Le Vieillard des tombeaux

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Le Vieillard des tombeaux by Walter Scott, GILBERT TEROL
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Author: Walter Scott ISBN: 1230002801216
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 6, 2018
Imprint: Language: French
Author: Walter Scott
ISBN: 1230002801216
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 6, 2018
Imprint:
Language: French

« Nous avons fait un prisonnier, mon cher oncle, dit Édith, un prisonnier blessé, et il va nous échapper ; il faut que vous nous aidiez à le retenir de force. — Lord Evandale ! s’écria le vieux soldat ; ah ! j’éprouve autant de plaisir que quand j’obtins mon premier grade ; Claverhouse nous avait dit que vous étiez mort, ou à peu près. — J’eusse péri en effet sans un de vos amis, » dit lord Evandale avec quelque émotion et en baissant les yeux, comme pour éviter de voir l’impression que ferait sur miss Bellenden ce qu’il allait dire. « J’étais démonté et sans défense, et l’épée était déjà levée sur moi, quand le jeune Morton, le prisonnier en faveur duquel vous vous êtes vous-même intéressé hier, est intervenu de la manière la plus généreuse, m’a sauvé la vie et donné les moyens de m’échapper. »

En finissant cette phrase, une pénible curiosité triompha de sa première résolution ; il leva les yeux vers Édith, et crut lire dans l’éclat de ses joues et dans le feu de ses regards qu’elle apprenait avec joie que son amant était vivant et libre, et s’était montré reconnaissant de l’intérêt qu’on lui avait montré. Tels étaient en effet ses sentiments ; mais ils étaient aussi mêlés d’admiration pour la franchise avec laquelle lord Evandale s’empressait de rendre hommage au mérite de son heureux rival, et d’avouer un service que, selon toute probabilité, il eût mieux aimé devoir à tout autre.

Le major Bellenden, qui n’eût jamais remarqué les émotions des deux amants, quand bien même elles eussent été beaucoup plus évidentes, se contenta de dire : « Puisque Henri Morton a quelque autorité sur cette race odieuse, je me réjouis qu’il en ait usé ainsi ; mais j’espère qu’il quittera leur bande aussitôt qu’il le pourra. Oui, oui, je n’en puis douter ; je connais ses principes, je sais qu’il déteste leur saint jargon et leur hypocrisie ; je l’ai mille fois entendu rire de la pédanterie de ce vieux coquin de ministre presbytérien, Poundtext, qui, après avoir joui pendant tant d’années de l’indulgence du gouvernement, vient de reprendre ses véritables couleurs dès la première occasion, et d’aller avec les trois quarts de ses paroissiens, qu’il a endoctrinés, rejoindre l’armée des fanatiques. Mais comment vous êtes-vous échappé, milord, après avoir quitté le champ de bataille ? — En me sauvant au plus vite, comme eût fait un lâche chevalier, » répondit lord Evandale en souriant. « J’ai pris la route sur laquelle je croyais devoir rencontrer moins d’ennemis, et vous ne devineriez jamais où j’ai trouvé un asile pendant plusieurs heures ? — Au château de Bracklan peut-être, dit lady Marguerite, ou dans la maison de quelque autre loyal gentilhomme ? — Non, madame ; j’ai été repoussé sous divers prétextes de plus d’une maison de ce genre, parce qu’on craignait que l’ennemi ne vînt m’y chercher. Mais j’ai trouvé un abri dans la cabane d’une pauvre veuve dont le mari a été fusillé, il y a moins de trois mois, par un détachement de notre régiment, et dont deux fils sont en ce moment dans les rangs des insurgés. — Est-il possible ? dit lady Bellenden ; une femme fanatique a été capable d’une telle générosité ! Mais elle ne partage pas, je le suppose, les opinions de sa famille. — Loin de là, madame, continua le noble jeune homme ; elle est rigidement attachée aux principes de sa secte ; mais elle n’a vu que mon danger et ma détresse, et n’a consulté que les sentiments de l’humanité, oubliant que j’étais un Cavalier et un soldat. Elle a pansé mes blessures, m’a fait reposer sur son lit, m’a dérobé à une bande d’insurgés qui poursuivaient les fuyards, m’a donné à manger, et ne m’a pas permis de quitter mon asile avant d’être assurée que j’arriverais sans danger à ce château. — C’est une noble action, dit miss Bellenden, et je suis sûre que vous trouverez l’occasion de récompenser une telle générosité. — Oui, miss Bellenden, répliqua lord Evandale, j’ai pendant ce temps de malheur contracté des dettes de toutes parts pour des services qu’on m’a rendus. Mais quand je pourrai montrer ma reconnaissance, la bonne volonté ne me manquera pas. »

