Les Patins d’argent

Kids, Teen, General Fiction, Fiction, Fiction - YA
Cover of the book Les Patins d’argent by MARY MAPES DODGE, GILBERT TEROL
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Author: MARY MAPES DODGE ISBN: 1230000211103
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 20, 2014
Imprint: Language: French
Author: MARY MAPES DODGE
ISBN: 1230000211103
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 20, 2014
Imprint:
Language: French

Il y aura tantôt vingt ans que, par une belle matinée de décembre, deux enfants, un jeune garçon, et une jeune fille moins âgée encore que lui, pauvrement vêtus tous les deux, étaient assis l’un devant l’autre sur les bords d’un canal gelé de la Hollande, et semblaient occupés d’une besogne qui n’allait pas toute seule.

Le soleil n’avait pas encore paru, mais les confins de l’horizon se teignaient déjà des lueurs pourpres du jour naissant. C’était l’heure, pour la plupart des bons Hollandais, d’un paisible repos ; le digne et vieux mynheer van Stoppelnoze lui-même sommeillait encore.

De temps en temps une agile et svelte paysanne portant un panier bien équilibré sur sa tête, arrivait effleurant à peine la surface polie du canal. Un gros garçon en patins courait à son travail et échangeait avec elle, en glissant, un bonjour sympathique.

La jeune fille et le jeune garçon, son frère, les deux enfants dont nous avons parlé à la première ligne de ce récit, s’évertuaient toujours à attacher sous leurs pieds un instrument bizarre. Ce n’était certainement pas ce qu’on peut appeler des patins, mais c’était quelque chose d’informe destiné évidemment à en tenir lieu ; car à quoi pouvaient servir deux grossiers morceaux de bois dur, dont les dessous amincis en forme de lames étaient percés de trous à travers lesquels passaient des cordons de cuir destinés à les fixer autour des pieds, sinon à faire glisser tant bien que mal des pieds sur la glace ?

Ces drôles de machines avaient été fabriquées par Hans, le garçon. Leur mère n’était qu’une pauvre paysanne, trop pauvre pour songer à acheter des patins à ses enfants. Tout primitifs qu’étaient ceux-ci, ils leur avaient procuré déjà plus d’un moment heureux, et à cette heure où nos jeunes Hollandais tiraient à qui mieux mieux sur leurs cordons avec leurs doigts rouges et glacés, pour les fixer à leurs pieds, on ne pouvait cependant surprendre sur leurs figures sérieuses, penchées jusqu’à leurs genoux, aucun rêve de patins d’acier, d’un usage plus sûr et plus commode. Non, ces patins de bois leur suffisaient ; aucune vision ambitieuse ne venait troubler la satisfaction intérieure dont ils étaient remplis.

Au bout d’un instant, le jeune garçon se releva. Ses patins, à lui, étaient assujettis. Il fit le mouvement de bras d’un patineur qui prépare son élan ; et après avoir laissé tomber un insouciant : « Venez-vous, Gretel ? » Il glissa légèrement à travers le canal.

« Hans ! Hans ! lui cria sa sœur d’un ton plaintif, je n’en viendrai jamais à bout ; mon pied me fait encore trop mal. Vous savez que les cordons m’ont blessée à la cheville, le dernier jour de marché, et je ne puis les endurer attachés à la même place.

— Nouez-les un peu plus haut, répondit Hans qui continua à patiner sans la regarder.

— Mais je ne peux pas ; pour être noué plus haut, le cordon est trop court. »

Le frère fit entendre un coup de sifflet tout hollandais qui n’exprimait aucune mauvaise humeur, mais qui voulait dire :

« Que les filles sont donc ennuyeuses ! »

Il revint pourtant vers sa sœur :

« Êtes-vous sotte, Gretel ? lui dit-il, de porter des souliers de cette espèce, quand vous en avez une bonne paire de cuir tout neufs à la maison ! Autant vaudraient vos sabots.

— Comment ! Hans, vous oubliez donc que le père a jeté dans le feu mes beaux souliers neufs. Ne les avez-vous pas vus tout recroquevillés au milieu de la tourbe rouge, avant que j’aie pu les en retirer. Je puis encore patiner avec ceux-ci, mais avec mes sabots je ne le pourrais pas. Prenez garde à ma cheville, Hans. »

Hans avait tiré un cordon de sa poche. Il s’agenouilla devant sa sœur et, tout en fredonnant un refrain monotone, sa main solide se mit en devoir d’attacher le patin de Gretel.

« Aïe ! aïe ! cria-t-elle, car il la faisait réellement souffrir, ne serrez pas si fort ! »

Hans desserra le cordon avec un mouvement d’impatience ; il l’eût même détaché tout à fait et jeté au loin, en frère bourru qu’il était, s’il n’eût aperçu une larme coulant sur les joues de la petite fille.

« Je vais l’arranger, Gretel, n’ayez pas peur, dit-il avec une tendresse soudaine. Mais dépêchons-nous ; la mère aura besoin de nous bientôt. »

Il jeta autour de lui un regard investigateur, inspecta d’abord le sol, puis les branches dénudées d’un saule qui se balançaient au-dessus de sa tête, et de là porta les yeux sur le ciel déjà resplendissant et coupé à cette heure de larges bandes bleues, pourpres et or. Mais n’ayant trouvé dans ces hautes régions rien qui répondît à ce qui l’occupait, pour le moment, il reporta ses regards sur les pieds de sa sœur. Cette vue lui inspira sans doute une bonne idée ; ses yeux brillèrent tout à coup et il prit l’air de quelqu’un qui sait fort bien ce qu’il a à faire.

