Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (1776) - Tome 4

Nonfiction, History, Italy
Cover of the book Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (1776) - Tome 4 by Edward Gibbon, François Guizot, E H
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Edward Gibbon, François Guizot ISBN: 1230001221633
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Edward Gibbon, François Guizot
ISBN: 1230001221633
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

LES provinces divisées de l’empire furent réunies par la victoire de Constance ; mais, comme ce prince faible n’avait de talens personnels ni pour la paix ni pour la guerre, comme il craignait ses généraux et se méfiait de ses ministres, le succès de ses armes ne servit qu’à établir l’autorité des eunuques sur le monde romain. Ces êtres disgraciés, ancienne production du despotisme[1]et de la jalousie orientale, furent introduits en Grèce et à Rome par la contagion du luxe asiatique[2]. Leur progrès fut rapide, et les eunuques, qui du temps d’Auguste avaient été abhorrés comme le cortège monstrueux d’une reine d’Égypte[3], s’introduisirent insensiblement dans les maisons des matrones, des sénateurs, et même des empereurs[4]. Restreints par les sévères édits deDomitien et de Nerva[5], favorisés par l’orgueil de Dioclétien, réduits à un état obscur par la prudence de Constantin[6], ils se multiplièrent dans les palais de ses fils dégénérés, et acquirent peu à peu la connaissance et enfin la direction des conseils les plus secrets de Constance. Le mépris et l’aversion qu’on a toujours eus pour cette espèce dégradée, semblent les avoir rendus aussi incapables qu’on les en supposait, de toute action noble et de tout sentiment d’honneur et de générosité[7] ; mais les eunuques étaient instruits dans l’art de l’intrigue et de l’adulation ; et ils gouvernaient alternativement Constance par ses terreurs, par son indolence et par sa vanité[8]. Tandis qu’un miroir trompeur l’amusait d’une fausse apparence de prospérité publique, sa nonchalance leur permettait d’intercepter les plaintes des provinces opprimées, d’accumuler d’immenses trésors par la vente de la justice et des honneurs, d’avilir les plus importantes dignités par l’élévation des hommes obscurs qui achetaient d’eux les moyens d’oppression[9], et de satisfaire leur ressentiment contre quelques âmes fermes qui refusaient audacieusement de faire leur cour à des esclaves. Le plus distingué d’entre eux était le chambellan Eusèbe, qui dirigeait si despotiquement l’empereur et son palais, qu’on pouvait dire, d’après l’expression satirique d’un écrivain impartial, que Constance jouissait de quelque crédit auprès de cet impérieux favori[10]. Ce fut par ses intrigues artificieuses que ce prince souscrivit la sentence de l’infortuné Gallus, et ajouta ce crime à la longue liste des exécutions barbares et dénaturées qui avaient déjà déshonoré la maison deConstantin...

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

LES provinces divisées de l’empire furent réunies par la victoire de Constance ; mais, comme ce prince faible n’avait de talens personnels ni pour la paix ni pour la guerre, comme il craignait ses généraux et se méfiait de ses ministres, le succès de ses armes ne servit qu’à établir l’autorité des eunuques sur le monde romain. Ces êtres disgraciés, ancienne production du despotisme[1]et de la jalousie orientale, furent introduits en Grèce et à Rome par la contagion du luxe asiatique[2]. Leur progrès fut rapide, et les eunuques, qui du temps d’Auguste avaient été abhorrés comme le cortège monstrueux d’une reine d’Égypte[3], s’introduisirent insensiblement dans les maisons des matrones, des sénateurs, et même des empereurs[4]. Restreints par les sévères édits deDomitien et de Nerva[5], favorisés par l’orgueil de Dioclétien, réduits à un état obscur par la prudence de Constantin[6], ils se multiplièrent dans les palais de ses fils dégénérés, et acquirent peu à peu la connaissance et enfin la direction des conseils les plus secrets de Constance. Le mépris et l’aversion qu’on a toujours eus pour cette espèce dégradée, semblent les avoir rendus aussi incapables qu’on les en supposait, de toute action noble et de tout sentiment d’honneur et de générosité[7] ; mais les eunuques étaient instruits dans l’art de l’intrigue et de l’adulation ; et ils gouvernaient alternativement Constance par ses terreurs, par son indolence et par sa vanité[8]. Tandis qu’un miroir trompeur l’amusait d’une fausse apparence de prospérité publique, sa nonchalance leur permettait d’intercepter les plaintes des provinces opprimées, d’accumuler d’immenses trésors par la vente de la justice et des honneurs, d’avilir les plus importantes dignités par l’élévation des hommes obscurs qui achetaient d’eux les moyens d’oppression[9], et de satisfaire leur ressentiment contre quelques âmes fermes qui refusaient audacieusement de faire leur cour à des esclaves. Le plus distingué d’entre eux était le chambellan Eusèbe, qui dirigeait si despotiquement l’empereur et son palais, qu’on pouvait dire, d’après l’expression satirique d’un écrivain impartial, que Constance jouissait de quelque crédit auprès de cet impérieux favori[10]. Ce fut par ses intrigues artificieuses que ce prince souscrivit la sentence de l’infortuné Gallus, et ajouta ce crime à la longue liste des exécutions barbares et dénaturées qui avaient déjà déshonoré la maison deConstantin...

More books from E H

Cover of the book Le Neveu de ma tante - Histoire personnelle de David Copperfield. by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Les Rôdeurs de frontières by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Anglicismes et canadianismes by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Lettres sur le Canada - Étude sociale - volume 2 by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book La Chute d’un Ange - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16 by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Conseils à un jeune homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864 by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Histoire de la Commune de 1871 by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Les Bijoux fatals ou Mademoiselle de Scudéri by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Le Lorgnon by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book The Gods of Asphalt: Book One by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Le Mort vivant by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Le Calvaire by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book Scènes d’un naufrage ou La Méduse - Nouvelle et dernière relation du naufrage de la Méduse. by Edward Gibbon, François Guizot
Cover of the book La République et les Républicains by Edward Gibbon, François Guizot
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy