Le miroir de ma tante Marguerite

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Le miroir de ma tante Marguerite by WALTER SCOTT, GILBERT TEROL
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Author: WALTER SCOTT ISBN: 1230002801117
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 6, 2018
Imprint: Language: French
Author: WALTER SCOTT
ISBN: 1230002801117
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 6, 2018
Imprint:
Language: French

« Comme on ne recevait point de nouvelles de sir Philippe directement ni indirectement, elle éprouvait une espèce de consolation en songeant à cette même insouciance qui lui causait tant de peine. « Il est si étourdi, disait-elle cent fois par jour à sa sœur ; il n’écrit jamais lorsque tout va bien, c’est son habitude ; si quelque chose d’extraordinaire lui était arrivé, il nous l’aurait bien certainement appris. »

« Lady Bothwell écoutait sa sœur sans chercher à la consoler ; elle pensait probablement que même les plus mauvaises nouvelles de Flandre pourraient offrir quelque genre de consolation, et que la douairière lady Forester, si le hasard le voulait, pourrait jouir d’un bonheur inconnu à la femme du plus beau et du plus brillant chevalier d’Écosse. Cette conviction ne faisait qu’accroître de jour en jour, surtout depuis qu’on avait appris du quartier général que sir Philippe n’était plus avec l’armée, soit qu’il eût été tué, ou fait prisonnier à une des escarmouches dans lesquelles il aimait à se montrer, ou bien soit que, par quelque nouveau caprice, il eût quitté le service sans que personne ne pût l’assurer. Ce fut alors que ses créanciers se montrèrent exigeants ; ils s’emparèrent de ses biens, et menaçaient même de le faire prendre, s’il osait se montrer en Écosse. Ces désagréments mettaient le comble à la mauvaise humeur de lady Bothwell contre le mari fugitif, et sa sœur ne voyait dans tout cela qu’un motif de plus pour ajouter à la douleur qu’elle ressentait, de l’absence de celui que son imagination, dans ce moment, lui représentait galant, brillant, tendre enfin comme il était avant son mariage.

« À cette époque vint se fixer à Édimbourg un homme d’un singulier caractère. On lui donnait le nom de docteur de Padoue, parce qu’il avait fait ses études à cette célèbre université. On le disait possesseur de plusieurs recettes en médecine avec lesquelles, prétendait-on, il avait fait des cures merveilleuses ; mais en même temps que les médecins d’Édimbourg lui donnaient le nom de charlatan, il y eut beaucoup de personnes et une partie du clergé qui, tout en admettant la vérité de ses cures et la puissance de ses remèdes, affirmèrent que le docteur Battisto d’Amiotti se servait de charmes et d’un art illicite pour obtenir de grands succès dans sa profession. On défendit en chaire de recourir à lui pour recouvrer la santé par des moyens surnaturels ; mais la protection que le docteur trouva auprès d’amis puissants lui permit de braver ces fâcheuses imputations, et il passa, même dans la cité d’Édimbourg, renommée par son horreur de la sorcellerie et des nécromanciens, pour le dangereux interprète de l’avenir. Enfin, on allait jusqu’à dire, que pour certaines gratifications qui bien entendu lui devaient être considérables, le docteur Battisto pouvait prédire le sort des absents et leur occupation du moment. Cette nouvelle parvint aux oreilles de lady Forester dont le désespoir était arrivé à un point où l’on risque tout pour obtenir une certitude quelconque. Douce et timide dans toutes Les circonstances ordinaires de La vie, l’état de son esprit la rendit énergique et pleine de hardiesse. Lady Bothwell ne fut pas peu surprise de l’entendre exprimer la résolution qu’elle avait prise de faire une visite à cet homme, pour qu’il lui fît connaître le sort de son mari. Lady Bothwell essaya de la convaincre de toute l’inconvenance d’une pareille démarche et de l’imposture de cet étranger.

« Il m’importe peu », dit la malheureuse femme abandonnée, « qu’on me blâme ou qu’on me trouve ridicule ; s’il y a une chance sur cent pour que je puisse avoir quelques renseignements sur le sort de mon mari, je ne manquerai pas de la tenter, au prix de tout ce que le monde pourrait m’offrir. »

« Lady Bothwell chercha ensuite à lui persuader qu’elle offensait Dieu en ayant recours à de tels moyens.

« Ma sœur, lui disait-elle, celui qui meurt de soif ne craint pas de se désaltérer même à une source empoisonnée ; celle qui souffre de l’incertitude doit chercher à en sortir, quand même les moyens qu’elle emploie sont défendus et viendraient de l’enfer. Je veux connaître mon sort ce soir ; le soleil qui se lèvera demain me verra, sinon plus heureuse, au moins plus résignée.

