Author: | Aristophane Aristophánês | ISBN: | 1230001712346 |
Publisher: | er | Publication: | June 10, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Aristophane Aristophánês |
ISBN: | 1230001712346 |
Publisher: | er |
Publication: | June 10, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Littérature antique, pièce de théâtre grec classique d’Aristophane (Aristophanes)
Extrait :
Cette comédie passe pour une des meilleures d’Aristophane ; c’est peut-être celle qui, pour le plan général, le développement des idées, la succession des scènes, se rapproche le plus d’une de nos pièces modernes ; mais c’est aussi la plus effrontée, la plus obscène, celle qui effarouche le plus la modestie d’un chaste lecteur. On a beau se rappeler que la licence était grande dans les sociétés anciennes, que la comédie est née du culte du phallus et que les femmes étaient exclues de ces représentations ; on a peine à comprendre que de pareilles scènes aient pu être jouées sur un théâtre public. Quand on lit Rabelais, dit M. Deschanel, on est bien étonné ; mais les obscénités de Rabelais restent enfermées dans un livre ; celles d’Aristophane s’étalent en paroles et en actions, à la face du soleil, devant trente mille spectateurs. Il faut donc reconnaître que si la morale, dans ses principes, ne varie pas, la pudeur et les bienséances varient selon les lieux, selon les temps, et qu’elles sont bien plus grandes chez nous que chez le peuple réputé le plus délicat de l’antiquité.
Après avoir constaté combien cette comédie est licencieuse, après avoir sévèrement reproché au poète toutes les énormités de parole, toutes les énormités d’action qu’il a introduites dans sa pièce et dont une traduction ne peut donner qu’une faible idée, nous devons reconnaître que le but qu’il poursuivait était parfaitement honnête. De même que dans ses trois autres pièces politiques, les Acharniens, les Chevaliers et la Paix, il voulait engager ses concitoyens à mettre fin à la guerre qui désolait la Grèce. On était en 412. La désastreuse expédition de Sicile avait eu lieu. On sait que les généraux Nicias et Démosthène, cernés par Gylippe sur les bords de l’Asinarus, avaient été contraints de mettre bas les armes, puis lapidés par les Syracusains; quant aux soldats qui avaient échappé à la fatigue, aux combats et à la peste, ils avaient été condamnés aux travaux des mines et des carrières, ou vendus comme esclaves. Athènes, abandonnée de ses alliés, était à bout de ressources. Le moment semblait donc plus que jamais opportun à Aristophane de terminer une guerre qui durait depuis plus de vingt ans.
Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.
Traducteur : André-Charles Brotier (né à Tannay (Nièvre), le 22 mai 1751 - mort à Cayenne, le 12 septembre 1798) est un mathématicien, botaniste et écrivain français.
Littérature antique, pièce de théâtre grec classique d’Aristophane (Aristophanes)
Extrait :
Cette comédie passe pour une des meilleures d’Aristophane ; c’est peut-être celle qui, pour le plan général, le développement des idées, la succession des scènes, se rapproche le plus d’une de nos pièces modernes ; mais c’est aussi la plus effrontée, la plus obscène, celle qui effarouche le plus la modestie d’un chaste lecteur. On a beau se rappeler que la licence était grande dans les sociétés anciennes, que la comédie est née du culte du phallus et que les femmes étaient exclues de ces représentations ; on a peine à comprendre que de pareilles scènes aient pu être jouées sur un théâtre public. Quand on lit Rabelais, dit M. Deschanel, on est bien étonné ; mais les obscénités de Rabelais restent enfermées dans un livre ; celles d’Aristophane s’étalent en paroles et en actions, à la face du soleil, devant trente mille spectateurs. Il faut donc reconnaître que si la morale, dans ses principes, ne varie pas, la pudeur et les bienséances varient selon les lieux, selon les temps, et qu’elles sont bien plus grandes chez nous que chez le peuple réputé le plus délicat de l’antiquité.
Après avoir constaté combien cette comédie est licencieuse, après avoir sévèrement reproché au poète toutes les énormités de parole, toutes les énormités d’action qu’il a introduites dans sa pièce et dont une traduction ne peut donner qu’une faible idée, nous devons reconnaître que le but qu’il poursuivait était parfaitement honnête. De même que dans ses trois autres pièces politiques, les Acharniens, les Chevaliers et la Paix, il voulait engager ses concitoyens à mettre fin à la guerre qui désolait la Grèce. On était en 412. La désastreuse expédition de Sicile avait eu lieu. On sait que les généraux Nicias et Démosthène, cernés par Gylippe sur les bords de l’Asinarus, avaient été contraints de mettre bas les armes, puis lapidés par les Syracusains; quant aux soldats qui avaient échappé à la fatigue, aux combats et à la peste, ils avaient été condamnés aux travaux des mines et des carrières, ou vendus comme esclaves. Athènes, abandonnée de ses alliés, était à bout de ressources. Le moment semblait donc plus que jamais opportun à Aristophane de terminer une guerre qui durait depuis plus de vingt ans.
Aristophane (en grec ancien Ἀριστοφάνης / Aristophánês) est un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C., né dans le dème de Cydathénéon vers -445 et mort entre -385 et -375. Son œuvre à elle seule représente ce qui nous reste de l'Ancienne Comédie, et coïncide avec les années glorieuses d'Athènes sous l'administration de Périclès et la longue et sombre période de la Guerre du Péloponnèse.
Traducteur : André-Charles Brotier (né à Tannay (Nièvre), le 22 mai 1751 - mort à Cayenne, le 12 septembre 1798) est un mathématicien, botaniste et écrivain français.