Histoire du roi Gonzalve

Romance, Erotica
Cover of the book Histoire du roi Gonzalve by PIERRE LOUYS, GILBERT TEROL
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Author: PIERRE LOUYS ISBN: 1230002783673
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 3, 2018
Imprint: Language: French
Author: PIERRE LOUYS
ISBN: 1230002783673
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 3, 2018
Imprint:
Language: French

Il était une fois un Roi et une Reine qui eurent douze filles en dix ans.

Quand l’aînée eut dix-huit ans et la plus jeune sept et demi, le saint confesseur des douze princesses demanda une audience au Roi, une audience particulière. Il l’obtint un soir, toutes portes fermées.

« Sire, lui dit-il, je ne saurais, même à vous, révéler un secret du confessionnal ; mais il m’est revenu par ouï-dire que le Malin tente Leurs Altesses…

— En vain, monsieur l’abbé ?

— En vain. Cependant, afin d’échapper à la tentation, elles se livrent toutes à certaines pratiques… parfois solitaires… parfois non…

— Qu’entendez-vous par là ? Recevraient-elles…

— Personne ! mais ces pratiques, dont Votre Majesté ne peut concevoir les détails, se perpètrent en commun. Bref, Leurs Altesses, nuit et jour, ne songent qu’aux désirs de la chair et aux moyens furtifs de les apaiser.

— Je vous remercie, monsieur l’Abbé, dit le Roi. Cette question ne concerne que mon autorité. Allez trouver la Reine. Dites-lui que son récent projet de passer quelques mois dans un monastère ne me déplaît pas. Je l’approuve dès ce soir. Conduisez la vous-même à cent lieues d’ici, et restez auprès d’elle ; soyez le confesseur de Sa Majesté. Cette charge de premier rang est la grâce que j’accorde à vos bons offices. »

Dès que la Reine et le prélat eurent quitté le palais, le Roi Gonzalve fit appeler une demoiselle de la Cour, et, toutes portes fermées pour la seconde fois, il lui permit de s’agenouiller familièrement entre ses jambes.

« Le jour où je t’ai nommée fille damoiselle de Leurs Altesses, que t’ai-je dit, Chloris ? Tu rougis ?

— Que vous me faisiez la grâce de bander pour moi, Seigneur, encore que j’en fusse indigne.

— Ensuite ?

— Que je semblais moins indigne d’inspirer un désir, quand je me mis nue de la tête aux pieds.

— Ensuite ?

— Que mes façons de baiser étaient assez chaudes pour me faire pardonner la perte et absence de mon pucelage.

— Ensuite ?

— Que je n’étais pas moins pardonnable de savoir ouvrir mes fesses, prêter, ma langue ou ma bouche ; que l’on me soupçonnait d’être gousse, mais que vous me trouviez, Sire, assez tendre putain pour devenir fille d’honneur…

— De mes filles...

— Dès le lendemain, j’ai pu vous dire que toutes les douze étaient pucelles…

— Mais que tu n’avais rien à leur apprendre.

— Les filles du Roi savent tout sans avoir rien appris.

— Et pourquoi le Roi qui a tant appris ne sait-il pas tout ?

— Pour que j’aie le plaisir de lui dire le reste. »

Après un instant de silence, le Roi lui fit signe d’approcher et de parler à l’oreille ; ce qu’elle fit, toujours, agenouillée, dans ses bras.

« Elles sont à point. Laquelle voulez-vous pour cette nuit ?

— Comment devines-tu que je n’en veux qu’une ?

— Cœur d’amoureuse devine tout ce qu’on ne lui dit pas.

— Même celle des douze que je vais nommer ?

— Oui ; et que votre choix m’est assez connu pour que j’ose vous le souffler tout bas.

— Si c’était toi ?

— Non, Sire, vous êtes trop bon et plus que je ne suis sotte. Puis-je tenter de lire dans vos yeux celle que vous choisiriez vous-même ? »

Les douze princesses portaient de simples noms : Prima, 18 ans ; Secunda, 17 ; Tertia, 16 ; Quarta et Quinta, jumelles, 15 ; Sexta, 14 ; Septima, 13 ; Octava, 12 ; Nona, 11 ; Decima, 10 ; Puella, 9 ; Parvula, 7 1/2.

— Pas si tôt, répondit le Roi. Quelle est la pire des douze ?

