KENILWORTH

Nonfiction, Religion & Spirituality
Cover of the book KENILWORTH by WALTER SCOTT, GILBERT TEROL
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Author: WALTER SCOTT ISBN: 1230000212231
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 23, 2014
Imprint: Language: French
Author: WALTER SCOTT
ISBN: 1230000212231
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 23, 2014
Imprint:
Language: French

L’ESPÈCE de succès plus ou moins mérité que l’auteur avait obtenu dans l’esquisse du portrait de la reine Marie Stuart[1], a tout naturellement déterminé l’essai d’une peinture analogue de sa royale sœur et ennemie, la célèbre Élisabeth. Je ne prétendrai point cependant avoir aussi bien réussi à exprimer les mêmes sentiments, car le candide historien Robertson reconnaît avoir éprouvé les préjugés sous l’empire desquels un Écossais tout d’abord est tenté de considérer le sujet ; et ce qu’un écrivain si libéral avoue, un pauvre romancier ne peut le dénier. Mais j’espère que l’influence d’un préjugé national, influence aussi naturelle à un indigène que l’air de son pays, ne sera point regardée comme ayant affecté grandement l’image que j’ai voulu tracer de l’Élisabeth d’Angleterre. J’ai tâché de la peindre à la fois comme une souveraine altière et à grandes pensées, et comme une femme à sentiments ardents, balançant quelquefois entre la conscience de son rang et de son devoir envers ses sujets, et l’attachement qu’elle portait à un homme de haut lignage, qui du moins par ses qualités extérieures méritait amplement la faveur d’une reine. L’intérêt de l’histoire se répand sur cette période au moment où la mort soudaine de la première comtesse de Leicester parut offrir à l’ambition de son époux l’occasion de partager la couronne avec sa souveraine.

Il est possible que la médisance, qui bien rarement épargne la mémoire des personnes d’un rang élevé, ait noirci le caractère de Leicester, et l’ait chargé de couleurs plus sombres que réellement il ne lui en appartenait. Mais la voix publique à cette époque attacha les plus graves soupçons à la mort de l’infortunée comtesse, d’autant plus que cette mort était arrivée fort à propos pour laisser le champ libre à Leicester, et lui permettre de satisfaire son ambition. Si nous ajoutons foi à l’ouvrage d’Ashmole sur les antiquités du Berkshire, il n’y eut que trop de motifs de croire aux traditions qui accusent Leicester du meurtre de sa femme. Le passage suivant montrera au lecteur le fondement sur lequel j’ai appuyé l’histoire de mon roman :

« À la partie occidentale de l’église sont les ruines d’un manoir, appartenant jadis comme lieu de retraite ou monastère, suivant quelques historiens, aux moines d’Abingdon. Après la dissolution de la compagnie, ledit manoir ou ladite seigneurie, passa aux mains d’un nommé Owen, je crois, alors possesseur du domaine de Godstow.

« Dans la salle et sur la cheminée se trouvent les armoiries d’Abingdon, taillées sur la pierre, savoir : une patonie ou croix dont les extrémités s’élargissent entre quatre martelets ; et de plus, un autre écusson représentant un lion rampant, et plusieurs mitres également taillées dans la pierre incrustée en divers endroits des murs de la maison. Il y a aussi dans ladite maison une chambre appelée la chambre de Dudley, où la femme du comte de Leicester fut assassinée. On rapporte à ce sujet les détails suivants :

« Robert Dudley, comte de Leicester, très bel homme, et d’une figure très distinguée, était un grand favori de la reine Élisabeth. On crut, et le bruit circula que s’il avait été célibataire ou veuf, la reine l’eût fait son époux. Dans cette vue, et pour s’affranchir de tous obstacles, il ordonna, ou peut-être à la suite de supplications flatteuses pour sa femme, il demanda qu’elle se retirât dans la maison d’Antony Forster, qui vivait alors audit manoir. Il prescrivit également à sir Richard Varney, qui lui avait suggéré cette idée, de tâcher, dès l’arrivée de ce dernier en ce lieu, d’empoisonner la comtesse, ajoutant que si le poison ne réussissait pas, il faudrait recourir à tout autre moyen de se débarrasser de cette femme. Ce fait, à ce qu’il paraît, fut prouvé par le rapport du docteur Walter Bayly, quelque temps membre du nouveau collège, demeurant alors à Oxford, et professeur de médecine à cette université, lequel, pour n’avoir pas voulu consentir à empoisonner la comtesse, fut l’objet des persécutions du comte de Leicester, qui à la cour s’efforça de le desservir. Ce même docteur rapporta comme certain que, d’après la version qui à Cumnor avait circulé parmi les conspirateurs, l’infortunée comtesse fut empoisonnée un peu avant qu’on l’assassinât ; machination qui eut lieu comme il suit :