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Il y aura tantôt vingt ans que, par une belle matinée de décembre, deux enfants, un jeune garçon, et une jeune fille moins âgée encore que lui, pauvrement vêtus tous les deux, étaient assis l’un devant l’autre sur les bords d’un canal gelé de la Hollande, et semblaient occupés d’une besogne qui n’allait pas toute seule.

Le soleil n’avait pas encore paru, mais les confins de l’horizon se teignaient déjà des lueurs pourpres du jour naissant. C’était l’heure, pour la plupart des bons Hollandais, d’un paisible repos ; le digne et vieux mynheer van Stoppelnoze lui-même sommeillait encore.

De temps en temps une agile et svelte paysanne portant un panier bien équilibré sur sa tête, arrivait effleurant à peine la surface polie du canal. Un gros garçon en patins courait à son travail et échangeait avec elle, en glissant, un bonjour sympathique.

La jeune fille et le jeune garçon, son frère, les deux enfants dont nous avons parlé à la première ligne de ce récit, s’évertuaient toujours à attacher sous leurs pieds un instrument bizarre. Ce n’était certainement pas ce qu’on peut appeler des patins, mais c’était quelque chose d’informe destiné évidemment à en tenir lieu ; car à quoi pouvaient servir deux grossiers morceaux de bois dur, dont les dessous amincis en forme de lames étaient percés de trous à travers lesquels passaient des cordons de cuir destinés à les fixer autour des pieds, sinon à faire glisser tant bien que mal des pieds sur la glace ?

Ces drôles de machines avaient été fabriquées par Hans, le garçon. Leur mère n’était qu’une pauvre paysanne, trop pauvre pour songer à acheter des patins à ses enfants. Tout primitifs qu’étaient ceux-ci, ils leur avaient procuré déjà plus d’un moment heureux, et à cette heure où nos jeunes Hollandais tiraient à qui mieux mieux sur leurs cordons avec leurs doigts rouges et glacés, pour les fixer à leurs pieds, on ne pouvait cependant surprendre sur leurs figures sérieuses, penchées jusqu’à leurs genoux, aucun rêve de patins d’acier, d’un usage plus sûr et plus commode. Non, ces patins de bois leur suffisaient ; aucune vision ambitieuse ne venait troubler la satisfaction intérieure dont ils étaient remplis.

Au bout d’un instant, le jeune garçon se releva. Ses patins, à lui, étaient assujettis. Il fit le mouvement de bras d’un patineur qui prépare son élan ; et après avoir laissé tomber un insouciant : « Venez-vous, Gretel ? » Il glissa légèrement à travers le canal.

« Hans ! Hans ! lui cria sa sœur d’un ton plaintif, je n’en viendrai jamais à bout ; mon pied me fait encore trop mal. Vous savez que les cordons m’ont blessée à la cheville, le dernier jour de marché, et je ne puis les endurer attachés à la même place.

— Nouez-les un peu plus haut, répondit Hans qui continua à patiner sans la regarder.

— Mais je ne peux pas ; pour être noué plus haut, le cordon est trop court. »

Le frère fit entendre un coup de sifflet tout hollandais qui n’exprimait aucune mauvaise humeur, mais qui voulait dire :

« Que les filles sont donc ennuyeuses ! »

Il revint pourtant vers sa sœur :

« Êtes-vous sotte, Gretel ? lui dit-il, de porter des souliers de cette espèce, quand vous en avez une bonne paire de cuir tout neufs à la maison ! Autant vaudraient vos sabots.

— Comment ! Hans, vous oubliez donc que le père a jeté dans le feu mes beaux souliers neufs. Ne les avez-vous pas vus tout recroquevillés au milieu de la tourbe rouge, avant que j’aie pu les en retirer. Je puis encore patiner avec ceux-ci, mais avec mes sabots je ne le pourrais pas. Prenez garde à ma cheville, Hans. »

Hans avait tiré un cordon de sa poche. Il s’agenouilla devant sa sœur et, tout en fredonnant un refrain monotone, sa main solide se mit en devoir d’attacher le patin de Gretel.

« Aïe ! aïe ! cria-t-elle, car il la faisait réellement souffrir, ne serrez pas si fort ! »

Hans desserra le cordon avec un mouvement d’impatience ; il l’eût même détaché tout à fait et jeté au loin, en frère bourru qu’il était, s’il n’eût aperçu une larme coulant sur les joues de la petite fille.

« Je vais l’arranger, Gretel, n’ayez pas peur, dit-il avec une tendresse soudaine. Mais dépêchons-nous ; la mère aura besoin de nous bientôt. »

Il jeta autour de lui un regard investigateur, inspecta d’abord le sol, puis les branches dénudées d’un saule qui se balançaient au-dessus de sa tête, et de là porta les yeux sur le ciel déjà resplendissant et coupé à cette heure de larges bandes bleues, pourpres et or. Mais n’ayant trouvé dans ces hautes régions rien qui répondît à ce qui l’occupait, pour le moment, il reporta ses regards sur les pieds de sa sœur. Cette vue lui inspira sans doute une bonne idée ; ses yeux brillèrent tout à coup et il prit l’air de quelqu’un qui sait fort bien ce qu’il a à faire.

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