Fils d'emigre

Fiction & Literature, Classics, Historical, Literary
Cover of the book Fils d'emigre by Ernest Daudet, pb
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Author: Ernest Daudet ISBN: 1230000700825
Publisher: pb Publication: October 4, 2015
Imprint: Language: French
Author: Ernest Daudet
ISBN: 1230000700825
Publisher: pb
Publication: October 4, 2015
Imprint:
Language: French

— Viens, petite ! lui cria Bernard.
Elle obéit avec lenteur, un doigt sur ses lèvres, dévorant les fruits de
son regard candide. Alors, il lui dit :
— Veux-tu déjeuner avec moi ?
Comme elle ne répondait pas, Valleroy ajouta :
— Puisque M. le chevalier vous invite, acceptez, ma mignonne.
Elle hésitait encore. Mais Bernard tendit la main, a?ira l’enfant, l’obligea
à s’asseoir sur ses genoux, et, lui donnant une aile du poulet déjà
dépecée, il reprit :
— Mange donc, ma petite amie, et si tu as soif, bois.
Il lui offrait son verre. Elle y trempa ses lèvres et, sans se faire prier
davantage, mordit à belles dents sur le morceau de viande qu’elle tenait
au bout de ses doigts. Mais une voix grondeuse se fit entendre :
— N’as-tu pas de honte, Nina ? Est-il convenable qu’une demoiselle
de bonne maison s’a?able avec des inconnus ? Remercie ces messieurs et
viens près de moi.
À ces mots, Bernard releva la tête pour voir la personne qui venait
de parler. C’était une jeune femme, grande, mince et blonde, avec des
yeux très doux, coiffée d’un chapeau de paille à larges bords, vêtue d’une
robe en soie couleur feuille morte, jadis élégante, mais maintenant usée
aux coutures et toute fripée. Surprise et mécontente de la hardiesse de
l’enfant, elle la rappelait du geste et de la voix, avec des airs de colère
qui n’étaient qu’en surface et ne l’empêchèrent pas de sourire, quand elle
vit l’embarras de Nina partagée entre la nécessité d’obéir et le regret de
qui?er si vite le festin devant lequel elle venait de s’asseoir. Bernard s’était
levé, et s’avançant vers l’inconnue :
— Ne la grondez pas, madame : la pauvre petite avait refusé d’abord.
C’est moi qui l’ai obligée à accepter.
— Alors, monsieur, agréez mes remerciements.
— Je ne les accepterai, madame, que si vous perme?ez à votre fille de
rester avec nous et si vous vous joignez à elle pour partager notre repas.
Et relevant fièrement la tête, il ajouta, à demi-voix :
— On me nomme le chevalier Bernard de Malincourt.
L’inconnue s’inclina ; puis montrant Nina, qui, sûre de son consentement,
recommençait à manger :

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— Viens, petite ! lui cria Bernard.
Elle obéit avec lenteur, un doigt sur ses lèvres, dévorant les fruits de
son regard candide. Alors, il lui dit :
— Veux-tu déjeuner avec moi ?
Comme elle ne répondait pas, Valleroy ajouta :
— Puisque M. le chevalier vous invite, acceptez, ma mignonne.
Elle hésitait encore. Mais Bernard tendit la main, a?ira l’enfant, l’obligea
à s’asseoir sur ses genoux, et, lui donnant une aile du poulet déjà
dépecée, il reprit :
— Mange donc, ma petite amie, et si tu as soif, bois.
Il lui offrait son verre. Elle y trempa ses lèvres et, sans se faire prier
davantage, mordit à belles dents sur le morceau de viande qu’elle tenait
au bout de ses doigts. Mais une voix grondeuse se fit entendre :
— N’as-tu pas de honte, Nina ? Est-il convenable qu’une demoiselle
de bonne maison s’a?able avec des inconnus ? Remercie ces messieurs et
viens près de moi.
À ces mots, Bernard releva la tête pour voir la personne qui venait
de parler. C’était une jeune femme, grande, mince et blonde, avec des
yeux très doux, coiffée d’un chapeau de paille à larges bords, vêtue d’une
robe en soie couleur feuille morte, jadis élégante, mais maintenant usée
aux coutures et toute fripée. Surprise et mécontente de la hardiesse de
l’enfant, elle la rappelait du geste et de la voix, avec des airs de colère
qui n’étaient qu’en surface et ne l’empêchèrent pas de sourire, quand elle
vit l’embarras de Nina partagée entre la nécessité d’obéir et le regret de
qui?er si vite le festin devant lequel elle venait de s’asseoir. Bernard s’était
levé, et s’avançant vers l’inconnue :
— Ne la grondez pas, madame : la pauvre petite avait refusé d’abord.
C’est moi qui l’ai obligée à accepter.
— Alors, monsieur, agréez mes remerciements.
— Je ne les accepterai, madame, que si vous perme?ez à votre fille de
rester avec nous et si vous vous joignez à elle pour partager notre repas.
Et relevant fièrement la tête, il ajouta, à demi-voix :
— On me nomme le chevalier Bernard de Malincourt.
L’inconnue s’inclina ; puis montrant Nina, qui, sûre de son consentement,
recommençait à manger :

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