Ravensnest où Les Peaux Rouges

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Ravensnest où Les Peaux Rouges by JAMES FENIMORE COOPER, GILBERT TEROL
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Author: JAMES FENIMORE COOPER ISBN: 1230000212959
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 26, 2014
Imprint: Language: French
Author: JAMES FENIMORE COOPER
ISBN: 1230000212959
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 26, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait :

À dix heures du matin, le jour suivant, nous étions, mon oncle Ro et moi, en vue de la vieille maison de Ravensnest. Je l’appelle vieille, car une habitation qui est restée debout plus d’un demi-siècle, prend, en Amérique, un aspect d’une teinte vénérable. Pour moi elle était vraiment vieille, car elle était là depuis un temps double de mon existence, et se trouvait associée à mes premières pensées. Depuis mon enfance, j’avais regardé ces murs comme mon futur domicile, comme ils avaient été celui de mes parents et grands-parents. Toutes les terres qui s’étendaient devant nous, les riches vallées couvertes d’herbes ondulantes, les collines, les bois, les montagnes éloignées, les vergers, les fermes, les granges, et tous les autres accessoires de la vie rurale qui appartenaient au sol, étaient ma propriété et l’étaient devenus sans un seul acte d’injustice envers un être humain. L’Homme Rouge lui-même en avait reçu le prix de Herman Mordaunt ; et Susquesus, la Peau-Rouge de Ravensnest, comme on appelait souvent le vieil Onondago, convenait du fait. Il était donc naturel que je fusse attaché à un domaine ainsi situé et ainsi transmis. Aucun homme civilisé, aucun homme même, sauvage ou non, n’avait été le propriétaire de ces beaux terrains, excepté des hommes de ma race. C’est là une chose que peu d’hommes peuvent dire dans un autre pays que l’Amérique ; et quand cela peut être dit avec vérité, dans des endroits où les arts et les bienfaits de la civilisation se sont répandus, il en résulte un sentiment si profond, que je ne m’étonne pas qu’il n’ait été nullement compris par les aventuriers errants qui parcourent la surface du pays, se mêlant des affaires des autres pour en faire leur profit. Rien ne peut moins ressembler à ce sentiment que les tourments de l’envie, et je suis persuadé que de pareils souvenirs ne peuvent qu’élever et agrandir l’âme de celui qui les réveille.

Et cependant il y a des hommes parmi nous, haut placé, aussi haut que peuvent l’être de tels hommes, car les appeler au pouvoir serait plutôt abaisser le pouvoir à leur niveau, il y a des hommes au pouvoir qui ont émis des principes d’économie politique d’après lesquels, si on les adoptait, je serais forcé de vendre tout ce domaine, n’en réservant peut-être qu’une seule ferme pour mon usage, et d’en placer le prix de façon à ce que l’intérêt pût égaler mon revenu actuel. Il est devenu aristocratique d’opposer le sentiment au commerce et le commerce lui-même ne devra plus subsister lorsque tous ses profits ne reviendront pas au grand nombre. Même les principes du commerce doivent subir la loi des majorités !

Mon oncle Ro, qui cependant n’avait à faire valoir aucun droit de propriété, ne put voir sans émotion notre demeure. Lui aussi était né là ; lui aussi y avait passé son enfance ; lui aussi prit plaisir à se rappeler que notre race avait été seule propriétaire du sol que nous foulions, et pouvait sentir le juste orgueil qui s’attache à une longue probité et à une honorable condition sociale.

— Eh bien ! Hughes, s’écria-t-il, nous voici arrivés, et nous pouvons décider ce qui nous reste à faire. Irons-nous jusqu’au village qui est à quatre milles d’ici, pour y faire notre déjeuner ? Mettrons-nous à l’épreuve un de nos tenanciers, ou plongerons-nous immédiatement in medias res, en demandant l’hospitalité à ma mère et à ta sœur ?

— Cette dernière démarche pourrait bien, je crains, provoquer des soupçons. Le goudron et les plumes seraient notre sort le plus doux, si nous tombions dans les mains des Indgiens.

— Les Indgiens ! Pourquoi ne pas aller tout d’un coup au wigwam de Susquesus, et obtenir de lui et de Yop l’histoire de ce qui se passe ? J’ai entendu nos camarades de taverne parler hier soir de l’Onondago, et dire que, quoiqu’il passât pour avoir plus de cent ans, il ne paraissait pas en avoir plus de quatre-vingts. Cet Indien est un fin observateur, et il pourrait bien nous initier aux secrets de ses faux frères.

— Ils peuvent au moins nous donner des nouvelles de la famille, et quoiqu’il soit dans la nature des choses que des colporteurs s’arrêtent à la maison principale, ils peuvent aussi bien faire une halte au wigwam.