« Les conspirateurs voyant la pauvre lady malade et languissante (car l’un d’eux savait bien que, d’après ce qui s’était passé, la mort de cette femme n’était plus éloignée), commencèrent à lui persuader que sa maladie présente était le résultat d’un excès de mélancolie et d’une surabondance d’humeurs, etc. ; que dès lors elle ferait bien de prendre une potion. Elle s’y refusa obstinément, vu que déjà elle soupçonnait des intentions sinistres. En conséquence, ils envoyèrent un messager à l’insu de cette dame pour prier le docteur Bayly d’engager la comtesse à prendre une petite potion d’après son ordonnance, et qu’eux-mêmes ils l’enverraient chercher à Oxford. Le docteur, soupçonnant avec raison leur mauvais dessein, celui d’ajouter quelque chose à la potion, car leur importunité paraissait extraordinaire, et jugeant combien peu la comtesse avait besoin de médicaments, refusa formellement de se rendre à leur demande. Il craignit, comme plus tard il le répéta, qu’après avoir empoisonné l’infortunée avec la potion qu’il aurait prescrite, ils ne le fissent pendre ensuite pour cacher leur crime ; il demeura encore plus convaincu que, si ce moyen n’avait aucun effet, la malheureuse n’échapperait pas long-temps à leurs violences, ce qui arriva en effet.

« Sir Richard Varney, chef des conspirateurs, était, d’après l’ordre du comte, le jour de la mort de la comtesse, resté seul avec elle, n’ayant pour le seconder qu’un seul homme aidé de Forster, lequel avait ce jour-là, de vive force, éloigné de la comtesse tous les domestiques de celle-ci pour les envoyer au marché d’Abingdon, à environ trois milles de distance de Cumnor. Après avoir étouffé ou étranglé la comtesse, les monstres la précipitèrent du haut en bas d’un escalier et lui rompirent le cou, en exerçant en outre sur elle beaucoup d’autres mauvais traitements. Toutefois bien qu’on eût rapporté qu’elle était par accident tombée de cette hauteur sans heurter son capuchon qu’elle avait encore sur la tête, les habitants de la contrée vous diront qu’elle fut entraînée de la chambre où elle avait coutume de se tenir, dans une autre où la tête du lit de cette chambre donnait sur une petite porte dérobée par laquelle les meurtriers arrivèrent pendant la nuit, et qu’alors ils étouffèrent la comtesse dans son lit, lui meurtrirent la tête lui brisèrent le cou, et puis la jetèrent du haut en bas de l’escalier pour faire croire au peuple qu’elle était tombée par accident, ce qui cacherait leur scélératesse. »

Mais admirez la justice de Dieu qui ne permit point qu’un si grand crime fut enseveli dans les ténèbres de l’oubli : un des individus qui y avaient participé fut arrêté plus tard pour crime capital, commis sur la frontière du pays de Galles ; et comme il offrit de révéler la manière dont le meurtre de la comtesse avait été consommé, il fut secrètement mis à mort dans sa prison par ordre du comte de Leicester. De son côté sir Richard Varney, qui mourut vers le même temps à Londres, expira misérablement au milieu des blasphèmes qu’il lançait contre Dieu, après avoir déclaré à une personne marquante et digne de foi, qui l’a ensuite raconté à d’autres, que tous les démons de l’enfer, déjà de son vivant, le déchiraient en mille pièces. Forster, à son tour, homme auparavant porté à la sociabilité, au commerce du monde, à la joie et aux chants, y renonça tout-à-coup après cet événement tragique, devint triste et rêveur, quelques-uns disent fou, et s’éteignit dans les tourments. La femme de Bald Butler, parente du comte, révéla de même le forfait un peu avant qu’elle rendît le dernier soupir.

