Similia similibus ou La guerre au Canada

Fiction & Literature, Historical, Literary
Cover of the book Similia similibus ou La guerre au Canada by Ulric Barthe, Eric HELAN
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Author: Ulric Barthe ISBN: 1230001282528
Publisher: Eric HELAN Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Ulric Barthe
ISBN: 1230001282528
Publisher: Eric HELAN
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

On est à table. Joyeuse compagnie.

Au moment précis où commence notre histoire, les convives achèvent justement d’étouffer, sous force tamponnement de mouchoirs et de serviettes, les derniers spasmes d’une hilarité qui tout à l’heure devait être homérique.

Il en reste tout de même un peu, car le silence qui a suivi l’explosion, comme l’accalmie après l’orage, est encore d’un instant à l’autre entrecoupé de petits accès de fou-rire convulsifs, involontaires, contagieux, qui repartent de nouveau, en courtes fusées, chaque fois que les convives échangent un regard. « C’est plus fort que moi, » semblent-ils se dire, et ils pouffent de plus belle, à la seule pensée du bon tour qui vient d’être joué.

Dire que toute la compagnie présente a manifesté son contentement avec une égale exubérance serait faillir à la première vertu du narrateur : la véracité.

Le moins bruyant des rieurs, et pour cause peut-être, a été le personnage occupant le haut bout de la table, évidemment le maître de la maison ; comme on dit, il rigole en dedans.

Son voisin et sa voisine de droite — deux jeunesses rougissantes qui ne sont apparemment pas frère et sœur, s’il faut en juger par les œillades langoureuses qu’ils ne cessent d’échanger — n’ont pas paru saisir le sel de la plaisanterie exactement de la même façon. Le premier a encore sur les lèvres ce curieux rictus qu’on appelle le rire jaune ; l’autre s’est contentée d’une moue charmante, accompagnée d’un regard chargé de reproche à l’adresse de l’amphitryon.

Leur vis-à-vis, solennel invité en frac noir et cravate blanche, à qui l’on dit : « Monsieur le notaire » gros comme le bras, a failli s’oublier, mais l’importance de ses fonctions l’a retenu à temps ; il a fini par esquisser un large sourire empreint de dignité, après quoi il n’a plus guère desserré les dents que pour faire honneur aux appétissantes victuailles dont la nappe est littéralement couverte.

Mais les sept ou huit autres convives s’en sont donné à cœur-joie, sinon sans quelque gêne, car, tassés comme ils sont de chaque côté de la table, ils n’ont pu s’esclaffer sans se bourrer mutuellement les côtes à grands coups de coude.

Une bonne grosse matrone, en mantelet d’indienne et coiffe blanche, la maman sans doute, obligée à tout instant de se lever de sa place pour voir au service, n’a eu que le temps, entre deux allées et venues, de constater la cause de tout ce tintamarre ; elle a simplement haussé les épaules, murmurant entre ses dents : « Encore mon pauv’ vieux ! il sera ben toujours le même ! »

En effet, le « pauv’ vieux » venait de répéter pour la centième fois peut-être une facétie de l’invention de son arrière-grand-grand-père, encore invariablement assurée d’un succès énorme après avoir servi de père en fils depuis deux cents ans sous ce toit hospitalier...

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On est à table. Joyeuse compagnie.

Au moment précis où commence notre histoire, les convives achèvent justement d’étouffer, sous force tamponnement de mouchoirs et de serviettes, les derniers spasmes d’une hilarité qui tout à l’heure devait être homérique.

Il en reste tout de même un peu, car le silence qui a suivi l’explosion, comme l’accalmie après l’orage, est encore d’un instant à l’autre entrecoupé de petits accès de fou-rire convulsifs, involontaires, contagieux, qui repartent de nouveau, en courtes fusées, chaque fois que les convives échangent un regard. « C’est plus fort que moi, » semblent-ils se dire, et ils pouffent de plus belle, à la seule pensée du bon tour qui vient d’être joué.

Dire que toute la compagnie présente a manifesté son contentement avec une égale exubérance serait faillir à la première vertu du narrateur : la véracité.

Le moins bruyant des rieurs, et pour cause peut-être, a été le personnage occupant le haut bout de la table, évidemment le maître de la maison ; comme on dit, il rigole en dedans.

Son voisin et sa voisine de droite — deux jeunesses rougissantes qui ne sont apparemment pas frère et sœur, s’il faut en juger par les œillades langoureuses qu’ils ne cessent d’échanger — n’ont pas paru saisir le sel de la plaisanterie exactement de la même façon. Le premier a encore sur les lèvres ce curieux rictus qu’on appelle le rire jaune ; l’autre s’est contentée d’une moue charmante, accompagnée d’un regard chargé de reproche à l’adresse de l’amphitryon.

Leur vis-à-vis, solennel invité en frac noir et cravate blanche, à qui l’on dit : « Monsieur le notaire » gros comme le bras, a failli s’oublier, mais l’importance de ses fonctions l’a retenu à temps ; il a fini par esquisser un large sourire empreint de dignité, après quoi il n’a plus guère desserré les dents que pour faire honneur aux appétissantes victuailles dont la nappe est littéralement couverte.

Mais les sept ou huit autres convives s’en sont donné à cœur-joie, sinon sans quelque gêne, car, tassés comme ils sont de chaque côté de la table, ils n’ont pu s’esclaffer sans se bourrer mutuellement les côtes à grands coups de coude.

Une bonne grosse matrone, en mantelet d’indienne et coiffe blanche, la maman sans doute, obligée à tout instant de se lever de sa place pour voir au service, n’a eu que le temps, entre deux allées et venues, de constater la cause de tout ce tintamarre ; elle a simplement haussé les épaules, murmurant entre ses dents : « Encore mon pauv’ vieux ! il sera ben toujours le même ! »

En effet, le « pauv’ vieux » venait de répéter pour la centième fois peut-être une facétie de l’invention de son arrière-grand-grand-père, encore invariablement assurée d’un succès énorme après avoir servi de père en fils depuis deux cents ans sous ce toit hospitalier...

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