Author: | MAURICE LEBLANC | ISBN: | 1230001226003 |
Publisher: | GILBERT TEROL | Publication: | July 13, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | MAURICE LEBLANC |
ISBN: | 1230001226003 |
Publisher: | GILBERT TEROL |
Publication: | July 13, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Raoul arpenta la pièce en réfléchissant. Clara ne bougeait toujours pas, absorbée, et la figure invisible. Valthex, debout, croisait les bras, l’air arrogant.
Raoul s’arrêta devant lui.
« Somme toute, tu n’es qu’un maître chanteur.
— J’ai voulu d’abord venger ma tante Élisabeth. Aujourd’hui, le dossier que j’ai réuni est une sauvegarde. J’en profite. Laisse-moi passer. »
Raoul ne le quittait pas des yeux.
« Et ensuite ? demanda-t-il.
— Ensuite ? »
Valthex crut qu’il avait partie gagnée, que sa menace avait porté et qu’il pouvait aller jusqu’au bout de sa victoire. L’attitude de Clara l’accrochait à cette idée.
« Ensuite, dit Valthex, ma maîtresse me rejoindra. Dans une heure, j’exige qu’elle soit chez moi, à l’adresse que je vais lui donner.
— Ta maîtresse ?
— Celle-ci », dit Valthex en montrant la jeune femme.
Raoul avait pâli. Il scanda :
« Tu as donc toujours la prétention ?… Tu espères donc ?
— Je n’espère pas, dit Valthex en s’échauffant. Je veux. Je réclame celle qui est à moi. Celle dont je fus l’amant… et que tu m’as volée. »
Il n’acheva pas, tellement l’expression de Raoul devenait terrible. Sa main ébaucha un geste du côté de sa poche à revolver.
Ils se défièrent du regard, rivaux acharnés. Et soudain Raoul, sautant sur place, lui jeta dans les jambes, à hauteur de la cheville, deux coups de semelle puis l’agrippa aux bras, de ses mains implacables.
L’autre fléchit de douleur, n’eut pas la force de résister et fut renversé sous le choc.
« Raoul ! Raoul ! cria la jeune femme, en se précipitant vers lui… Non, je t’en prie… ne vous battez pas… »
La fureur de Raoul était telle qu’il rouait l’ennemi de coups, inutilement, sans autre raison que de le châtier. Les explications, les menaces de Valthex, rien ne comptait plus pour lui. Il tenait un homme qui lui disputait Clara, qui avait été son amant, s’en vantait, et se réclamait encore du passé. Et ce passé, il semblait à Raoul que des coups de poing et des coups de pied l’anéantissaient.
« Non, non, Raoul, je t’en supplie, gémissait Clara ; non, laisse-le. Qu’il s’en aille, ne le livre pas à la justice. Je t’en supplie… à cause de mon père… Non… Qu’il s’en aille. »
Raoul ripostait, tout en frappant :
« Ne t’inquiète pas, Clara. Il ne dira rien contre le marquis. Toute cette histoire, est-ce vrai, d’abord ? Et puis quand même, il ne parlera pas… ce n’est pas son intérêt.
— Si, implorait la jeune femme en sanglotant… si… il se vengera.
— Qu’importe ! C’est une bête méchante… Il faut s’en délivrer… sinon, un jour ou l’autre, c’est à toi qu’il s’en prendra… »
Elle ne cédait pas. Elle l’empêchait de frapper. Elle parlait de Jean d’Erlemont, qu’on n’avait pas le droit d’exposer à une délation.
À la fin, Raoul lâcha prise. Sa colère faiblissait.
Il dit :
« C’est bien. Qu’il s’en aille ! Tu entends, Valthex, fiche le camp. Mais si jamais tu t’avises de toucher à Clara ou au marquis, tu es perdu. Allons, déguerpis. »
Valthex resta quelques secondes sans bouger. Raoul l’avait-il donc maltraité au point qu’il lui fallait reprendre son aplomb ? Il s’appuya sur son coude, retomba, fit un nouvel effort qui le porta jusqu’auprès du fauteuil, essaya de se mettre debout, parut perdre l’équilibre et s’abattit à genoux. Mais tout cela n’était qu’une feinte. En réalité, il n’avait d’autre but que de se rapprocher du guéridon. Brusquement, il plongea sa main dans le tiroir, saisit le revolver dont on apercevait la crosse et, poussant un cri rauque, se retourna vers Raoul et leva le bras.
