Author: | Émile Chevalier | ISBN: | 1230002461090 |
Publisher: | Martine Dubouil | Publication: | August 4, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Émile Chevalier |
ISBN: | 1230002461090 |
Publisher: | Martine Dubouil |
Publication: | August 4, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
— Allons, Judas, verse-moi un verre de whisky, car je me sens altéré en diable.
— Vous pouvez bien vous servir vous-même ! fut-il répondu d’un ton sec.
— Et si je veux que ce soit toi qui me donnes à boire, reprit le Mangeux d’Hommes, en fronçant les sourcils.
Judas leva dédaigneusement les épaules.
— Par le Christ, mon frère aîné ! ne m’entends-tu pas ? continua le premier.
— La gourde est près de vous, riposta Judas.
— Eh ! ce n’est pas cela que je te demande…
— L’enfer vous confonde ! vous êtes ivre comme un Indien.
— Ivre ! ose répéter que je suis ivre, vilain Iscariote ! hurla l’autre en assénant sur la table un coup de poing, dont les échos de la salle répercutèrent longuement le son.
— Oui, vous êtes ivre !
Le Mangeux-d’Hommes se dressa, d’un bond, sur les pieds.
Ce mouvement ne parut pas causer la moindre impression à Judas, qui tailladait, avec son couteau, le banc sur lequel il était assis.
Pourpre d’alcool et de colère, son interlocuteur arma un revolver.
— Si tu ne m’obéis pas, je te casse la tête !
— En campagne je suis votre lieutenant, toujours prêt à me conformer à vos ordres, mais ici, hors du service, votre égal.
— Mon égal, toi !…
— Voyons, capitaine, pas de bêtises !
— Qu’entends-tu par des bêtises ?
— J’entends qu’il ne faut pas quereller pour des riens, quand nous avons à causer de choses sérieuses.
— Tu voudrais me braver, hein !
— Du tout ; je veux que vous soyez raisonnable. Vous avez bu outre mesure, ce matin…
— Tu mens !
À cette insulte, le front de Judas se plissa. Un éclair de ressentiment flamboya dans ses yeux : néanmoins, il demeura maître de lui et repartit avec calme :
— À votre aise ; mais rasseyez-vous, et parlons de notre projet.
— Et s’il ne me plaît pas de me rasseoir ! vociféra le Mangeux-d’Hommes, en frappant de nouveau la table, avec son pistolet, mais si violemment que plusieurs des coups dont il était chargé firent explosion et que la crosse se brisa en vingt morceaux.
Judas ne put réprimer un éclat de rire, ce qui acheva d’exaspérer son chef.
— Ah ! brigand, tu te moques de moi ! proféra-t-il entre les dents.
— Le fait est que vous prêtez à la plaisanterie !
— La plaisanterie ! je vais t’en donner, des plaisanteries, moi !
En disant ces mots, le Mangeux-d’Hommes avait tiré de sa gaine un long coutelas pendu à sa ceinture, et il se précipitait, écumant de rage, sur son lieutenant.......
— Allons, Judas, verse-moi un verre de whisky, car je me sens altéré en diable.
— Vous pouvez bien vous servir vous-même ! fut-il répondu d’un ton sec.
— Et si je veux que ce soit toi qui me donnes à boire, reprit le Mangeux d’Hommes, en fronçant les sourcils.
Judas leva dédaigneusement les épaules.
— Par le Christ, mon frère aîné ! ne m’entends-tu pas ? continua le premier.
— La gourde est près de vous, riposta Judas.
— Eh ! ce n’est pas cela que je te demande…
— L’enfer vous confonde ! vous êtes ivre comme un Indien.
— Ivre ! ose répéter que je suis ivre, vilain Iscariote ! hurla l’autre en assénant sur la table un coup de poing, dont les échos de la salle répercutèrent longuement le son.
— Oui, vous êtes ivre !
Le Mangeux-d’Hommes se dressa, d’un bond, sur les pieds.
Ce mouvement ne parut pas causer la moindre impression à Judas, qui tailladait, avec son couteau, le banc sur lequel il était assis.
Pourpre d’alcool et de colère, son interlocuteur arma un revolver.
— Si tu ne m’obéis pas, je te casse la tête !
— En campagne je suis votre lieutenant, toujours prêt à me conformer à vos ordres, mais ici, hors du service, votre égal.
— Mon égal, toi !…
— Voyons, capitaine, pas de bêtises !
— Qu’entends-tu par des bêtises ?
— J’entends qu’il ne faut pas quereller pour des riens, quand nous avons à causer de choses sérieuses.
— Tu voudrais me braver, hein !
— Du tout ; je veux que vous soyez raisonnable. Vous avez bu outre mesure, ce matin…
— Tu mens !
À cette insulte, le front de Judas se plissa. Un éclair de ressentiment flamboya dans ses yeux : néanmoins, il demeura maître de lui et repartit avec calme :
— À votre aise ; mais rasseyez-vous, et parlons de notre projet.
— Et s’il ne me plaît pas de me rasseoir ! vociféra le Mangeux-d’Hommes, en frappant de nouveau la table, avec son pistolet, mais si violemment que plusieurs des coups dont il était chargé firent explosion et que la crosse se brisa en vingt morceaux.
Judas ne put réprimer un éclat de rire, ce qui acheva d’exaspérer son chef.
— Ah ! brigand, tu te moques de moi ! proféra-t-il entre les dents.
— Le fait est que vous prêtez à la plaisanterie !
— La plaisanterie ! je vais t’en donner, des plaisanteries, moi !
En disant ces mots, le Mangeux-d’Hommes avait tiré de sa gaine un long coutelas pendu à sa ceinture, et il se précipitait, écumant de rage, sur son lieutenant.......