Author: | Pierre Corneille | ISBN: | 1230000229314 |
Publisher: | Pierre Corneille | Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Corneille |
ISBN: | 1230000229314 |
Publisher: | Pierre Corneille |
Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE I
Scène première
Placide.
Il est vrai, Cléobule, et je veux l'avouer,
La fortune me flatte assez pour m'en louer:
Mon père est gouverneur de toute la Syrie;
Et comme si c'était trop peu de flatterie,
Moi-même elle m'embrasse, et vient de me donner,
Tout jeune que je suis, l'Égypte à gouverner.
Certes, si je m'enflais de ces vaines fumées
Dont on voit à la cour tant d'âmes si charmées,
Si l'éclat des grandeurs avait pu me ravir,
J'aurais de quoi me plaire et de quoi m'assouvir.
Au-dessous des Césars, je suis ce qu'on peut être:
À moins que de leur rang le mien ne saurait croître;
Et pour haut qu'on ait mis des titres si sacrés,
On y monte souvent par de moindres degrés.
Mais ces honneurs pour moi ne sont qu'une infamie,
Parce que je les tiens d'une main ennemie,
Et leur plus doux appas qu'un excès de rigueur,
Parce que pour échange on veut avoir mon coeur.
On perd temps toutefois, ce coeur n'est point à vendre.
Marcelle, en vain par là tu crois gagner un gendre:
Ta Flavie à mes yeux fait toujours même horreur.
Ton frère Marcellin peut tout sur l'empereur;
Mon père est ton époux, et tu peux sur son âme
Ce que sur un mari doit pouvoir une femme:
Va plus outre, et par zèle ou par dextérité,
Joins le vouloir des dieux à leur autorité;
Assemble leur faveur, assemble leur colère:
Pour aimer je n'écoute empereur, dieux, ni père;
Et je la trouverais un objet odieux
Des mains de l'empereur, et d'un père, et des dieux.
Cléobule.
Quoique pour vous Marcelle ait le nom de marâtre,
Considérez, seigneur, qu'elle vous idolâtre:
Voyez d'un oeil plus sain ce que vous lui devez,
Les biens et les honneurs qu'elle vous a sauvés.
Quand Dioclétian fut maître de l'empire...
EXTRAIT:
ACTE I
Scène première
Placide.
Il est vrai, Cléobule, et je veux l'avouer,
La fortune me flatte assez pour m'en louer:
Mon père est gouverneur de toute la Syrie;
Et comme si c'était trop peu de flatterie,
Moi-même elle m'embrasse, et vient de me donner,
Tout jeune que je suis, l'Égypte à gouverner.
Certes, si je m'enflais de ces vaines fumées
Dont on voit à la cour tant d'âmes si charmées,
Si l'éclat des grandeurs avait pu me ravir,
J'aurais de quoi me plaire et de quoi m'assouvir.
Au-dessous des Césars, je suis ce qu'on peut être:
À moins que de leur rang le mien ne saurait croître;
Et pour haut qu'on ait mis des titres si sacrés,
On y monte souvent par de moindres degrés.
Mais ces honneurs pour moi ne sont qu'une infamie,
Parce que je les tiens d'une main ennemie,
Et leur plus doux appas qu'un excès de rigueur,
Parce que pour échange on veut avoir mon coeur.
On perd temps toutefois, ce coeur n'est point à vendre.
Marcelle, en vain par là tu crois gagner un gendre:
Ta Flavie à mes yeux fait toujours même horreur.
Ton frère Marcellin peut tout sur l'empereur;
Mon père est ton époux, et tu peux sur son âme
Ce que sur un mari doit pouvoir une femme:
Va plus outre, et par zèle ou par dextérité,
Joins le vouloir des dieux à leur autorité;
Assemble leur faveur, assemble leur colère:
Pour aimer je n'écoute empereur, dieux, ni père;
Et je la trouverais un objet odieux
Des mains de l'empereur, et d'un père, et des dieux.
Cléobule.
Quoique pour vous Marcelle ait le nom de marâtre,
Considérez, seigneur, qu'elle vous idolâtre:
Voyez d'un oeil plus sain ce que vous lui devez,
Les biens et les honneurs qu'elle vous a sauvés.
Quand Dioclétian fut maître de l'empire...