Author: | Pierre de Coubertin | ISBN: | 1230001024432 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre de Coubertin |
ISBN: | 1230001024432 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce n’est pas du « sport anglais » qu’il s’agit ici, c’est du sport tout court. La distinction est nécessaire parce que beaucoup de personnes ignorent encore que le monopole britannique a pris fin.
Il n’était pas très ancien. Les gazettes d’outre-Manche, vieilles seulement de soixante ou soixante-dix ans, nous apprennent en quelle piètre estime nos voisins tenaient alors les exercices physiques : elles contiennent des preuves non équivoques du peu de faveur témoigné aux apôtres de la « muscularité » lorsqu’ils entreprirent de prêcher là-bas leur croisade. Mais pour avoir été retardée par l’action combinée de la paresse naturelle à l’homme et de la routine habituelle aux peuples, leur victoire, en fin de compte, n’en a été que plus complète. Le mouvement a gagné non seulement l’Amérique, mais toute l’Europe ; et, au train dont vont les choses, on peut se demander s’il ne s’étendra pas, quelque jour, au continent noir ou à l’empire jaune.
Aujourd’hui, le sport est entré dans les mœurs de toute une jeunesse qui ne se fait point « blanchir à Londres, » et ne s’avise même pas qu’en pratiquant ses exercices favoris, elle puisse accomplir un acte quelconque d’anglomanie ou de snobisme. Si j’avais conservé des doutes à cet égard, une récente tournée en Europe me les eût enlevés. Je revois dans mon souvenir la succession brillante des Ruder-clubs de la Sprée ; ils sont nombreux et prospères : certains comptent parmi les plus beaux du monde. La rivière dont la réputation maussade n’est point méritée leur offre, entre ses rives verdoyantes, un champ de courses large et paisible. L’un d’eux, — il est curieux de le noter en passant, — est de fondation impériale ; pour le construire, Guillaume II a tiré 35000 marks de sa cassette particulière et il l’a offert ensuite aux collégiens de sa capitale. La Tamise, en vérité, coule bien loin de là et l’on ne semble guère en peine de ce qui s’y passe. La Mecque de ces rameurs teutons, ce n’est point Henley, c’est Hambourg. Ils montent des bateaux de construction allemande et lisent des feuilles sportives rédigées en allemand...
Ce n’est pas du « sport anglais » qu’il s’agit ici, c’est du sport tout court. La distinction est nécessaire parce que beaucoup de personnes ignorent encore que le monopole britannique a pris fin.
Il n’était pas très ancien. Les gazettes d’outre-Manche, vieilles seulement de soixante ou soixante-dix ans, nous apprennent en quelle piètre estime nos voisins tenaient alors les exercices physiques : elles contiennent des preuves non équivoques du peu de faveur témoigné aux apôtres de la « muscularité » lorsqu’ils entreprirent de prêcher là-bas leur croisade. Mais pour avoir été retardée par l’action combinée de la paresse naturelle à l’homme et de la routine habituelle aux peuples, leur victoire, en fin de compte, n’en a été que plus complète. Le mouvement a gagné non seulement l’Amérique, mais toute l’Europe ; et, au train dont vont les choses, on peut se demander s’il ne s’étendra pas, quelque jour, au continent noir ou à l’empire jaune.
Aujourd’hui, le sport est entré dans les mœurs de toute une jeunesse qui ne se fait point « blanchir à Londres, » et ne s’avise même pas qu’en pratiquant ses exercices favoris, elle puisse accomplir un acte quelconque d’anglomanie ou de snobisme. Si j’avais conservé des doutes à cet égard, une récente tournée en Europe me les eût enlevés. Je revois dans mon souvenir la succession brillante des Ruder-clubs de la Sprée ; ils sont nombreux et prospères : certains comptent parmi les plus beaux du monde. La rivière dont la réputation maussade n’est point méritée leur offre, entre ses rives verdoyantes, un champ de courses large et paisible. L’un d’eux, — il est curieux de le noter en passant, — est de fondation impériale ; pour le construire, Guillaume II a tiré 35000 marks de sa cassette particulière et il l’a offert ensuite aux collégiens de sa capitale. La Tamise, en vérité, coule bien loin de là et l’on ne semble guère en peine de ce qui s’y passe. La Mecque de ces rameurs teutons, ce n’est point Henley, c’est Hambourg. Ils montent des bateaux de construction allemande et lisent des feuilles sportives rédigées en allemand...