Il ne faut pas non plus oublier, 1° que dès que la comtesse fut privée de vie, ses meurtriers se hâtèrent de l’enterrer avant que le magistrat, appelé le coroner, eût dressé son procès-verbal d’enquête, ce que le comte lui-même blâma comme trop précipité ; 2° que le père de la victime, sir John Robertsett, je suppose, ayant appris la mort de sa fille, accourut aussitôt sur le lieu du décès, fit exhumer le corps, appela le coroner ou officier public, et se livra aux recherches les plus approfondies sur cette horrible affaire. Mais on pensa généralement que le comte avait fermé la bouche à son beau-père, et que tout s’était arrangé entre eux à l’amiable. D’un autre côté, le comte, pour manifester publiquement le vif amour que soi-disant il portait à son épouse, et tout le chagrin qu’il ressentait de la perte d’une femme aussi vertueuse, ordonna que son corps fût réinhumé avec la plus grande pompe dans l’église Sainte-Marie à Oxford, et de cette manière il força les principaux membres de l’université de cette ville à modifier leur opinion sur le genre de mort de la comtesse. On ajoute que le docteur Babington, chapelain du comte, lorsqu’il prononça l’oraison funèbre de la défunte, se méprit une ou deux fois dans son discours, en recommandant à la mémoire des fidèles cette vertueuse lady, assassinée, déclarait-il, au lieu de dire tuée, d’une manière si déplorable. Le comte de Leicesler, après tous ses meurtres et empoisonnements, fut lui-même empoisonné en 1588, avec une dose préparée pour d’autres ; quelques-uns prétendent que ce fut par sa femme (sans doute la seconde) à Cornbury Lodge, quoique Baker, dans sa chronique, cite Killingworth. Le comte avait, dit-on, remis une bouteille de liqueur à son épouse en l’invitant à en boire chaque fois qu’elle éprouverait quelque défaillance ; mais elle, dit-on encore, ne sachant pas

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L’ESPÈCE de succès plus ou moins mérité que l’auteur avait obtenu dans l’esquisse du portrait de la reine Marie Stuart[1], a tout naturellement déterminé l’essai d’une peinture analogue de sa royale sœur et ennemie, la célèbre Élisabeth. Je ne prétendrai point cependant avoir aussi bien réussi à exprimer les mêmes sentiments, car le candide historien Robertson reconnaît avoir éprouvé les préjugés sous l’empire desquels un Écossais tout d’abord est tenté de considérer le sujet ; et ce qu’un écrivain si libéral avoue, un pauvre romancier ne peut le dénier. Mais j’espère que l’influence d’un préjugé national, influence aussi naturelle à un indigène que l’air de son pays, ne sera point regardée comme ayant affecté grandement l’image que j’ai voulu tracer de l’Élisabeth d’Angleterre. J’ai tâché de la peindre à la fois comme une souveraine altière et à grandes pensées, et comme une femme à sentiments ardents, balançant quelquefois entre la conscience de son rang et de son devoir envers ses sujets, et l’attachement qu’elle portait à un homme de haut lignage, qui du moins par ses qualités extérieures méritait amplement la faveur d’une reine. L’intérêt de l’histoire se répand sur cette période au moment où la mort soudaine de la première comtesse de Leicester parut offrir à l’ambition de son époux l’occasion de partager la couronne avec sa souveraine.

