Les Flibustiers de la Sonore

Nonfiction, Entertainment, Performing Arts, Theatre, Acting & Auditioning, Fiction & Literature, Drama
Cover of the book Les Flibustiers de la Sonore by Aimard Gustave, YADE
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Author: Aimard Gustave ISBN: 1230001624144
Publisher: YADE Publication: April 4, 2017
Imprint: Language: French
Author: Aimard Gustave
ISBN: 1230001624144
Publisher: YADE
Publication: April 4, 2017
Imprint:
Language: French

Tous sont autour de la table, dans des attitudes variées. Aldegonde repose sa tête sur le gilet d’Arthur ; Amanda a le bras passé autour du cou d’Edouard de Sauves ; seul le comte Horace reste grave. Yvon, en grande livrée, culotte courte, jabot et manchettes, circule autour de la table. Valentin debout, un verre de champagne à la main.


Tous, moins Horace. Bravo, bravo !
Aldegonde. Bravo ! continuez donc cette histoire. Ah ! le joli organe que vous avez, monsieur… pardon, j’oublie toujours votre nom… moi ; monsieur le Chacal, le Léopard… le…
Tigrero, riant. Le Tigrero…
Aldegonde. Ah ! c’est cela !
Amanda. Un nom pittoresque !
Tigrero. Moins pittoresque que le métier qu’il rappelle !… Un métier que j’ai exercé plusieurs années au Mexique… Tenez, vous avez peut-être vu parfois passer à travers les villages de ces gens avec une gaule sur les épaules et des taupes au bout… Eh bien, là-bas… les tigreros… ce sont

les taupiers de tigres !


Arthur. Brr ! Je n’aimerais pas bien ces petits bestiaux-là, moi !
Tigrero. Bah, on s’y fait !
Horace, frappant sur l’épaule de Tigrero. Mon bon et excellent Valentin ! Valentin Guillois, en Bretagne, dans notre chère Bretagne ; Tigrero au Mexique, brave et dévoué partout !
Tigrero, s’inclinant. Monsieur le comte !
Horace. Trêve de respect ! n’es-tu pas mon frère ?
Tigrero. Frère de lait !
Horace. Mieux encore, frère de cœur ! Tu m’as sauvé deux fois la vie… et je compte sur toi plus que sur moi-même ; ce n’est pas en vain que je t’ai rappelé près de moi ! toi qui as voyagé sous toutes les zones, navigué sur toutes les mers ! (Passant à droite sur le canapé.)
Tigrero, riant. Qui a mangé des salmis de phoques sous les pôles, et des serpents au kari dans les Indes !
Aldegonde. Dis donc, mon Arthur ?
Arthur. Vous savez bien, Aldegonde, que je n’aime pas ces expressions-là !
Aldegonde. Bêta ! c’est mon charme ! Les petits soupers ont tout de même plus de saveur là-bas qu’ici au Café Anglais.
Tigrero. Des pays où les lézards s’appellent caïmans !
Amanda. Tiens ! j’en ai connu un…
Aldegonde. Un caïman ?
Amanda. Il avait des cheveux blonds.
Aldegonde. Le lézard ?
Amanda. Et il avait des rentes.
Aldegonde. Au soleil, alors !
Amanda. Non ! en Moldavie.
Tigrero. Que diantre disent-elles là ? Ah ! j’y suis, caïmacan !… macan, mademoiselle, macan !
Aldegonde. Amanda, votre éducation me fait l’effet d’avoir été terriblement négligée.
Amanda. Dame ! à six ans, ma mère me faisait figurer aux Funambules… ce n’est pas dans les pantomimes que j’ai pu apprendre la grammaire ! Mais nous empêchons M. Tigrero de nous raconter ses voyages.
Arthur, jouant avec son lorgnon. C’est vrai… mon cher ; vos histoires, c’est très-empoignant !… très-empoignant !
Aldegonde. Moi, d’abord, j’aime à m’instruire !
Tigrero. Que voulez-vous que je vous dise ? Si je vous racontais tout ce qui m’est arrivé, j’en aurais pour jusqu’à la prochaine année bissextile… inclusivement. Demandez à M. de Sauves ! nous nous sommes rencontrés bien souvent dans nos voyages !
de Sauves. Séparés par la naissance dans l’ancien monde, le hasard et le danger nous ont réunis dans le nouveau ! notre vie fut souvent commune et nous avons fait tous les métiers.