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« Comme on ne recevait point de nouvelles de sir Philippe directement ni indirectement, elle éprouvait une espèce de consolation en songeant à cette même insouciance qui lui causait tant de peine. « Il est si étourdi, disait-elle cent fois par jour à sa sœur ; il n’écrit jamais lorsque tout va bien, c’est son habitude ; si quelque chose d’extraordinaire lui était arrivé, il nous l’aurait bien certainement appris. »

« Lady Bothwell écoutait sa sœur sans chercher à la consoler ; elle pensait probablement que même les plus mauvaises nouvelles de Flandre pourraient offrir quelque genre de consolation, et que la douairière lady Forester, si le hasard le voulait, pourrait jouir d’un bonheur inconnu à la femme du plus beau et du plus brillant chevalier d’Écosse. Cette conviction ne faisait qu’accroître de jour en jour, surtout depuis qu’on avait appris du quartier général que sir Philippe n’était plus avec l’armée, soit qu’il eût été tué, ou fait prisonnier à une des escarmouches dans lesquelles il aimait à se montrer, ou bien soit que, par quelque nouveau caprice, il eût quitté le service sans que personne ne pût l’assurer. Ce fut alors que ses créanciers se montrèrent exigeants ; ils s’emparèrent de ses biens, et menaçaient même de le faire prendre, s’il osait se montrer en Écosse. Ces désagréments mettaient le comble à la mauvaise humeur de lady Bothwell contre le mari fugitif, et sa sœur ne voyait dans tout cela qu’un motif de plus pour ajouter à la douleur qu’elle ressentait, de l’absence de celui que son imagination, dans ce moment, lui représentait galant, brillant, tendre enfin comme il était avant son mariage.

« À cette époque vint se fixer à Édimbourg un homme d’un singulier caractère. On lui donnait le nom de docteur de Padoue, parce qu’il avait fait ses études à cette célèbre université. On le disait possesseur de plusieurs recettes en médecine avec lesquelles, prétendait-on, il avait fait des cures merveilleuses ; mais en même temps que les médecins d’Édimbourg lui donnaient le nom de charlatan, il y eut beaucoup de personnes et une partie du clergé qui, tout en admettant la vérité de ses cures et la puissance de ses remèdes, affirmèrent que le docteur Battisto d’Amiotti se servait de charmes et d’un art illicite pour obtenir de grands succès dans sa profession. On défendit en chaire de recourir à lui pour recouvrer la santé par des moyens surnaturels ; mais la protection que le docteur trouva auprès d’amis puissants lui permit de braver ces fâcheuses imputations, et il passa, même dans la cité d’Édimbourg, renommée par son horreur de la sorcellerie et des nécromanciens, pour le dangereux interprète de l’avenir. Enfin, on allait jusqu’à dire, que pour certaines gratifications qui bien entendu lui devaient être considérables, le docteur Battisto pouvait prédire le sort des absents et leur occupation du moment. Cette nouvelle parvint aux oreilles de lady Forester dont le désespoir était arrivé à un point où l’on risque tout pour obtenir une certitude quelconque. Douce et timide dans toutes Les circonstances ordinaires de La vie, l’état de son esprit la rendit énergique et pleine de hardiesse. Lady Bothwell ne fut pas peu surprise de l’entendre exprimer la résolution qu’elle avait prise de faire une visite à cet homme, pour qu’il lui fît connaître le sort de son mari. Lady Bothwell essaya de la convaincre de toute l’inconvenance d’une pareille démarche et de l’imposture de cet étranger.

« Il m’importe peu », dit la malheureuse femme abandonnée, « qu’on me blâme ou qu’on me trouve ridicule ; s’il y a une chance sur cent pour que je puisse avoir quelques renseignements sur le sort de mon mari, je ne manquerai pas de la tenter, au prix de tout ce que le monde pourrait m’offrir. »

« Lady Bothwell chercha ensuite à lui persuader qu’elle offensait Dieu en ayant recours à de tels moyens.

« Ma sœur, lui disait-elle, celui qui meurt de soif ne craint pas de se désaltérer même à une source empoisonnée ; celle qui souffre de l’incertitude doit chercher à en sortir, quand même les moyens qu’elle emploie sont défendus et viendraient de l’enfer. Je veux connaître mon sort ce soir ; le soleil qui se lèvera demain me verra, sinon plus heureuse, au moins plus résignée.

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