Histoire de Belgique/Tome 6

Nonfiction, History, Western Europe, European General
Cover of the book Histoire de Belgique/Tome 6 by Henri Pirenne, E H
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Author: Henri Pirenne ISBN: 1230001218268
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Henri Pirenne
ISBN: 1230001218268
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

Le contenu de ce volume, renfermé entre la bataille de Jemappes (6 novembre 1792) et le vote de l’indépendance de la Belgique par le Congrès National (18 novembre 1830), ne comprend pas tout à fait quarante années d’histoire. Mais que d’événements dans ces quarante années et avec quelle intensité ces événements ne se sont-ils pas imposés aux destinées du pays ! Jamais peut-être son caractère européen ne s’est attesté aussi clairement. C’est par sa conquête que s’ouvre l’expansion de la Révolution française, et il en subit si complètement depuis lors toutes les péripéties, qu’il m’a paru indispensable, pour en faire saisir la répercussion sur lui, de débuter par un exposé rapide de leur développement depuis la proclamation des droits de l’homme jusqu’à celle de l’Empire. La chute de Napoléon le livre au bon plaisir des Puissances qui, dans leur intérêt, l’« amalgament » à la Hollande en un État destiné à servir de bastion à l’Europe de la Sainte-Alliance. La Révolution de 1830, enfin, apparaît comme un coup droit porté à l’œuvre du Congrès de Vienne sous l’action des idées nationales et libérales qui domineront le XIXe siècle.

L’intérêt propre de notre histoire durant cette période réside essentiellement dans le passage de la nation de l’Ancien Régime au régime nouveau né de la Révolution. Après l’avoir reçu par force de la République, elle s’y accoutume sous le Consulat et sous l’Empire et s’y adapte définitivement sous le règne du roi Guillaume. C’est la transformation rapide des institutions, des mœurs, de l’état économique et de l’état social que je me suis donc attaché à décrire. En revanche, je devais négliger d’embarrasser mon récit des guerres et des événements diplomatiques dans lesquels notre peuple a été entraîné de 1792 à 1815, mais qui lui sont aussi étrangers qu’au XVIIe et au XVIIIe siècle l’histoire d’Espagne ou l’histoire d’Autriche. La vie interne de la nation au milieu de la crise formidable qui l’a ballottée, voilà l’unique sujet de ce livre.

Sujet sans grand éclat, certes, mais instructif, et qui même, je crois, serait singulièrement attachant s’il m’avait été possible de le traiter comme il devrait l’être. Je n’ignore point que l’on n’en trouvera ici qu’une ébauche sommaire et provisoire. En dépit de l’heureuse multiplication, dans les dernières années, des études relatives à cette période, tout à la fois si courte et si dense, bien des côtés en demeurent encore dans l’ombre et la connaissance que nous en avons comporte de nombreuses lacunes. Pour bien des questions, j’en ai été réduit, en l’absence de travaux antérieurs, à recourir à des investigations d’archives trop rapides et trop superficielles pour qu’elles aient pu me fournir autre chose que des approximations. Le mérite de ce livre, s’il en a un, consiste dans le groupement des faits suivant la perspective générale de notre histoire. Ayant eu la bonne fortune de la parcourir tout entière, il me semble — peut-être est-ce une illusion — que j’ai pu saisir certaines concordances entre son passé lointain et son passé proche et qu’en éclairant celui-ci par celui-là, je le voyais apparaître plus vivant et plus compréhensible. Je voudrais croire aussi que cette méthode m’a permis d’exposer les faits d’une manière purement historique, je veux dire d’une manière purement explicative et indépendante des controverses encore brûlantes auxquelles quantité d’entre eux n’ont cessé de servir d’aliments.

On s’étonnera peut-être de ce que mon récit, au lieu de se prolonger jusqu’aux traités de 1839 qui ratifient l’indépendance de la Belgique, se termine brusquement à la déclaration de cette indépendance par le Congrès National. Du point de vue européen, cet étonnement se justifierait ; il ne se justifie pas du point de vue belge qui est le point de vue de cet ouvrage. C’est la volonté nationale et non la volonté des Puissances qui devait déterminer la date finale du présent volume.

Je dois naturellement beaucoup aux travaux de mes devanciers, publications de textes, dissertations spéciales ou exposés d’ensemble. Ne pouvant les citer partout, je me suis borné à n’y guère renvoyer en note que quand je leur emprunte une citation ou un fait caractéristique. Il m’a paru d’autant plus inutile de multiplier les références qu’une nouvelle édition de maBibliographie de l’Histoire de Belgique mettra très prochainement à la disposition des travailleurs la nomenclature critique des sources et des livres que j’ai consultés et utilisés. On comprendra facilement que j’aie évité toute espèce de polémique là où ma manière de voir s’écarte de celle des auteurs précédents ou se trouve en contradiction avec elle.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à M. le comte de Kerchove de Denterghem, gouverneur de la Flandre Orientale, qui a bien voulu mettre à ma disposition les notes réunies par son regretté père en vue de la rédaction d’une Histoire du royaume des Pays-Bas à laquelle il travaillait depuis longtemps déjà au moment de sa mort. Ce m’est aussi un agréable devoir de remercier M. Paul Bergmans, bibliothécaire en chef de l’Université de Gand, M. Joseph Cuvelier, archiviste général du Royaume, M. Charles van den Haute, conservateur des archives de l’État à Gand, et M. Émile Fairon, conservateur des archives de l’État à Liège, de l’inépuisable obligeance dont ils n’ont cessé de faire preuve à mon égard...

