Author: | JAMES FENIMORE COOPER | ISBN: | 1230001376821 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | October 8, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | JAMES FENIMORE COOPER |
ISBN: | 1230001376821 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | October 8, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Cette incertitude commença à jeter le gouverneur dans une grande perplexité. Si les pirates avaient eu l’idée de diriger leur attaque sur un autre point, et d’arriver au Récif par l’une des passes du vent ? Sans doute Waally ne les connaissait pas, et il n’avait pu naturellement indiquer d’autre route que celle qu’il avait toujours suivie lui-même ; mais ne pouvait-il pas se trouver à bord quelque marin expérimenté, qui suppléât au défaut de sagacité des sauvages ? Ce changement de direction eût été d’autant plus fatal que c’était le côté faible de la place, celui qui réunissait le moins de moyens de défense, précisément parce qu’il était d’un abord plus difficile ; et c’était là que se trouvaient leurs plus grandes richesses, parce qu’on les avait crues plus en sûreté.
Sous l’impression de cette nouvelle idée, Marc eut bientôt fait de nouvelles dispositions. Une des chaloupes eut ordre d’aller par la rade du nord, à travers les îlots, jusqu’au Récif ; une autre fut laissée en croisière devant l’Aiguille, et l’Anna et la Marthe commencèrent de conserve une course des plus rapides, toujours à la recherche des pirates. Si le gouverneur les voyait une fois, il était bien décidé à ne pas les quitter qu’il ne fût parvenu à s’assurer de leurs projets.
Il y avait sept heures que l’Anna et la Marthe couraient à deux lieues de distance l’une de l’autre, dans la direction de l’île Rancocus, sans avoir fait de nouvelles découvertes. Le gouverneur, n’y comprenant rien, dit à Betts de poursuivre la même route encore quelque temps, et il lui donna rendez-vous pour le lendemain matin à la Pointe de l’Aiguille. Quant à lui, il se décida à aller en personne au Pic voir si l’on n’y saurait pas quelque chose de nouveau, et conférer avec Heaton. Vers quatre heures du matin, l’Anna entrait dans l’Anse Mignonne : tout y était tranquille. La Neshamony même n’avait pas encore paru. À peine arriver, le gouverneur se vit entouré de la plupart des femmes qui accouraient impatiemment demander des nouvelles de leurs maris. Marc dit tout ce qu’il savait, et cette courte entrevue soulagea bien des inquiétudes. Brigitte, malgré son désir, ne fit aucun effort pour retenir son mari ; et, vers huit heures, l’Anna remettait à la voile.
À dix heures, le gouverneur avait la pointe de l’Aiguille en vue. Trois chaloupes, échelonnées de distance en distance, faisaient bonne garde. Dès qu’il fut à proximité, on lui signala une voile, qu’on voyait venir de loin à travers les passes intérieures. Le gouverneur ne tarda pas à reconnaître l’Abraham, mais quand les deux schooners furent bord à bord, il n’obtint pas de renseignements plus précis. Bigelow qui commandait l’Abraham, avait parcouru toute la côte du vent pour rallier les baleiniers, et les conduire à la Baie du Vent, et il venait prendre les ordres du gouverneur.
Comme l’Abraham n’était pas un des meilleurs voiliers, le gouverneur ne l’envoya pas en pleine mer à la recherche des pirates. Il dit à Bigelow de suivre la côte du vent, et de s’en tenir assez près pour qu’on ne pût lui couper la communication avec la terre. Aucune voile ne pouvait approcher de la côte sans être vue de loin, et Bigelow connaissait si bien tous les canaux qu’il pourrait non-seulement rentrer, dès qu’il le voudrait, mais encore répandre dans tout le groupe des îles les renseignements qu’il pourrait recueillir sur la marche et sur les intentions des pirates.
Au lieu du rendez-vous, le gouverneur trouva tous ses bâtiments réunis, à l’exception de la Neshamony qui n’avait pas encore reparu. Les rapports qui lui furent faits étaient toujours les mêmes : on n’avait pas vu les étrangers. Une chaloupe qui revenait du Cratère, assura qu’on ne les avait signalés nulle part, et que les colons continuaient avec ardeur leurs préparatifs de défense. Marc ne savait qu’imaginer, et ce profond mystère qui enveloppait les opérations de ses ennemis l’inquiétait profondément. Il brûlait d’aller à leur rencontre, et maintenant ce n’était que du côté sous le vent qu’il pouvait attendre des nouvelles. La Neshamony ne pouvait pas tarder à rentrer, et la Marthe ne devait plus être loin. Si Marc était inquiet, c’était parce qu’il supposait que quelques-uns des Kannakas qui avaient été employés par les colons, pouvaient être avec Waally. Ils connaissaient tous les tours et détours des canaux, ainsi que la profondeur de l’eau dans chaque passe ; et si ce n’étaient point de bien sûrs pilotes, ils pouvaient du moins donner des renseignements à l’aide desquels des mains habiles sauraient se diriger à travers les îlots. Alors les pirates pourraient fondre à l’improviste sur différents points, et tout balayer devant eux. Malgré les précautions que le gouverneur avait prises pour faire surveiller toutes les passes, il ne pouvait se défendre des plus vives appréhensions.
Enfin il se crut au moment de voir cesser ses incertitudes. On signala en même temps la Marthe et la Neshamomy ; et, au bout d’une demi-heure, les capitaines venaient faire leurs rapports, qui n’étaient guère plus concluants que les autres. La Neshamony arrivait de l’île Rancocus : les pirates n’étaient pas restés longtemps après le départ de Bigelow et de ses compagnons. Ayant accompli toutes les dévastations qu’ils avaient pu, ils avaient remis à la voile et s’étaient dirigés vers le sud en inclinant un peu vers l’ouest, comme s’ils voulaient aller au volcan.
