Ils marchaient dans le plus profond silence et dans le meilleur ordre, et tout le détachement ne paraissait être qu’un seul homme.

Environ cent pas après l’arrière-garde des cavaliers qu’on avait mis à pied, venaient ceux qui étaient restés à cheval. On eût dit que les animaux obéissaient eux-mêmes aux ordres de Cromwell, car ils ne hennissaient pas, et ils semblaient poser les pieds à terre avec précaution et avec moins de bruit que de coutume.

Le général, rempli de pensées inquiètes, ne disait rien, si ce n’est quelques mots à voix basse pour recommander de nouveau le silence ; les soldats, surpris et charmés de se trouver sous le commandement de leur illustre général, et employés évidemment à quelque service de la plus haute importance, se conformaient avec la plus grande attention à ses ordres réitérés.

Ils traversèrent les rues de la petite ville dans l’ordre que nous avons exposé. Quelques bourgeois seulement qui étaient hors de chez eux, et qui avaient prolongé une orgie jusqu’à cette heure indue, se trouvèrent heureux d’échapper sans être vus par un fort détachement de soldats qui remplissaient l’office d’agents de police, et ne songèrent pas à s’informer ni du motif qui mettait cette troupe en mouvement à une telle heure, ni de la route qu’elle suivait.

La porte extérieure du parc avait toujours été, depuis l’arrivée du détachement à Woodstock, gardée par trois postes de soldats, afin d’intercepter toute communication entre la Loge et la ville. Spitfire, émissaire de Wildrake, qui avait été mainte fois dénicher des oiseaux dans le parc, ou y commettre d’autres maraudes de cette espèce, avait mis en défaut la vigilance de ces hommes, en escaladant une brèche qu’il connaissait à merveille dans une autre partie de la muraille.

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