L’Éducation en Hollande — Collégiens et Étudiants

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Cover of the book L’Éducation en Hollande — Collégiens et Étudiants by Pierre de Coubertin, E H
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Author: Pierre de Coubertin ISBN: 1230001011791
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Pierre de Coubertin
ISBN: 1230001011791
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

L’éducation publique, dans le monde moderne, tourne plus ou moins autour de deux formules qu’on pourrait appeler, — si ce langage n’était un peu trop absolu, — la formule de la contrainte et celle de la liberté. Toutes deux tendent bien au même but, la grandeur de la race, mais par des moyens différens : l’une en émancipant les énergies individuelles, l’autre en les subordonnant. La France, semble-t-il, hésite à faire un choix. Sur le terrain de l’éducation comme sur beaucoup d’autres, ses aspirations politiques l’entraînent d’un côté, tandis que ses habitudes administratives la retiennent d’un autre. Il résulte de cette contradiction une sorte d’incertitude pédagogique dont tout le monde se plaint et que personne, jusqu’ici, n’est parvenu à dissiper.

Ceux qui ont coutume d’interroger les étrangers, — les uns, trop enthousiastes, pour les copier, les autres, plus sages, pour s’inspirer seulement de leur expérience, — se tournent volontiers, en cette occurrence, vers l’Angleterre et vers l’Allemagne. Mais les Allemands et les Anglais ne sont pas seuls aux prises avec le problème de l’éducation et nous aurions intérêt à savoir comment les autres peuples l’ont résolu et à laquelle des deux formules ils se sont ralliés. Qu’en pensent, par exemple, les Hollandais, eux qui par la géographie touchent à l’Allemagne et dont l’histoire est pleine de contacts anglais, — une admirable histoire d’ailleurs où se succèdent les luttes les plus grandioses : luttes pour l’existence sur un sol toujours menacé par la nature, luttes pour la liberté contre de redoutables adversaires. Ils excellèrent, avant tous les autres, dans l’art de gouverner une démocratie et d’édifier un empire colonial, lourdes tâches dans lesquelles nous sommes encore novices. Leur caractère diffère moins du nôtre que beaucoup de gens ne le pensent ; le « flegme hollandais » n’est bien souvent que de la timidité, et il faut mal les connaître pour ignorer combien ils savent être aimables et enjoués. À ces motifs que nous avons de les consulter vient s’en ajouter un autre tout d’actualité. Nous nous sommes repris à discuter avec passion l’opportunité de substituer l’enseignement des langues vivantes à celui des langues mortes. La Hollande, où les deux enseignemens se meuvent côte à côte, pourrait nous dire quels résultats on doit attendre d’une telle réforme au point de vue de la culture générale de l’esprit. Ce n’est pas là, toutefois, ce qui me paraît devoir nous préoccuper en premier lieu. Nos lycéens manquent, avant tout, de caractère ; une réforme de ce genre ne saurait y remédier. Elle a, sans doute, son importance et vaut qu’on la discute. Mais combien il est plus urgent de savoir définitivement si c’est par l’autorité ou par la liberté que nous avons le plus de chances de former les citoyens dont la France a besoin !…

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L’éducation publique, dans le monde moderne, tourne plus ou moins autour de deux formules qu’on pourrait appeler, — si ce langage n’était un peu trop absolu, — la formule de la contrainte et celle de la liberté. Toutes deux tendent bien au même but, la grandeur de la race, mais par des moyens différens : l’une en émancipant les énergies individuelles, l’autre en les subordonnant. La France, semble-t-il, hésite à faire un choix. Sur le terrain de l’éducation comme sur beaucoup d’autres, ses aspirations politiques l’entraînent d’un côté, tandis que ses habitudes administratives la retiennent d’un autre. Il résulte de cette contradiction une sorte d’incertitude pédagogique dont tout le monde se plaint et que personne, jusqu’ici, n’est parvenu à dissiper.

Ceux qui ont coutume d’interroger les étrangers, — les uns, trop enthousiastes, pour les copier, les autres, plus sages, pour s’inspirer seulement de leur expérience, — se tournent volontiers, en cette occurrence, vers l’Angleterre et vers l’Allemagne. Mais les Allemands et les Anglais ne sont pas seuls aux prises avec le problème de l’éducation et nous aurions intérêt à savoir comment les autres peuples l’ont résolu et à laquelle des deux formules ils se sont ralliés. Qu’en pensent, par exemple, les Hollandais, eux qui par la géographie touchent à l’Allemagne et dont l’histoire est pleine de contacts anglais, — une admirable histoire d’ailleurs où se succèdent les luttes les plus grandioses : luttes pour l’existence sur un sol toujours menacé par la nature, luttes pour la liberté contre de redoutables adversaires. Ils excellèrent, avant tous les autres, dans l’art de gouverner une démocratie et d’édifier un empire colonial, lourdes tâches dans lesquelles nous sommes encore novices. Leur caractère diffère moins du nôtre que beaucoup de gens ne le pensent ; le « flegme hollandais » n’est bien souvent que de la timidité, et il faut mal les connaître pour ignorer combien ils savent être aimables et enjoués. À ces motifs que nous avons de les consulter vient s’en ajouter un autre tout d’actualité. Nous nous sommes repris à discuter avec passion l’opportunité de substituer l’enseignement des langues vivantes à celui des langues mortes. La Hollande, où les deux enseignemens se meuvent côte à côte, pourrait nous dire quels résultats on doit attendre d’une telle réforme au point de vue de la culture générale de l’esprit. Ce n’est pas là, toutefois, ce qui me paraît devoir nous préoccuper en premier lieu. Nos lycéens manquent, avant tout, de caractère ; une réforme de ce genre ne saurait y remédier. Elle a, sans doute, son importance et vaut qu’on la discute. Mais combien il est plus urgent de savoir définitivement si c’est par l’autorité ou par la liberté que nous avons le plus de chances de former les citoyens dont la France a besoin !…

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