Author: | Julien Offray de La Mettrie | ISBN: | 1230001154122 |
Publisher: | E H | Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Julien Offray de La Mettrie |
ISBN: | 1230001154122 |
Publisher: | E H |
Publication: | March 12, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
On sera peut-être surpris que j’aie osé mettre mon nom à un livre aussi hardi que celui-ci. Je ne l’aurois certainement pas fait, si je n’avois cru la religion à l’abri de toutes les tentatives qu’on fait pour la renverser ; & si j’eusse pu me persuader qu’un autre Imprimeur n’eût pas fait très volontiers ce que j’aurois refusé par principe de conscience. Je sais que la prudence veut qu’on ne donne pas occasion aux esprits foibles d’être séduits. Mais en les supposant tels, j’ai vu à la première lecture qu’il n’y avoit rien à craindre pour eux. Pourquoi être si attentif, & si alerte à supprimer les argumens contraires aux idées de la divinité & de la religion ? Cela ne peut-il pas faire croire au Peuple qu’on le leurre ? & dès qu’il commence à douter, adieu la conviction, & par conséquent la religion ! Quel moyen, quelle espérance, de confondre jamais les irréligionnaires, si on semble les redouter ? Comment les ramener, si en leur défendant de se servir de leur raison, on se contente de déclamer contre leurs mœurs, à tout hasard, sans s’informer si elles méritent la même censure que leur façon de penser.
Une telle conduite donne gain de cause aux incrédules ; ils se moquent d’une religion, que notre ignorance voudroit ne pouvoir être conciliée avec la philosophie : ils chantent victoire dans leurs retranchemens, que notre manière de combattre leur fait croire invincibles. Si la religion n’est pas victorieuse, c’est la faute des mauvais auteurs qui la défendent. Que les bons prennent la plume, qu’ils se montrent bien armés, & la théologie l’emportera de haute lutte sur une aussi foible rivale. Je compare les athées à ces géans qui voulurent escalader les cieux : ils auront toujours le même sort...
On sera peut-être surpris que j’aie osé mettre mon nom à un livre aussi hardi que celui-ci. Je ne l’aurois certainement pas fait, si je n’avois cru la religion à l’abri de toutes les tentatives qu’on fait pour la renverser ; & si j’eusse pu me persuader qu’un autre Imprimeur n’eût pas fait très volontiers ce que j’aurois refusé par principe de conscience. Je sais que la prudence veut qu’on ne donne pas occasion aux esprits foibles d’être séduits. Mais en les supposant tels, j’ai vu à la première lecture qu’il n’y avoit rien à craindre pour eux. Pourquoi être si attentif, & si alerte à supprimer les argumens contraires aux idées de la divinité & de la religion ? Cela ne peut-il pas faire croire au Peuple qu’on le leurre ? & dès qu’il commence à douter, adieu la conviction, & par conséquent la religion ! Quel moyen, quelle espérance, de confondre jamais les irréligionnaires, si on semble les redouter ? Comment les ramener, si en leur défendant de se servir de leur raison, on se contente de déclamer contre leurs mœurs, à tout hasard, sans s’informer si elles méritent la même censure que leur façon de penser.
Une telle conduite donne gain de cause aux incrédules ; ils se moquent d’une religion, que notre ignorance voudroit ne pouvoir être conciliée avec la philosophie : ils chantent victoire dans leurs retranchemens, que notre manière de combattre leur fait croire invincibles. Si la religion n’est pas victorieuse, c’est la faute des mauvais auteurs qui la défendent. Que les bons prennent la plume, qu’ils se montrent bien armés, & la théologie l’emportera de haute lutte sur une aussi foible rivale. Je compare les athées à ces géans qui voulurent escalader les cieux : ils auront toujours le même sort...