Tous se réunirent alors pour supplier lord Evandale de ne plus songer à quitter le château ; mais l’argument du major Bellenden fut le plus fort.

« Votre présence dans le château sera, sinon absolument nécessaire, du moins très-utile, milord, pour maintenir la discipline convenable parmi les cavaliers que Claverhouse a laissés ici en garnison, et qui, je dois le dire, ne semblent pas fort habitués à l’observer. Le colonel nous a autorisés à retenir tout officier de son régiment qui se présenterait ici. — C’est un argument irrésistible, dit lord Evandale, puisqu’il me prouve que mon séjour ici peut être utile, même dans le fâcheux état où je me trouve. — Quant à vos blessures, milord, dit le major, si ma sœur lady Bellenden veut se charger de combattre tout symptôme de fièvre qui pourrait se montrer, je vous réponds que mon vieux camarade Gédéon Pike pansera une blessure aussi bien que s’il était de la corporation des chirurgiens-barbiers. Il a eu assez d’occasions de s’exercer du temps de Montrose ; car, comme vous le pensez bien, nous avions à l’armée peu de chirurgiens qui eussent pris régulièrement leurs grades. Vous consentez donc à rester avec nous ? — Les motifs qui m’engageaient à quitter le château, » dit lord Evandale en jetant un regard sur Édith, quelque puissant qu’ils puissent être, doivent céder à ceux qui se fondent sur les services que je puis vous rendre. Oserais-je, major, vous demander communication des moyens et du plan de défense que vous avez préparés, ou me permettez-vous de vous accompagner pour examiner les travaux ? »

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« Nous avons fait un prisonnier, mon cher oncle, dit Édith, un prisonnier blessé, et il va nous échapper ; il faut que vous nous aidiez à le retenir de force. — Lord Evandale ! s’écria le vieux soldat ; ah ! j’éprouve autant de plaisir que quand j’obtins mon premier grade ; Claverhouse nous avait dit que vous étiez mort, ou à peu près. — J’eusse péri en effet sans un de vos amis, » dit lord Evandale avec quelque émotion et en baissant les yeux, comme pour éviter de voir l’impression que ferait sur miss Bellenden ce qu’il allait dire. « J’étais démonté et sans défense, et l’épée était déjà levée sur moi, quand le jeune Morton, le prisonnier en faveur duquel vous vous êtes vous-même intéressé hier, est intervenu de la manière la plus généreuse, m’a sauvé la vie et donné les moyens de m’échapper. »

En finissant cette phrase, une pénible curiosité triompha de sa première résolution ; il leva les yeux vers Édith, et crut lire dans l’éclat de ses joues et dans le feu de ses regards qu’elle apprenait avec joie que son amant était vivant et libre, et s’était montré reconnaissant de l’intérêt qu’on lui avait montré. Tels étaient en effet ses sentiments ; mais ils étaient aussi mêlés d’admiration pour la franchise avec laquelle lord Evandale s’empressait de rendre hommage au mérite de son heureux rival, et d’avouer un service que, selon toute probabilité, il eût mieux aimé devoir à tout autre.

