Le jour de Saint-Valentin

Romance, Contemporary
Cover of the book Le jour de Saint-Valentin by Walter Scott, GILBERT TEROL
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Author: Walter Scott ISBN: 1230002801636
Publisher: GILBERT TEROL Publication: November 6, 2018
Imprint: Language: French
Author: Walter Scott
ISBN: 1230002801636
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: November 6, 2018
Imprint:
Language: French

Elle se vêtit à la hâte ; et sans mettre dans ses vêtements autant d’ordre qu’à l’ordinaire, elle descendit l’escalier et ouvrit la porte de la chambre où, comme elle le pensait, son amant était resté depuis le combat de la nuit. Catherine s’arrêta à la porte et hésita un peu à l’idée d’exécuter son projet ; car la règle non-seulement permettait, mais encore enjoignait aux Valentins de commencer leur intimité par un baiser d’affection. On regardait comme un augure des plus favorables que l’un des deux pût trouver l’autre endormi et qu’il l’éveillât en accomplissant cette intéressante cérémonie.

Jamais plus belle occasion ne se présenta pour commencer cette union mystique que celle qui s’offrait à Catherine. Après bien des pensées différentes, le sommeil s’était enfin emparé du vigoureux armurier dans le fauteuil où il s’était étendu. Ses traits, tandis qu’il reposait ainsi, avaient une expression plus ferme et plus mâle que ne l’avait imaginé Catherine qui, le voyant toujours indécis entre la timidité et la crainte de lui déplaire, avait conçu une idée peu avantageuse en faveur de la fermeté de son esprit.

« Il a l’air bien sévère, dit-elle ; s’il allait se fâcher… Et puis quand il s’éveillera… Nous serons seuls… Si j’appelais Dorothée… Si j’avertissais mon père… Mais, non ! c’est une chose reçue, et qui se fait comme entre frère et sœur sans compromettre l’honneur d’une jeune fille. Je ne supposerai pas qu’Henri s’y puisse tromper ; et je ne souffrirai pas qu’une crainte puérile m’empêche de témoigner ma reconnaissance. »

En parlant ainsi, elle traversa l’appartement sur la pointe du pied, d’un pas léger quoique incertain, ses joues se couvrant d’un vif cramoisi à la seule idée de son intention ; et s’approchant du dormeur, elle laissa tomber sur ses lèvres un baiser aussi léger qu’une feuille de rose. Il ne fallait pas que ce sommeil fût bien profond pour qu’un contact aussi délicat pût l’interrompre, et les songes du jeune homme devaient sans doute rouler sur la cause de l’interruption, puisqu’Henri, se levant en sursaut, saisit la jeune fille dans ses bras et s’efforça de lui rendre, dans son ravissement, le gage d’amour qui avait troublé son repos. Mais Catherine tenta de se dérober à ses embrassements ; et comme ses efforts annonçaient une pudeur alarmée plutôt qu’une ridicule pruderie, son timide amant la laissa échapper de ses bras, d’où, elle n’aurait pu se tirer quand elle eût été vingt fois plus forte.

« Oh ! ne vous fâchez pas, bon Henri, » dit-elle du ton le plus doux à son amant surpris, « j’ai payé tribut à saint Valentin, pour montrer combien j’estime le cavalier qu’il m’a envoyé pour l’année. Si mon père était ici, je n’oserais pas vous refuser la vengeance que vous pouvez demander à qui vous a réveillé. — Que ce ne soit pas un obstacle, » dit le vieux gantier en se précipitant dans la chambre tout transporté de joie, « venge-toi, Smith, venge-toi ; bats le fer pendant qu’il est chaud, et montre-lui ce que c’est que d’éveiller le chat qui dort. »

Ainsi encouragé, Henri saisit de nouveau dans ses bras la jeune fille rougissante, qui se soumit d’assez bonne grâce à recevoir en représailles de son salut une douzaine de baisers donnés avec beaucoup plus de vivacité qu’elle-même n’en avait montré. À la fin, elle s’arracha encore aux caresses de son amant ; et, comme effrayée et repentante de ce qu’elle avait fait, se jeta sur une chaise et se cacha la figure dans ses deux mains.

« Eh bien ! voyons, jeune folle, dit le père, n’aie donc pas honte d’avoir fait les deux plus heureux hommes de Perth, puisque ton vieux père est l’un d’eux. Jamais baiser ne fut si bien donné, et c’était justice qu’il fût convenablement rendu. Regarde-moi, ma mignonne, regarde-moi, et que je voie seulement un sourire sur tes lèvres. Sur mon honnête parole, le soleil qui se lève maintenant sur notre jolie ville ne pouvait éclairer un spectacle plus agréable à mon cœur. Quoi ! » continua-t-il d’un ton enjoué, « croyais-tu posséder l’anneau de Jarnie Reddie, et pouvoir devenir invisible ? Cela n’est pas ainsi, ma fée de l’aurore : au moment où je me levais, j’ai entendu la porte de ta chambre s’ouvrir, et j’ai épié ton passage à l’escalier, non pour te protéger contre Henri qui dormait, mais pour voir de mes yeux enchantés ma fille chérie faire ce que son père souhaitait le plus ardemment. Allons, ôte ces sottes mains, quoique tu rougisses un peu, une jeune fille n’en a que meilleure grâce quand ses joues se couvrent de rougeur le matin de la Saint-Valentin. »

Tandis que Simon Glover parlait ainsi, il écarta avec une douce violence les mains qui cachaient la figure de sa fille. Son visage était couvert d’une vive rougeur, et il y avait dans sa physionomie quelque chose de plus triste qu’un embarras virginal : ses yeux étaient baignés de larmes.

