Le grand gribouilleur de cru

Fred Griot est né à Lyon en 1970, a beaucoup bougé ensuite. Il a inscrit ces mouvements dans un travail sur la langue développé depuis plusieurs années par l’expérience de la scène et par l’oralité. Il a publié aux éditions publie.net Plateau et Vision, suivis de Refonder, Du seul s’enfoncer/ la voix ça/ sous la lampe et VIA entre 2007 et 2009. La plui paru aux éditions Dernier Télégramme en 2009 précède les publications (papier) prochaines de Refonder (avec notes d’écriture) et Plateau, suivi de La voix ça aux éditions Mots Tessons et Maelström. Il codirige avec François Bon les éditions publie.net.

Sophie Gaucher est née en 1984 à Poitiers. Fortement encrés dans l’organique, ses dessins semblent s’engendrer d’eux même, en d’infinies modulations constituant un bestiaire fantastique et drôle. A côté les expériences d’éditions : Mon fournissoir en 2005, Assaut rebelle et Languistique aux éditions Nuit Myrtide en 2007 et 2008, trois petits tours et pis s’en vont, aux éditions Strane Dizioni en 2009, Sophie Gaucher confronte ses graphismes tortueux à l’espace à l’occasion d’interventions in situ. Elle explore depuis peu la céramique.

En choisissant de confronter, dans chaque livre de la collection ou presque, un auteur à un plasticien, nous ne pouvions pas ne pas rêver quelques rencontres idéales, de celles par lesquelles, selon l’analyse désormais fameuse de J.C. Smuts, le résultat se trouve supérieur à la somme des parties. Ou, pour dire plus simplement, de ces rencontres où texte et image dépassent le simple rapport illustratif pour donner à expérimenter une aventure enrichie dont on a peine à dire si elle est d’ordre littéraire ou visuelle, où texte et image se portent mutuellement. Ainsi du Grand Gribouilleur de Cru de Fred Griot et Sophie Gaucher, livre dans lequel texte et dessins se répondent (d’abord le texte inspiré des dessins, puis les dessins s’appropriant en retour le texte) et se prolongent. On sait le travail de langue de Fred Griot, sa longue coulée dans la matière orale, ses sinuosités. On connaissait aussi les dessins de Sophie Gaucher, organiques, difformes, tout en développements, leur rapport curieux avec les mots. On doit avouer qu’il était tentant de les voir essayer un dialogue. JL