Extrait :
Cette incertitude commença à jeter le gouverneur dans une grande perplexité. Si les pirates avaient eu l’idée de diriger leur attaque sur un autre point, et d’arriver au Récif par l’une des passes du vent ? Sans doute Waally ne les connaissait pas, et il n’avait pu naturellement indiquer d’autre route que celle qu’il avait toujours suivie lui-même ; mais ne pouvait-il pas se trouver à bord quelque marin expérimenté, qui suppléât au défaut de sagacité des sauvages ? Ce changement de direction eût été d’autant plus fatal que c’était le côté faible de la place, celui qui réunissait le moins de moyens de défense, précisément parce qu’il était d’un abord plus difficile ; et c’était là que se trouvaient leurs plus grandes richesses, parce qu’on les avait crues plus en sûreté.
Sous l’impression de cette nouvelle idée, Marc eut bientôt fait de nouvelles dispositions. Une des chaloupes eut ordre d’aller par la rade du nord, à travers les îlots, jusqu’au Récif ; une autre fut laissée en croisière devant l’Aiguille, et l’Anna et la Marthe commencèrent de conserve une course des plus rapides, toujours à la recherche des pirates. Si le gouverneur les voyait une fois, il était bien décidé à ne pas les quitter qu’il ne fût parvenu à s’assurer de leurs projets.
Il y avait sept heures que l’Anna et la Marthe couraient à deux lieues de distance l’une de l’autre, dans la direction de l’île Rancocus, sans avoir fait de nouvelles découvertes. Le gouverneur, n’y comprenant rien, dit à Betts de poursuivre la même route encore quelque temps, et il lui donna rendez-vous pour le lendemain matin à la Pointe de l’Aiguille. Quant à lui, il se décida à aller en personne au Pic voir si l’on n’y saurait pas quelque chose de nouveau, et conférer avec Heaton. Vers quatre heures du matin, l’Anna entrait dans l’Anse Mignonne : tout y était tranquille. La Neshamony même n’avait pas encore paru. À peine arriver, le gouverneur se vit entouré de la plupart des femmes qui accouraient impatiemment demander des nouvelles de leurs maris. Marc dit tout ce qu’il savait, et cette courte entrevue soulagea bien des inquiétudes. Brigitte, malgré son désir, ne fit aucun effort pour retenir son mari ; et, vers huit heures, l’Anna remettait à la voile.
À dix heures, le gouverneur avait la pointe de l’Aiguille en vue. Trois chaloupes, échelonnées de distance en distance, faisaient bonne garde. Dès qu’il fut à proximité, on lui signala une voile, qu’on voyait venir de loin à travers les passes intérieures. Le gouverneur ne tarda pas à reconnaître l’Abraham, mais quand les deux schooners furent bord à bord, il n’obtint pas de renseignements plus précis. Bigelow qui commandait l’Abraham, avait parcouru toute la côte du vent pour rallier les baleiniers, et les conduire à la Baie du Vent, et il venait prendre les ordres du gouverneur.
Comme l’Abraham n’était pas un des meilleurs voiliers, le gouverneur ne l’envoya pas en pleine mer à la recherche des pirates. Il dit à Bigelow de suivre la côte du vent, et de s’en tenir assez près pour qu’on ne pût lui couper la communication avec la terre. Aucune voile ne pouvait approcher de la côte sans être vue de loin, et Bigelow connaissait si bien tous les canaux qu’il pourrait non-seulement rentrer, dès qu’il le voudrait, mais encore répandre dans tout le groupe des îles les renseignements qu’il pourrait recueillir sur la marche et sur les intentions des pirates.
Au lieu du rendez-vous, le gouverneur trouva tous ses bâtiments réunis, à l’exception de la Neshamony qui n’avait pas encore reparu. Les rapports qui lui furent faits étaient toujours les mêmes : on n’avait pas vu les étrangers. Une chaloupe qui revenait du Cratère, assura qu’on ne les avait signalés nulle part, et que les colons continuaient avec ardeur leurs préparatifs de défense. Marc ne savait qu’imaginer, et ce profond mystère qui enveloppait les opérations de ses ennemis l’inquiétait profondément. Il brûlait d’aller à leur rencontre, et maintenant ce n’était que du côté sous le vent qu’il pouvait attendre des nouvelles. La Neshamony ne pouvait pas tarder à rentrer, et la Marthe ne devait plus être loin. Si Marc était inquiet, c’était parce qu’il supposait que quelques-uns des Kannakas qui avaient été employés par les colons, pouvaient être avec Waally. Ils connaissaient tous les tours et détours des canaux, ainsi que la profondeur de l’eau dans chaque passe ; et si ce n’étaient point de bien sûrs pilotes, ils pouvaient du moins donner des renseignements à l’aide desquels des mains habiles sauraient se diriger à travers les îlots. Alors les pirates pourraient fondre à l’improviste sur différents points, et tout balayer devant eux. Malgré les précautions que le gouverneur avait prises pour faire surveiller toutes les passes, il ne pouvait se défendre des plus vives appréhensions.
Enfin il se crut au moment de voir cesser ses incertitudes. On signala en même temps la Marthe et la Neshamomy ; et, au bout d’une demi-heure, les capitaines venaient faire leurs rapports, qui n’étaient guère plus concluants que les autres. La Neshamony arrivait de l’île Rancocus : les pirates n’étaient pas restés longtemps après le départ de Bigelow et de ses compagnons. Ayant accompli toutes les dévastations qu’ils avaient pu, ils avaient remis à la voile et s’étaient dirigés vers le sud en inclinant un peu vers l’ouest, comme s’ils voulaient aller au volcan.