Le major Bellenden, qui n’eût jamais remarqué les émotions des deux amants, quand bien même elles eussent été beaucoup plus évidentes, se contenta de dire : « Puisque Henri Morton a quelque autorité sur cette race odieuse, je me réjouis qu’il en ait usé ainsi ; mais j’espère qu’il quittera leur bande aussitôt qu’il le pourra. Oui, oui, je n’en puis douter ; je connais ses principes, je sais qu’il déteste leur saint jargon et leur hypocrisie ; je l’ai mille fois entendu rire de la pédanterie de ce vieux coquin de ministre presbytérien, Poundtext, qui, après avoir joui pendant tant d’années de l’indulgence du gouvernement, vient de reprendre ses véritables couleurs dès la première occasion, et d’aller avec les trois quarts de ses paroissiens, qu’il a endoctrinés, rejoindre l’armée des fanatiques. Mais comment vous êtes-vous échappé, milord, après avoir quitté le champ de bataille ? — En me sauvant au plus vite, comme eût fait un lâche chevalier, » répondit lord Evandale en souriant. « J’ai pris la route sur laquelle je croyais devoir rencontrer moins d’ennemis, et vous ne devineriez jamais où j’ai trouvé un asile pendant plusieurs heures ? — Au château de Bracklan peut-être, dit lady Marguerite, ou dans la maison de quelque autre loyal gentilhomme ? — Non, madame ; j’ai été repoussé sous divers prétextes de plus d’une maison de ce genre, parce qu’on craignait que l’ennemi ne vînt m’y chercher. Mais j’ai trouvé un abri dans la cabane d’une pauvre veuve dont le mari a été fusillé, il y a moins de trois mois, par un détachement de notre régiment, et dont deux fils sont en ce moment dans les rangs des insurgés. — Est-il possible ? dit lady Bellenden ; une femme fanatique a été capable d’une telle générosité ! Mais elle ne partage pas, je le suppose, les opinions de sa famille. — Loin de là, madame, continua le noble jeune homme ; elle est rigidement attachée aux principes de sa secte ; mais elle n’a vu que mon danger et ma détresse, et n’a consulté que les sentiments de l’humanité, oubliant que j’étais un Cavalier et un soldat. Elle a pansé mes blessures, m’a fait reposer sur son lit, m’a dérobé à une bande d’insurgés qui poursuivaient les fuyards, m’a donné à manger, et ne m’a pas permis de quitter mon asile avant d’être assurée que j’arriverais sans danger à ce château. — C’est une noble action, dit miss Bellenden, et je suis sûre que vous trouverez l’occasion de récompenser une telle générosité. — Oui, miss Bellenden, répliqua lord Evandale, j’ai pendant ce temps de malheur contracté des dettes de toutes parts pour des services qu’on m’a rendus. Mais quand je pourrai montrer ma reconnaissance, la bonne volonté ne me manquera pas. »

Tous se réunirent alors pour supplier lord Evandale de ne plus songer à quitter le château ; mais l’argument du major Bellenden fut le plus fort.

« Votre présence dans le château sera, sinon absolument nécessaire, du moins très-utile, milord, pour maintenir la discipline convenable parmi les cavaliers que Claverhouse a laissés ici en garnison, et qui, je dois le dire, ne semblent pas fort habitués à l’observer. Le colonel nous a autorisés à retenir tout officier de son régiment qui se présenterait ici. — C’est un argument irrésistible, dit lord Evandale, puisqu’il me prouve que mon séjour ici peut être utile, même dans le fâcheux état où je me trouve. — Quant à vos blessures, milord, dit le major, si ma sœur lady Bellenden veut se charger de combattre tout symptôme de fièvre qui pourrait se montrer, je vous réponds que mon vieux camarade Gédéon Pike pansera une blessure aussi bien que s’il était de la corporation des chirurgiens-barbiers. Il a eu assez d’occasions de s’exercer du temps de Montrose ; car, comme vous le pensez bien, nous avions à l’armée peu de chirurgiens qui eussent pris régulièrement leurs grades. Vous consentez donc à rester avec nous ? — Les motifs qui m’engageaient à quitter le château, » dit lord Evandale en jetant un regard sur Édith, quelque puissant qu’ils puissent être, doivent céder à ceux qui se fondent sur les services que je puis vous rendre. Oserais-je, major, vous demander communication des moyens et du plan de défense que vous avez préparés, ou me permettez-vous de vous accompagner pour examiner les travaux ? »

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