Author: | Pierre Corneille | ISBN: | 1230000229297 |
Publisher: | Pierre Corneille | Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre Corneille |
ISBN: | 1230000229297 |
Publisher: | Pierre Corneille |
Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
ACTE I
Scène I
Éraste, Tircis
Éraste
Je te l'avoue, ami, mon mal est incurable;
Je n'y sais qu'un remède, et j'en suis incapable
Le change serait juste, après tant de rigueur;
Mais malgré ses dédains, Mélite a tout mon coeur;
Elle a sur tous mes sens une entière puissance;
Si j'ose en murmurer, ce n'est qu'en son absence,
Et je ménage en vain dans un éloignement
Un peu de liberté pour mon ressentiment
D'un seul de ses regards l'adorable contrainte
Me rend tous mes liens, en resserre l'étreinte,
Et par un si doux charme aveugle ma raison,
Que je cherche mon mal et fuis ma guérison.
Son oeil agit sur moi d'une vertu si forte,
Qu'il ranime soudain mon espérance morte,
Combat les déplaisirs de mon coeur irrité,
Et soutient mon amour contre sa cruauté;
Mais ce flatteur espoir qu'il rejette en mon âme
N'est qu'un doux imposteur qu'autorise ma flamme,
Et qui, sans m'assurer ce qu'il semble m'offrir,
Me fait plaire en ma peine, et m'obstine à souffrir.
Tircis
Que je te trouve, ami, d'une humeur admirable!
Pour paraître éloquent tu te feins misérable:
Est-ce à dessein de voir avec quelles couleurs
saurais adoucir les traits de tes malheurs?
e t'imagine pas qu'ainsi sur ta parole,
D'une fausse douleur un ami te console:
Ce que chacun en dit ne m'a que trop appris
Que Mélite pour toi n'eut jamais de mépris.
Éraste
Son gracieux accueil et ma persévérance
Font naître ce faux bruit d'une vaine apparence
Ses mépris sont cachés, et s'en font mieux sentir,
Et n'étant point connus, on n'y peut compatir.
EXTRAIT:
ACTE I
Scène I
Éraste, Tircis
Éraste
Je te l'avoue, ami, mon mal est incurable;
Je n'y sais qu'un remède, et j'en suis incapable
Le change serait juste, après tant de rigueur;
Mais malgré ses dédains, Mélite a tout mon coeur;
Elle a sur tous mes sens une entière puissance;
Si j'ose en murmurer, ce n'est qu'en son absence,
Et je ménage en vain dans un éloignement
Un peu de liberté pour mon ressentiment
D'un seul de ses regards l'adorable contrainte
Me rend tous mes liens, en resserre l'étreinte,
Et par un si doux charme aveugle ma raison,
Que je cherche mon mal et fuis ma guérison.
Son oeil agit sur moi d'une vertu si forte,
Qu'il ranime soudain mon espérance morte,
Combat les déplaisirs de mon coeur irrité,
Et soutient mon amour contre sa cruauté;
Mais ce flatteur espoir qu'il rejette en mon âme
N'est qu'un doux imposteur qu'autorise ma flamme,
Et qui, sans m'assurer ce qu'il semble m'offrir,
Me fait plaire en ma peine, et m'obstine à souffrir.
Tircis
Que je te trouve, ami, d'une humeur admirable!
Pour paraître éloquent tu te feins misérable:
Est-ce à dessein de voir avec quelles couleurs
saurais adoucir les traits de tes malheurs?
e t'imagine pas qu'ainsi sur ta parole,
D'une fausse douleur un ami te console:
Ce que chacun en dit ne m'a que trop appris
Que Mélite pour toi n'eut jamais de mépris.
Éraste
Son gracieux accueil et ma persévérance
Font naître ce faux bruit d'une vaine apparence
Ses mépris sont cachés, et s'en font mieux sentir,
Et n'étant point connus, on n'y peut compatir.