Author: | Jules SANDEAU | ISBN: | 1230002239231 |
Publisher: | er | Publication: | March 28, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Jules SANDEAU |
ISBN: | 1230002239231 |
Publisher: | er |
Publication: | March 28, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Jules Sandeau est un romancier et auteur dramatique français, né à Aubusson (Creuse) le 19 février 1811 et mort à Paris le 24 avril 1883.
Extrait :
S’il arrive jamais qu’en traversant Poitiers, un de ces mille petits accidens dont se compose la vie humaine vous oblige de séjourner tout un jour en cette ville, où je suppose que vous n’avez ni parens, ni amis, ni intérêts qui vous appellent, vous serez pris infailliblement, au bout d’une heure ou deux, de ce morne et profond ennui qui enveloppe la province comme une atmosphère, et qu’on respire particulièrement dans la capitale du Poitou. Je ne sais guère, dans tout le royaume, que Bourges où ce fluide invisible, mille fois plus funeste que le mistral ou le sirocco, soit si pénétrant, si subtil, et s’infiltre dans tout votre être d’une façon plus soudaine et plus imprévue. Encore, à Bourges, avez-vous, pour conjurer le fléau, le pèlerinage à l’une des plus belles cathédrales qu’aient élevées l’art et la foi catholiques ; il y a là de quoi défrayer l’admiration durant une semaine et plus, sans parler de l’hôtel de Jacques Cœur, autre merveille, où vous pouvez, autre distraction, méditer à loisir sur l’ingratitude des rois. Enfin, le long de ces rues désertes où l’herbe croît entre les pavés, en face de ces grands hôtels tristement recueillis au fond de leur cour silencieuse, l’ennui revêt bientôt, à votre insu, un caractère de mélancolie qui n’est pas sans charme. Bourges a la poésie du cloître : Poitiers est un tombeau.
Jules Sandeau est un romancier et auteur dramatique français, né à Aubusson (Creuse) le 19 février 1811 et mort à Paris le 24 avril 1883.
Extrait :
S’il arrive jamais qu’en traversant Poitiers, un de ces mille petits accidens dont se compose la vie humaine vous oblige de séjourner tout un jour en cette ville, où je suppose que vous n’avez ni parens, ni amis, ni intérêts qui vous appellent, vous serez pris infailliblement, au bout d’une heure ou deux, de ce morne et profond ennui qui enveloppe la province comme une atmosphère, et qu’on respire particulièrement dans la capitale du Poitou. Je ne sais guère, dans tout le royaume, que Bourges où ce fluide invisible, mille fois plus funeste que le mistral ou le sirocco, soit si pénétrant, si subtil, et s’infiltre dans tout votre être d’une façon plus soudaine et plus imprévue. Encore, à Bourges, avez-vous, pour conjurer le fléau, le pèlerinage à l’une des plus belles cathédrales qu’aient élevées l’art et la foi catholiques ; il y a là de quoi défrayer l’admiration durant une semaine et plus, sans parler de l’hôtel de Jacques Cœur, autre merveille, où vous pouvez, autre distraction, méditer à loisir sur l’ingratitude des rois. Enfin, le long de ces rues désertes où l’herbe croît entre les pavés, en face de ces grands hôtels tristement recueillis au fond de leur cour silencieuse, l’ennui revêt bientôt, à votre insu, un caractère de mélancolie qui n’est pas sans charme. Bourges a la poésie du cloître : Poitiers est un tombeau.