Extrait :
Raoul arpenta la pièce en réfléchissant. Clara ne bougeait toujours pas, absorbée, et la figure invisible. Valthex, debout, croisait les bras, l’air arrogant.
Raoul s’arrêta devant lui.
« Somme toute, tu n’es qu’un maître chanteur.
— J’ai voulu d’abord venger ma tante Élisabeth. Aujourd’hui, le dossier que j’ai réuni est une sauvegarde. J’en profite. Laisse-moi passer. »
Raoul ne le quittait pas des yeux.
« Et ensuite ? demanda-t-il.
— Ensuite ? »
Valthex crut qu’il avait partie gagnée, que sa menace avait porté et qu’il pouvait aller jusqu’au bout de sa victoire. L’attitude de Clara l’accrochait à cette idée.
« Ensuite, dit Valthex, ma maîtresse me rejoindra. Dans une heure, j’exige qu’elle soit chez moi, à l’adresse que je vais lui donner.
— Ta maîtresse ?
— Celle-ci », dit Valthex en montrant la jeune femme.
Raoul avait pâli. Il scanda :
« Tu as donc toujours la prétention ?… Tu espères donc ?
— Je n’espère pas, dit Valthex en s’échauffant. Je veux. Je réclame celle qui est à moi. Celle dont je fus l’amant… et que tu m’as volée. »
Il n’acheva pas, tellement l’expression de Raoul devenait terrible. Sa main ébaucha un geste du côté de sa poche à revolver.
Ils se défièrent du regard, rivaux acharnés. Et soudain Raoul, sautant sur place, lui jeta dans les jambes, à hauteur de la cheville, deux coups de semelle puis l’agrippa aux bras, de ses mains implacables.
L’autre fléchit de douleur, n’eut pas la force de résister et fut renversé sous le choc.
« Raoul ! Raoul ! cria la jeune femme, en se précipitant vers lui… Non, je t’en prie… ne vous battez pas… »
La fureur de Raoul était telle qu’il rouait l’ennemi de coups, inutilement, sans autre raison que de le châtier. Les explications, les menaces de Valthex, rien ne comptait plus pour lui. Il tenait un homme qui lui disputait Clara, qui avait été son amant, s’en vantait, et se réclamait encore du passé. Et ce passé, il semblait à Raoul que des coups de poing et des coups de pied l’anéantissaient.
« Non, non, Raoul, je t’en supplie, gémissait Clara ; non, laisse-le. Qu’il s’en aille, ne le livre pas à la justice. Je t’en supplie… à cause de mon père… Non… Qu’il s’en aille. »
Raoul ripostait, tout en frappant :
« Ne t’inquiète pas, Clara. Il ne dira rien contre le marquis. Toute cette histoire, est-ce vrai, d’abord ? Et puis quand même, il ne parlera pas… ce n’est pas son intérêt.
— Si, implorait la jeune femme en sanglotant… si… il se vengera.
— Qu’importe ! C’est une bête méchante… Il faut s’en délivrer… sinon, un jour ou l’autre, c’est à toi qu’il s’en prendra… »
Elle ne cédait pas. Elle l’empêchait de frapper. Elle parlait de Jean d’Erlemont, qu’on n’avait pas le droit d’exposer à une délation.
À la fin, Raoul lâcha prise. Sa colère faiblissait.
Il dit :
« C’est bien. Qu’il s’en aille ! Tu entends, Valthex, fiche le camp. Mais si jamais tu t’avises de toucher à Clara ou au marquis, tu es perdu. Allons, déguerpis. »
Valthex resta quelques secondes sans bouger. Raoul l’avait-il donc maltraité au point qu’il lui fallait reprendre son aplomb ? Il s’appuya sur son coude, retomba, fit un nouvel effort qui le porta jusqu’auprès du fauteuil, essaya de se mettre debout, parut perdre l’équilibre et s’abattit à genoux. Mais tout cela n’était qu’une feinte. En réalité, il n’avait d’autre but que de se rapprocher du guéridon. Brusquement, il plongea sa main dans le tiroir, saisit le revolver dont on apercevait la crosse et, poussant un cri rauque, se retourna vers Raoul et leva le bras.