Cette considération nous détermina, et nous voilà aussitôt en route vers le ravin sur les flancs duquel était la hutte connue sous le nom de wigwam.

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Extrait :

À dix heures du matin, le jour suivant, nous étions, mon oncle Ro et moi, en vue de la vieille maison de Ravensnest. Je l’appelle vieille, car une habitation qui est restée debout plus d’un demi-siècle, prend, en Amérique, un aspect d’une teinte vénérable. Pour moi elle était vraiment vieille, car elle était là depuis un temps double de mon existence, et se trouvait associée à mes premières pensées. Depuis mon enfance, j’avais regardé ces murs comme mon futur domicile, comme ils avaient été celui de mes parents et grands-parents. Toutes les terres qui s’étendaient devant nous, les riches vallées couvertes d’herbes ondulantes, les collines, les bois, les montagnes éloignées, les vergers, les fermes, les granges, et tous les autres accessoires de la vie rurale qui appartenaient au sol, étaient ma propriété et l’étaient devenus sans un seul acte d’injustice envers un être humain. L’Homme Rouge lui-même en avait reçu le prix de Herman Mordaunt ; et Susquesus, la Peau-Rouge de Ravensnest, comme on appelait souvent le vieil Onondago, convenait du fait. Il était donc naturel que je fusse attaché à un domaine ainsi situé et ainsi transmis. Aucun homme civilisé, aucun homme même, sauvage ou non, n’avait été le propriétaire de ces beaux terrains, excepté des hommes de ma race. C’est là une chose que peu d’hommes peuvent dire dans un autre pays que l’Amérique ; et quand cela peut être dit avec vérité, dans des endroits où les arts et les bienfaits de la civilisation se sont répandus, il en résulte un sentiment si profond, que je ne m’étonne pas qu’il n’ait été nullement compris par les aventuriers errants qui parcourent la surface du pays, se mêlant des affaires des autres pour en faire leur profit. Rien ne peut moins ressembler à ce sentiment que les tourments de l’envie, et je suis persuadé que de pareils souvenirs ne peuvent qu’élever et agrandir l’âme de celui qui les réveille.

Et cependant il y a des hommes parmi nous, haut placé, aussi haut que peuvent l’être de tels hommes, car les appeler au pouvoir serait plutôt abaisser le pouvoir à leur niveau, il y a des hommes au pouvoir qui ont émis des principes d’économie politique d’après lesquels, si on les adoptait, je serais forcé de vendre tout ce domaine, n’en réservant peut-être qu’une seule ferme pour mon usage, et d’en placer le prix de façon à ce que l’intérêt pût égaler mon revenu actuel. Il est devenu aristocratique d’opposer le sentiment au commerce et le commerce lui-même ne devra plus subsister lorsque tous ses profits ne reviendront pas au grand nombre. Même les principes du commerce doivent subir la loi des majorités !

Mon oncle Ro, qui cependant n’avait à faire valoir aucun droit de propriété, ne put voir sans émotion notre demeure. Lui aussi était né là ; lui aussi y avait passé son enfance ; lui aussi prit plaisir à se rappeler que notre race avait été seule propriétaire du sol que nous foulions, et pouvait sentir le juste orgueil qui s’attache à une longue probité et à une honorable condition sociale.

— Eh bien ! Hughes, s’écria-t-il, nous voici arrivés, et nous pouvons décider ce qui nous reste à faire. Irons-nous jusqu’au village qui est à quatre milles d’ici, pour y faire notre déjeuner ? Mettrons-nous à l’épreuve un de nos tenanciers, ou plongerons-nous immédiatement in medias res, en demandant l’hospitalité à ma mère et à ta sœur ?

— Cette dernière démarche pourrait bien, je crains, provoquer des soupçons. Le goudron et les plumes seraient notre sort le plus doux, si nous tombions dans les mains des Indgiens.

— Les Indgiens ! Pourquoi ne pas aller tout d’un coup au wigwam de Susquesus, et obtenir de lui et de Yop l’histoire de ce qui se passe ? J’ai entendu nos camarades de taverne parler hier soir de l’Onondago, et dire que, quoiqu’il passât pour avoir plus de cent ans, il ne paraissait pas en avoir plus de quatre-vingts. Cet Indien est un fin observateur, et il pourrait bien nous initier aux secrets de ses faux frères.

— Ils peuvent au moins nous donner des nouvelles de la famille, et quoiqu’il soit dans la nature des choses que des colporteurs s’arrêtent à la maison principale, ils peuvent aussi bien faire une halte au wigwam.

Cette considération nous détermina, et nous voilà aussitôt en route vers le ravin sur les flancs duquel était la hutte connue sous le nom de wigwam.

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