Il est possible que la médisance, qui bien rarement épargne la mémoire des personnes d’un rang élevé, ait noirci le caractère de Leicester, et l’ait chargé de couleurs plus sombres que réellement il ne lui en appartenait. Mais la voix publique à cette époque attacha les plus graves soupçons à la mort de l’infortunée comtesse, d’autant plus que cette mort était arrivée fort à propos pour laisser le champ libre à Leicester, et lui permettre de satisfaire son ambition. Si nous ajoutons foi à l’ouvrage d’Ashmole sur les antiquités du Berkshire, il n’y eut que trop de motifs de croire aux traditions qui accusent Leicester du meurtre de sa femme. Le passage suivant montrera au lecteur le fondement sur lequel j’ai appuyé l’histoire de mon roman :

« À la partie occidentale de l’église sont les ruines d’un manoir, appartenant jadis comme lieu de retraite ou monastère, suivant quelques historiens, aux moines d’Abingdon. Après la dissolution de la compagnie, ledit manoir ou ladite seigneurie, passa aux mains d’un nommé Owen, je crois, alors possesseur du domaine de Godstow.

« Dans la salle et sur la cheminée se trouvent les armoiries d’Abingdon, taillées sur la pierre, savoir : une patonie ou croix dont les extrémités s’élargissent entre quatre martelets ; et de plus, un autre écusson représentant un lion rampant, et plusieurs mitres également taillées dans la pierre incrustée en divers endroits des murs de la maison. Il y a aussi dans ladite maison une chambre appelée la chambre de Dudley, où la femme du comte de Leicester fut assassinée. On rapporte à ce sujet les détails suivants :

« Robert Dudley, comte de Leicester, très bel homme, et d’une figure très distinguée, était un grand favori de la reine Élisabeth. On crut, et le bruit circula que s’il avait été célibataire ou veuf, la reine l’eût fait son époux. Dans cette vue, et pour s’affranchir de tous obstacles, il ordonna, ou peut-être à la suite de supplications flatteuses pour sa femme, il demanda qu’elle se retirât dans la maison d’Antony Forster, qui vivait alors audit manoir. Il prescrivit également à sir Richard Varney, qui lui avait suggéré cette idée, de tâcher, dès l’arrivée de ce dernier en ce lieu, d’empoisonner la comtesse, ajoutant que si le poison ne réussissait pas, il faudrait recourir à tout autre moyen de se débarrasser de cette femme. Ce fait, à ce qu’il paraît, fut prouvé par le rapport du docteur Walter Bayly, quelque temps membre du nouveau collège, demeurant alors à Oxford, et professeur de médecine à cette université, lequel, pour n’avoir pas voulu consentir à empoisonner la comtesse, fut l’objet des persécutions du comte de Leicester, qui à la cour s’efforça de le desservir. Ce même docteur rapporta comme certain que, d’après la version qui à Cumnor avait circulé parmi les conspirateurs, l’infortunée comtesse fut empoisonnée un peu avant qu’on l’assassinât ; machination qui eut lieu comme il suit :

« Les conspirateurs voyant la pauvre lady malade et languissante (car l’un d’eux savait bien que, d’après ce qui s’était passé, la mort de cette femme n’était plus éloignée), commencèrent à lui persuader que sa maladie présente était le résultat d’un excès de mélancolie et d’une surabondance d’humeurs, etc. ; que dès lors elle ferait bien de prendre une potion. Elle s’y refusa obstinément, vu que déjà elle soupçonnait des intentions sinistres. En conséquence, ils envoyèrent un messager à l’insu de cette dame pour prier le docteur Bayly d’engager la comtesse à prendre une petite potion d’après son ordonnance, et qu’eux-mêmes ils l’enverraient chercher à Oxford. Le docteur, soupçonnant avec raison leur mauvais dessein, celui d’ajouter quelque chose à la potion, car leur importunité paraissait extraordinaire, et jugeant combien peu la comtesse avait besoin de médicaments, refusa formellement de se rendre à leur demande. Il craignit, comme plus tard il le répéta, qu’après avoir empoisonné l’infortunée avec la potion qu’il aurait prescrite, ils ne le fissent pendre ensuite pour cacher leur crime ; il demeura encore plus convaincu que, si ce moyen n’avait aucun effet, la malheureuse n’échapperait pas long-temps à leurs violences, ce qui arriva en effet.

