Les Peaux-Rouges de Paris

Fiction & Literature, Action Suspense
Cover of the book Les Peaux-Rouges de Paris by GUSTAVE AIMARD, GILBERT TEROL
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Author: GUSTAVE AIMARD ISBN: 1230001111279
Publisher: GILBERT TEROL Publication: May 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: GUSTAVE AIMARD
ISBN: 1230001111279
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: May 12, 2016
Imprint:
Language: French


Extrait :

Avant de commencer notre récit, disons d’abord quelques mots sur le pays où vont se dérouler les scènes qui en forment pour ainsi dire le prologue.

Les départements situés sur le versant nord des Pyrénées, et chargés de garder notre frontière espagnole, sont habités par une race se prétendant autochtone, conservant encore aujourd’hui sa langue particulière, ses mœurs et ses usages, en complet désaccord avec tout ce qui l’entoure.

Cette race, fière et passionnée, sut rester indépendante alors même que Rome assujettissait le monde entier à son pouvoir. César, le vainqueur des Gaules, ne put la dompter ; cette contrée se nommait alors la Cantabrie.

Le département des Basses-Pyrénées a été formé avec une partie de l’ancienne Cantabrie — la Navarre — réunie définitivement à la couronne par Louis XIII. Ce roi confirma aux Navarrais et aux Vasconjados — Basques, — leurs fueros, leurs franchises et leurs libertés, qu’ils conservèrent jusqu’en 1789. Aussi tous les Basques prétendent-ils être nobles par le fait seul d’être nés sur cette terre libre par excellence.

Les Basques sont fiers, intrépides, intelligents, spirituels, hospitaliers, mais vindicatifs, superstitieux et querelleurs ; ils poussent à l’extrême leurs bonnes comme leurs mauvaises qualités et conservent un respect profond pour les vieilles coutumes ; ils sont restés Cantabres au fond du cœur, tout en devenant sincèrement Français. Ce sont, en un mot, des hommes d’une seule pièce ; ils peuvent rompre, mais ils ne plient jamais. Très adonnés à la contrebande, ils la pratiquent sur une grande échelle, à travers les ports et les défilés inconnus de leurs montagnes, avec une habileté et une audace sans pareilles. Cependant, malgré leurs relations continuelles avec les Basques espagnols, issus de la même souche qu’eux, ils professent pour ces populations fixées sur le versant sud des Pyrénées un mépris et une haine implacables.

En somme, les Basques constituent un peuple étrange, admirable d’élan, gardant précieusement le souvenir de sa grandeur passée, et qui offre de nombreux points de ressemblance avec les Bretons de la vieille Armorique placés à l’extrémité opposée de la France.

Les femmes de ce pays sont généralement belles, spirituelles et douces ; elles ont, dans leur costume, une simplicité qui s’allie admirablement à leur taille souple, à leurs formes gracieuses et à la vivacité de leur physionomie, presque toujours empreinte d’une expression à la fois rêveuse et mutine.

C’est dans le département des Basses-Pyrénées, entre la ville de Saint-Jean-de-Luz et celle de Serres, dans un petit village dont le nom importe peu au lecteur, et que nous désignerons sous celui de Louberria, que s’ouvre notre récit.

Le village ou plutôt le hameau de Louberria, car il compte à peine une cinquantaine de feux, est caché et comme blotti au milieu d’un bois épais et touffu, dernier vestige d’une de ces vieilles forêts cantabres qui entendirent tour à tour résonner, sous leurs frondaisons séculaires, les pas des soldats d’Hannibal se rendant en Italie, ceux des hordes barbares se ruant sur l’Espagne et ceux des musulmans d’Abdérame qui, après avoir conquis l’Aquitaine, furent à la bataille de Tours taillés en pièces par Charles-Martel ; ce bois s’étend encore fort loin aujourd’hui, ses derniers contreforts vont couvrir de leurs puissantes ramures les bords capricieusement accidentés de la Nivelle, charmante et poétique rivière qui, après mille détours, se perd dans l’Océan, à Saint-Jean-de-Luz, qu’elle traverse.

Un certain vendredi du mois de septembre 1851, entre six et sept heures du soir, à une lieue tout au plus de Louberria, deux hommes, l’un âgé de quarante-six à quarante-sept ans, l’autre atteignant à peine vingt ans, le père et le fils, ainsi qu’il était facile de le reconnaître, à cause de la grande ressemblance existant entre eux, se promenaient à pas lents dans les allées sablées d’un jardin de médiocre étendue, mais entretenu avec soin, dépendant d’une maison assez vaste, d’architecture gothique, noircie par le temps et d’apparence confortable, construite à une courte distance de la rive gauche de la Nivelle ; le jardin descendait jusque sur le bord de l’eau ; il avait une sortie sur la plage même, où une estacade, formant une espèce de port, renfermait deux légères embarcations de plaisance, amarrées à des pieux de fer.