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Tous sont autour de la table, dans des attitudes variées. Aldegonde repose sa tête sur le gilet d’Arthur ; Amanda a le bras passé autour du cou d’Edouard de Sauves ; seul le comte Horace reste grave. Yvon, en grande livrée, culotte courte, jabot et manchettes, circule autour de la table. Valentin debout, un verre de champagne à la main.


Tous, moins Horace. Bravo, bravo !
Aldegonde. Bravo ! continuez donc cette histoire. Ah ! le joli organe que vous avez, monsieur… pardon, j’oublie toujours votre nom… moi ; monsieur le Chacal, le Léopard… le…
Tigrero, riant. Le Tigrero…
Aldegonde. Ah ! c’est cela !
Amanda. Un nom pittoresque !
Tigrero. Moins pittoresque que le métier qu’il rappelle !… Un métier que j’ai exercé plusieurs années au Mexique… Tenez, vous avez peut-être vu parfois passer à travers les villages de ces gens avec une gaule sur les épaules et des taupes au bout… Eh bien, là-bas… les tigreros… ce sont

les taupiers de tigres !


Arthur. Brr ! Je n’aimerais pas bien ces petits bestiaux-là, moi !
Tigrero. Bah, on s’y fait !
Horace, frappant sur l’épaule de Tigrero. Mon bon et excellent Valentin ! Valentin Guillois, en Bretagne, dans notre chère Bretagne ; Tigrero au Mexique, brave et dévoué partout !
Tigrero, s’inclinant. Monsieur le comte !
Horace. Trêve de respect ! n’es-tu pas mon frère ?
Tigrero. Frère de lait !
Horace. Mieux encore, frère de cœur ! Tu m’as sauvé deux fois la vie… et je compte sur toi plus que sur moi-même ; ce n’est pas en vain que je t’ai rappelé près de moi ! toi qui as voyagé sous toutes les zones, navigué sur toutes les mers ! (Passant à droite sur le canapé.)
Tigrero, riant. Qui a mangé des salmis de phoques sous les pôles, et des serpents au kari dans les Indes !
Aldegonde. Dis donc, mon Arthur ?
Arthur. Vous savez bien, Aldegonde, que je n’aime pas ces expressions-là !
Aldegonde. Bêta ! c’est mon charme ! Les petits soupers ont tout de même plus de saveur là-bas qu’ici au Café Anglais.
Tigrero. Des pays où les lézards s’appellent caïmans !
Amanda. Tiens ! j’en ai connu un…
Aldegonde. Un caïman ?
Amanda. Il avait des cheveux blonds.
Aldegonde. Le lézard ?
Amanda. Et il avait des rentes.
Aldegonde. Au soleil, alors !
Amanda. Non ! en Moldavie.
Tigrero. Que diantre disent-elles là ? Ah ! j’y suis, caïmacan !… macan, mademoiselle, macan !
Aldegonde. Amanda, votre éducation me fait l’effet d’avoir été terriblement négligée.
Amanda. Dame ! à six ans, ma mère me faisait figurer aux Funambules… ce n’est pas dans les pantomimes que j’ai pu apprendre la grammaire ! Mais nous empêchons M. Tigrero de nous raconter ses voyages.
Arthur, jouant avec son lorgnon. C’est vrai… mon cher ; vos histoires, c’est très-empoignant !… très-empoignant !
Aldegonde. Moi, d’abord, j’aime à m’instruire !
Tigrero. Que voulez-vous que je vous dise ? Si je vous racontais tout ce qui m’est arrivé, j’en aurais pour jusqu’à la prochaine année bissextile… inclusivement. Demandez à M. de Sauves ! nous nous sommes rencontrés bien souvent dans nos voyages !
de Sauves. Séparés par la naissance dans l’ancien monde, le hasard et le danger nous ont réunis dans le nouveau ! notre vie fut souvent commune et nous avons fait tous les métiers.

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