« Quoi ! des larmes, mon amour ! continua le père. Non, non, c’est plus qu’il ne faut. Henri ! aide-moi à consoler cette petite insensée. »

Catherine fit un effort pour se remettre et sourire, mais son sourire fut mélancolique.

« Je voulais seulement vous dire, mon père, » répliqua la Jolie Fille de Perth en se faisant violence, « qu’en choisissant Henri Gow pour mon Valentin, et qu’en lui donnant les privilèges et le salut du matin, suivant le vieil usage, j’ai seulement voulu lui prouver ma reconnaissance pour son dévouement généreux, et à vous mon obéissance… Mais ne l’induisez pas à croire… Hélas ! cher père, n’allez pas vous-même imaginer que j’aie voulu faire plus qu’une promesse d’être sa fidèle et affectionnée Valentine pendant l’année de rigueur. — Oui, oui, oui, oui ; nous comprenons tout cela, » dit Simon, avec ce ton calmant que les nourrices emploient avec leurs enfants ; « nous comprenons tout ce que cela veut dire. C’est assez pour une fois ; oui, c’est assez. Tu ne seras ni épouvantée ni pressée. Vous êtes de chers, de vrais, de fidèles Valentins : quant au reste, ce sera comme le ciel et l’occasion le permettront. Allons, de grâce, console-toi ; ne tords pas tes petites mains, ne crains pas de nouvelles persécutions pour le présent ; tu as agi bravement, excellemment. Maintenant, va chercher Dorothée : réveille la vieille dormeuse ; nous avons besoin d’un déjeuner substantiel après une nuit de tumulte et une matinée de joie ; il faut aussi que tes mains se mettent à l’ouvrage et nous préparent de ces gâteaux délicats que personne ne sait faire excepté toi ; et tu as bien droit à ce secret, vu la personne qui te l’a confié. Ah ! repos à l’âme de ta chère mère, » ajouta-t-il avec un soupir ; « combien elle eût été ravie de voir cette heureuse matinée de Saint-Valentin ! »

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Elle se vêtit à la hâte ; et sans mettre dans ses vêtements autant d’ordre qu’à l’ordinaire, elle descendit l’escalier et ouvrit la porte de la chambre où, comme elle le pensait, son amant était resté depuis le combat de la nuit. Catherine s’arrêta à la porte et hésita un peu à l’idée d’exécuter son projet ; car la règle non-seulement permettait, mais encore enjoignait aux Valentins de commencer leur intimité par un baiser d’affection. On regardait comme un augure des plus favorables que l’un des deux pût trouver l’autre endormi et qu’il l’éveillât en accomplissant cette intéressante cérémonie.

Jamais plus belle occasion ne se présenta pour commencer cette union mystique que celle qui s’offrait à Catherine. Après bien des pensées différentes, le sommeil s’était enfin emparé du vigoureux armurier dans le fauteuil où il s’était étendu. Ses traits, tandis qu’il reposait ainsi, avaient une expression plus ferme et plus mâle que ne l’avait imaginé Catherine qui, le voyant toujours indécis entre la timidité et la crainte de lui déplaire, avait conçu une idée peu avantageuse en faveur de la fermeté de son esprit.

« Il a l’air bien sévère, dit-elle ; s’il allait se fâcher… Et puis quand il s’éveillera… Nous serons seuls… Si j’appelais Dorothée… Si j’avertissais mon père… Mais, non ! c’est une chose reçue, et qui se fait comme entre frère et sœur sans compromettre l’honneur d’une jeune fille. Je ne supposerai pas qu’Henri s’y puisse tromper ; et je ne souffrirai pas qu’une crainte puérile m’empêche de témoigner ma reconnaissance. »

En parlant ainsi, elle traversa l’appartement sur la pointe du pied, d’un pas léger quoique incertain, ses joues se couvrant d’un vif cramoisi à la seule idée de son intention ; et s’approchant du dormeur, elle laissa tomber sur ses lèvres un baiser aussi léger qu’une feuille de rose. Il ne fallait pas que ce sommeil fût bien profond pour qu’un contact aussi délicat pût l’interrompre, et les songes du jeune homme devaient sans doute rouler sur la cause de l’interruption, puisqu’Henri, se levant en sursaut, saisit la jeune fille dans ses bras et s’efforça de lui rendre, dans son ravissement, le gage d’amour qui avait troublé son repos. Mais Catherine tenta de se dérober à ses embrassements ; et comme ses efforts annonçaient une pudeur alarmée plutôt qu’une ridicule pruderie, son timide amant la laissa échapper de ses bras, d’où, elle n’aurait pu se tirer quand elle eût été vingt fois plus forte.