— Toutes.

— Diable !

— Elles ont pris pour maxime morale : « Branlez-vous les unes les autres » et ne jouent à aucun jeu qui ne se termine ainsi.

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Il était une fois un Roi et une Reine qui eurent douze filles en dix ans.

Quand l’aînée eut dix-huit ans et la plus jeune sept et demi, le saint confesseur des douze princesses demanda une audience au Roi, une audience particulière. Il l’obtint un soir, toutes portes fermées.

« Sire, lui dit-il, je ne saurais, même à vous, révéler un secret du confessionnal ; mais il m’est revenu par ouï-dire que le Malin tente Leurs Altesses…

— En vain, monsieur l’abbé ?

— En vain. Cependant, afin d’échapper à la tentation, elles se livrent toutes à certaines pratiques… parfois solitaires… parfois non…

— Qu’entendez-vous par là ? Recevraient-elles…

— Personne ! mais ces pratiques, dont Votre Majesté ne peut concevoir les détails, se perpètrent en commun. Bref, Leurs Altesses, nuit et jour, ne songent qu’aux désirs de la chair et aux moyens furtifs de les apaiser.

— Je vous remercie, monsieur l’Abbé, dit le Roi. Cette question ne concerne que mon autorité. Allez trouver la Reine. Dites-lui que son récent projet de passer quelques mois dans un monastère ne me déplaît pas. Je l’approuve dès ce soir. Conduisez la vous-même à cent lieues d’ici, et restez auprès d’elle ; soyez le confesseur de Sa Majesté. Cette charge de premier rang est la grâce que j’accorde à vos bons offices. »

Dès que la Reine et le prélat eurent quitté le palais, le Roi Gonzalve fit appeler une demoiselle de la Cour, et, toutes portes fermées pour la seconde fois, il lui permit de s’agenouiller familièrement entre ses jambes.

« Le jour où je t’ai nommée fille damoiselle de Leurs Altesses, que t’ai-je dit, Chloris ? Tu rougis ?

— Que vous me faisiez la grâce de bander pour moi, Seigneur, encore que j’en fusse indigne.

— Ensuite ?

— Que je semblais moins indigne d’inspirer un désir, quand je me mis nue de la tête aux pieds.

— Ensuite ?

— Que mes façons de baiser étaient assez chaudes pour me faire pardonner la perte et absence de mon pucelage.

— Ensuite ?

— Que je n’étais pas moins pardonnable de savoir ouvrir mes fesses, prêter, ma langue ou ma bouche ; que l’on me soupçonnait d’être gousse, mais que vous me trouviez, Sire, assez tendre putain pour devenir fille d’honneur…

— De mes filles...

— Dès le lendemain, j’ai pu vous dire que toutes les douze étaient pucelles…

— Mais que tu n’avais rien à leur apprendre.

— Les filles du Roi savent tout sans avoir rien appris.

— Et pourquoi le Roi qui a tant appris ne sait-il pas tout ?

— Pour que j’aie le plaisir de lui dire le reste. »

Après un instant de silence, le Roi lui fit signe d’approcher et de parler à l’oreille ; ce qu’elle fit, toujours, agenouillée, dans ses bras.

« Elles sont à point. Laquelle voulez-vous pour cette nuit ?

— Comment devines-tu que je n’en veux qu’une ?

— Cœur d’amoureuse devine tout ce qu’on ne lui dit pas.

— Même celle des douze que je vais nommer ?

— Oui ; et que votre choix m’est assez connu pour que j’ose vous le souffler tout bas.

— Si c’était toi ?

— Non, Sire, vous êtes trop bon et plus que je ne suis sotte. Puis-je tenter de lire dans vos yeux celle que vous choisiriez vous-même ? »

Les douze princesses portaient de simples noms : Prima, 18 ans ; Secunda, 17 ; Tertia, 16 ; Quarta et Quinta, jumelles, 15 ; Sexta, 14 ; Septima, 13 ; Octava, 12 ; Nona, 11 ; Decima, 10 ; Puella, 9 ; Parvula, 7 1/2.

— Pas si tôt, répondit le Roi. Quelle est la pire des douze ?

— Toutes.

— Diable !

— Elles ont pris pour maxime morale : « Branlez-vous les unes les autres » et ne jouent à aucun jeu qui ne se termine ainsi.

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