« Sir Richard Varney, chef des conspirateurs, était, d’après l’ordre du comte, le jour de la mort de la comtesse, resté seul avec elle, n’ayant pour le seconder qu’un seul homme aidé de Forster, lequel avait ce jour-là, de vive force, éloigné de la comtesse tous les domestiques de celle-ci pour les envoyer au marché d’Abingdon, à environ trois milles de distance de Cumnor. Après avoir étouffé ou étranglé la comtesse, les monstres la précipitèrent du haut en bas d’un escalier et lui rompirent le cou, en exerçant en outre sur elle beaucoup d’autres mauvais traitements. Toutefois bien qu’on eût rapporté qu’elle était par accident tombée de cette hauteur sans heurter son capuchon qu’elle avait encore sur la tête, les habitants de la contrée vous diront qu’elle fut entraînée de la chambre où elle avait coutume de se tenir, dans une autre où la tête du lit de cette chambre donnait sur une petite porte dérobée par laquelle les meurtriers arrivèrent pendant la nuit, et qu’alors ils étouffèrent la comtesse dans son lit, lui meurtrirent la tête lui brisèrent le cou, et puis la jetèrent du haut en bas de l’escalier pour faire croire au peuple qu’elle était tombée par accident, ce qui cacherait leur scélératesse. »

Mais admirez la justice de Dieu qui ne permit point qu’un si grand crime fut enseveli dans les ténèbres de l’oubli : un des individus qui y avaient participé fut arrêté plus tard pour crime capital, commis sur la frontière du pays de Galles ; et comme il offrit de révéler la manière dont le meurtre de la comtesse avait été consommé, il fut secrètement mis à mort dans sa prison par ordre du comte de Leicester. De son côté sir Richard Varney, qui mourut vers le même temps à Londres, expira misérablement au milieu des blasphèmes qu’il lançait contre Dieu, après avoir déclaré à une personne marquante et digne de foi, qui l’a ensuite raconté à d’autres, que tous les démons de l’enfer, déjà de son vivant, le déchiraient en mille pièces. Forster, à son tour, homme auparavant porté à la sociabilité, au commerce du monde, à la joie et aux chants, y renonça tout-à-coup après cet événement tragique, devint triste et rêveur, quelques-uns disent fou, et s’éteignit dans les tourments. La femme de Bald Butler, parente du comte, révéla de même le forfait un peu avant qu’elle rendît le dernier soupir.

Il ne faut pas non plus oublier, 1° que dès que la comtesse fut privée de vie, ses meurtriers se hâtèrent de l’enterrer avant que le magistrat, appelé le coroner, eût dressé son procès-verbal d’enquête, ce que le comte lui-même blâma comme trop précipité ; 2° que le père de la victime, sir John Robertsett, je suppose, ayant appris la mort de sa fille, accourut aussitôt sur le lieu du décès, fit exhumer le corps, appela le coroner ou officier public, et se livra aux recherches les plus approfondies sur cette horrible affaire. Mais on pensa généralement que le comte avait fermé la bouche à son beau-père, et que tout s’était arrangé entre eux à l’amiable. D’un autre côté, le comte, pour manifester publiquement le vif amour que soi-disant il portait à son épouse, et tout le chagrin qu’il ressentait de la perte d’une femme aussi vertueuse, ordonna que son corps fût réinhumé avec la plus grande pompe dans l’église Sainte-Marie à Oxford, et de cette manière il força les principaux membres de l’université de cette ville à modifier leur opinion sur le genre de mort de la comtesse. On ajoute que le docteur Babington, chapelain du comte, lorsqu’il prononça l’oraison funèbre de la défunte, se méprit une ou deux fois dans son discours, en recommandant à la mémoire des fidèles cette vertueuse lady, assassinée, déclarait-il, au lieu de dire tuée, d’une manière si déplorable. Le comte de Leicesler, après tous ses meurtres et empoisonnements, fut lui-même empoisonné en 1588, avec une dose préparée pour d’autres ; quelques-uns prétendent que ce fut par sa femme (sans doute la seconde) à Cornbury Lodge, quoique Baker, dans sa chronique, cite Killingworth. Le comte avait, dit-on, remis une bouteille de liqueur à son épouse en l’invitant à en boire chaque fois qu’elle éprouverait quelque défaillance ; mais elle, dit-on encore, ne sachant pas

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