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Le contenu de ce volume, renfermé entre la bataille de Jemappes (6 novembre 1792) et le vote de l’indépendance de la Belgique par le Congrès National (18 novembre 1830), ne comprend pas tout à fait quarante années d’histoire. Mais que d’événements dans ces quarante années et avec quelle intensité ces événements ne se sont-ils pas imposés aux destinées du pays ! Jamais peut-être son caractère européen ne s’est attesté aussi clairement. C’est par sa conquête que s’ouvre l’expansion de la Révolution française, et il en subit si complètement depuis lors toutes les péripéties, qu’il m’a paru indispensable, pour en faire saisir la répercussion sur lui, de débuter par un exposé rapide de leur développement depuis la proclamation des droits de l’homme jusqu’à celle de l’Empire. La chute de Napoléon le livre au bon plaisir des Puissances qui, dans leur intérêt, l’« amalgament » à la Hollande en un État destiné à servir de bastion à l’Europe de la Sainte-Alliance. La Révolution de 1830, enfin, apparaît comme un coup droit porté à l’œuvre du Congrès de Vienne sous l’action des idées nationales et libérales qui domineront le XIXe siècle.

L’intérêt propre de notre histoire durant cette période réside essentiellement dans le passage de la nation de l’Ancien Régime au régime nouveau né de la Révolution. Après l’avoir reçu par force de la République, elle s’y accoutume sous le Consulat et sous l’Empire et s’y adapte définitivement sous le règne du roi Guillaume. C’est la transformation rapide des institutions, des mœurs, de l’état économique et de l’état social que je me suis donc attaché à décrire. En revanche, je devais négliger d’embarrasser mon récit des guerres et des événements diplomatiques dans lesquels notre peuple a été entraîné de 1792 à 1815, mais qui lui sont aussi étrangers qu’au XVIIe et au XVIIIe siècle l’histoire d’Espagne ou l’histoire d’Autriche. La vie interne de la nation au milieu de la crise formidable qui l’a ballottée, voilà l’unique sujet de ce livre.

Sujet sans grand éclat, certes, mais instructif, et qui même, je crois, serait singulièrement attachant s’il m’avait été possible de le traiter comme il devrait l’être. Je n’ignore point que l’on n’en trouvera ici qu’une ébauche sommaire et provisoire. En dépit de l’heureuse multiplication, dans les dernières années, des études relatives à cette période, tout à la fois si courte et si dense, bien des côtés en demeurent encore dans l’ombre et la connaissance que nous en avons comporte de nombreuses lacunes. Pour bien des questions, j’en ai été réduit, en l’absence de travaux antérieurs, à recourir à des investigations d’archives trop rapides et trop superficielles pour qu’elles aient pu me fournir autre chose que des approximations. Le mérite de ce livre, s’il en a un, consiste dans le groupement des faits suivant la perspective générale de notre histoire. Ayant eu la bonne fortune de la parcourir tout entière, il me semble — peut-être est-ce une illusion — que j’ai pu saisir certaines concordances entre son passé lointain et son passé proche et qu’en éclairant celui-ci par celui-là, je le voyais apparaître plus vivant et plus compréhensible. Je voudrais croire aussi que cette méthode m’a permis d’exposer les faits d’une manière purement historique, je veux dire d’une manière purement explicative et indépendante des controverses encore brûlantes auxquelles quantité d’entre eux n’ont cessé de servir d’aliments.

On s’étonnera peut-être de ce que mon récit, au lieu de se prolonger jusqu’aux traités de 1839 qui ratifient l’indépendance de la Belgique, se termine brusquement à la déclaration de cette indépendance par le Congrès National. Du point de vue européen, cet étonnement se justifierait ; il ne se justifie pas du point de vue belge qui est le point de vue de cet ouvrage. C’est la volonté nationale et non la volonté des Puissances qui devait déterminer la date finale du présent volume.

Je dois naturellement beaucoup aux travaux de mes devanciers, publications de textes, dissertations spéciales ou exposés d’ensemble. Ne pouvant les citer partout, je me suis borné à n’y guère renvoyer en note que quand je leur emprunte une citation ou un fait caractéristique. Il m’a paru d’autant plus inutile de multiplier les références qu’une nouvelle édition de maBibliographie de l’Histoire de Belgique mettra très prochainement à la disposition des travailleurs la nomenclature critique des sources et des livres que j’ai consultés et utilisés. On comprendra facilement que j’aie évité toute espèce de polémique là où ma manière de voir s’écarte de celle des auteurs précédents ou se trouve en contradiction avec elle.

Je tiens à exprimer toute ma gratitude à M. le comte de Kerchove de Denterghem, gouverneur de la Flandre Orientale, qui a bien voulu mettre à ma disposition les notes réunies par son regretté père en vue de la rédaction d’une Histoire du royaume des Pays-Bas à laquelle il travaillait depuis longtemps déjà au moment de sa mort. Ce m’est aussi un agréable devoir de remercier M. Paul Bergmans, bibliothécaire en chef de l’Université de Gand, M. Joseph Cuvelier, archiviste général du Royaume, M. Charles van den Haute, conservateur des archives de l’État à Gand, et M. Émile Fairon, conservateur des archives de l’État à Liège, de l’inépuisable obligeance dont ils n’ont cessé de faire preuve à mon égard...

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