« Oh ! ne vous fâchez pas, bon Henri, » dit-elle du ton le plus doux à son amant surpris, « j’ai payé tribut à saint Valentin, pour montrer combien j’estime le cavalier qu’il m’a envoyé pour l’année. Si mon père était ici, je n’oserais pas vous refuser la vengeance que vous pouvez demander à qui vous a réveillé. — Que ce ne soit pas un obstacle, » dit le vieux gantier en se précipitant dans la chambre tout transporté de joie, « venge-toi, Smith, venge-toi ; bats le fer pendant qu’il est chaud, et montre-lui ce que c’est que d’éveiller le chat qui dort. »

Ainsi encouragé, Henri saisit de nouveau dans ses bras la jeune fille rougissante, qui se soumit d’assez bonne grâce à recevoir en représailles de son salut une douzaine de baisers donnés avec beaucoup plus de vivacité qu’elle-même n’en avait montré. À la fin, elle s’arracha encore aux caresses de son amant ; et, comme effrayée et repentante de ce qu’elle avait fait, se jeta sur une chaise et se cacha la figure dans ses deux mains.

« Eh bien ! voyons, jeune folle, dit le père, n’aie donc pas honte d’avoir fait les deux plus heureux hommes de Perth, puisque ton vieux père est l’un d’eux. Jamais baiser ne fut si bien donné, et c’était justice qu’il fût convenablement rendu. Regarde-moi, ma mignonne, regarde-moi, et que je voie seulement un sourire sur tes lèvres. Sur mon honnête parole, le soleil qui se lève maintenant sur notre jolie ville ne pouvait éclairer un spectacle plus agréable à mon cœur. Quoi ! » continua-t-il d’un ton enjoué, « croyais-tu posséder l’anneau de Jarnie Reddie, et pouvoir devenir invisible ? Cela n’est pas ainsi, ma fée de l’aurore : au moment où je me levais, j’ai entendu la porte de ta chambre s’ouvrir, et j’ai épié ton passage à l’escalier, non pour te protéger contre Henri qui dormait, mais pour voir de mes yeux enchantés ma fille chérie faire ce que son père souhaitait le plus ardemment. Allons, ôte ces sottes mains, quoique tu rougisses un peu, une jeune fille n’en a que meilleure grâce quand ses joues se couvrent de rougeur le matin de la Saint-Valentin. »

Tandis que Simon Glover parlait ainsi, il écarta avec une douce violence les mains qui cachaient la figure de sa fille. Son visage était couvert d’une vive rougeur, et il y avait dans sa physionomie quelque chose de plus triste qu’un embarras virginal : ses yeux étaient baignés de larmes.

« Quoi ! des larmes, mon amour ! continua le père. Non, non, c’est plus qu’il ne faut. Henri ! aide-moi à consoler cette petite insensée. »

Catherine fit un effort pour se remettre et sourire, mais son sourire fut mélancolique.

« Je voulais seulement vous dire, mon père, » répliqua la Jolie Fille de Perth en se faisant violence, « qu’en choisissant Henri Gow pour mon Valentin, et qu’en lui donnant les privilèges et le salut du matin, suivant le vieil usage, j’ai seulement voulu lui prouver ma reconnaissance pour son dévouement généreux, et à vous mon obéissance… Mais ne l’induisez pas à croire… Hélas ! cher père, n’allez pas vous-même imaginer que j’aie voulu faire plus qu’une promesse d’être sa fidèle et affectionnée Valentine pendant l’année de rigueur. — Oui, oui, oui, oui ; nous comprenons tout cela, » dit Simon, avec ce ton calmant que les nourrices emploient avec leurs enfants ; « nous comprenons tout ce que cela veut dire. C’est assez pour une fois ; oui, c’est assez. Tu ne seras ni épouvantée ni pressée. Vous êtes de chers, de vrais, de fidèles Valentins : quant au reste, ce sera comme le ciel et l’occasion le permettront. Allons, de grâce, console-toi ; ne tords pas tes petites mains, ne crains pas de nouvelles persécutions pour le présent ; tu as agi bravement, excellemment. Maintenant, va chercher Dorothée : réveille la vieille dormeuse ; nous avons besoin d’un déjeuner substantiel après une nuit de tumulte et une matinée de joie ; il faut aussi que tes mains se mettent à l’ouvrage et nous préparent de ces gâteaux délicats que personne ne sait faire excepté toi ; et tu as bien droit à ce secret, vu la personne qui te l’a confié. Ah ! repos à l’âme de ta chère mère, » ajouta-t-il avec un soupir ; « combien elle eût été ravie de voir cette heureuse matinée de Saint-Valentin ! »

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