TECHNIQUE ET RATIONALITÉ CHEZ HORKHEIMER

Esquisse d’une éthique du développement

Les analyses sur la technique moderne sont légions, des ontologies aux évaluations contemporaines, en passant par les phénoménologies de la technique, toutes se préoccupent essentiellement de dévoiler l’être de la technique et d’en évaluer les applications pratiques. Mais sous ce dernier aspect, l’on n’a pas assez insisté sur ce que la technique pouvait avoir comme incidence, dans son développement comme dans son déploiement, sur la source même de la pensée, à savoir la raison.

Ce que nous voudrions précisément dire, c’est que rarement, une mouvance de pensée autant que l’École de Francfort, avec son leader charismatique Max Horkheimer, n’a déployé autant d’énergie pour mettre à nu le rapport ambigu entre la technique et la raison.

Que l’École de Francfort ait suffisamment parlé de la raison, cela ne fait l’ombre d’aucun doute tant les récurrences de ce terme sont remarquables dans les textes de presque tous les membres de l’«Institut für Sozialforschung» devenu plus tard l’École de Francfort. Cependant, il peut paraître surprenant de trouver chez un philosophe comme Horkheimer et son     École matière à penser la technique tant leur pensée fut très souvent assimilée à une critique de la politique, entretenant ainsi la confusion entre une réflexion purement philosophique et une étude sociopolitique. Mais au-delà de ce qui peut paraître comme une querelle de l’identité théorique de l’École de Francfort, l’on doit être attentif à un fait, c’est que la critique de la situation bourgeoise de l’histoire liée au contexte de domination qu’elle développait a mis au jour l’élément moteur de cette situation, à savoir la révolution industrielle du XVIIIe siècle.