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Extrait :

Avant de commencer notre récit, disons d’abord quelques mots sur le pays où vont se dérouler les scènes qui en forment pour ainsi dire le prologue.

Les départements situés sur le versant nord des Pyrénées, et chargés de garder notre frontière espagnole, sont habités par une race se prétendant autochtone, conservant encore aujourd’hui sa langue particulière, ses mœurs et ses usages, en complet désaccord avec tout ce qui l’entoure.

Cette race, fière et passionnée, sut rester indépendante alors même que Rome assujettissait le monde entier à son pouvoir. César, le vainqueur des Gaules, ne put la dompter ; cette contrée se nommait alors la Cantabrie.

Le département des Basses-Pyrénées a été formé avec une partie de l’ancienne Cantabrie — la Navarre — réunie définitivement à la couronne par Louis XIII. Ce roi confirma aux Navarrais et aux Vasconjados — Basques, — leurs fueros, leurs franchises et leurs libertés, qu’ils conservèrent jusqu’en 1789. Aussi tous les Basques prétendent-ils être nobles par le fait seul d’être nés sur cette terre libre par excellence.

Les Basques sont fiers, intrépides, intelligents, spirituels, hospitaliers, mais vindicatifs, superstitieux et querelleurs ; ils poussent à l’extrême leurs bonnes comme leurs mauvaises qualités et conservent un respect profond pour les vieilles coutumes ; ils sont restés Cantabres au fond du cœur, tout en devenant sincèrement Français. Ce sont, en un mot, des hommes d’une seule pièce ; ils peuvent rompre, mais ils ne plient jamais. Très adonnés à la contrebande, ils la pratiquent sur une grande échelle, à travers les ports et les défilés inconnus de leurs montagnes, avec une habileté et une audace sans pareilles. Cependant, malgré leurs relations continuelles avec les Basques espagnols, issus de la même souche qu’eux, ils professent pour ces populations fixées sur le versant sud des Pyrénées un mépris et une haine implacables.

En somme, les Basques constituent un peuple étrange, admirable d’élan, gardant précieusement le souvenir de sa grandeur passée, et qui offre de nombreux points de ressemblance avec les Bretons de la vieille Armorique placés à l’extrémité opposée de la France.

Les femmes de ce pays sont généralement belles, spirituelles et douces ; elles ont, dans leur costume, une simplicité qui s’allie admirablement à leur taille souple, à leurs formes gracieuses et à la vivacité de leur physionomie, presque toujours empreinte d’une expression à la fois rêveuse et mutine.

C’est dans le département des Basses-Pyrénées, entre la ville de Saint-Jean-de-Luz et celle de Serres, dans un petit village dont le nom importe peu au lecteur, et que nous désignerons sous celui de Louberria, que s’ouvre notre récit.

Le village ou plutôt le hameau de Louberria, car il compte à peine une cinquantaine de feux, est caché et comme blotti au milieu d’un bois épais et touffu, dernier vestige d’une de ces vieilles forêts cantabres qui entendirent tour à tour résonner, sous leurs frondaisons séculaires, les pas des soldats d’Hannibal se rendant en Italie, ceux des hordes barbares se ruant sur l’Espagne et ceux des musulmans d’Abdérame qui, après avoir conquis l’Aquitaine, furent à la bataille de Tours taillés en pièces par Charles-Martel ; ce bois s’étend encore fort loin aujourd’hui, ses derniers contreforts vont couvrir de leurs puissantes ramures les bords capricieusement accidentés de la Nivelle, charmante et poétique rivière qui, après mille détours, se perd dans l’Océan, à Saint-Jean-de-Luz, qu’elle traverse.

Un certain vendredi du mois de septembre 1851, entre six et sept heures du soir, à une lieue tout au plus de Louberria, deux hommes, l’un âgé de quarante-six à quarante-sept ans, l’autre atteignant à peine vingt ans, le père et le fils, ainsi qu’il était facile de le reconnaître, à cause de la grande ressemblance existant entre eux, se promenaient à pas lents dans les allées sablées d’un jardin de médiocre étendue, mais entretenu avec soin, dépendant d’une maison assez vaste, d’architecture gothique, noircie par le temps et d’apparence confortable, construite à une courte distance de la rive gauche de la Nivelle ; le jardin descendait jusque sur le bord de l’eau ; il avait une sortie sur la plage même, où une estacade, formant une espèce de port, renfermait deux légères embarcations de plaisance, amarrées à des pieux de fer.

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