Author: | Ivan Tourgueniev | ISBN: | 1230001226041 |
Publisher: | CP | Publication: | July 13, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Ivan Tourgueniev |
ISBN: | 1230001226041 |
Publisher: | CP |
Publication: | July 13, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
— Laisse-moi me secouer, papa, disait Arcade d’une voix un peu enrouée par la fatigue, mais sonore et jeune, tout en répondant joyeusement aux caresses paternelles ; je vais te couvrir de poussière.
— Ce n’est rien, ce n’est rien, disait Kirsanof avec un sourire d’attendrissement, en essayant d’épousseter le collet du manteau de son fils et son propre paletot. Montre-toi donc, montre-toi donc, ajouta-t-il en se reculant un peu ; et il se dirigea presque aussitôt à pas précipités du côté de l’auberge en criant : Allons ! ici, ici, et des chevaux, au plus vite !
Kirsanof paraissait beaucoup plus ému que son fils ; il semblait à la fois troublé et un peu intimidé. Arcade l’arrêta.
— Permets-moi, lui dit-il, de te présenter mon ami Bazarof, dont je t’ai si souvent parlé dans mes lettres. Il a eu l’amabilité de consentir à passer quelque temps avec nous à la campagne.
Kirsanof se retourna immédiatement, et s’avança vers un jeune homme qui venait de descendre du tarantass, enveloppé dans un long caban orné de brandebourgs ; il secoua fortement la main rouge et large que celui-ci lui tendit sans beaucoup d’empressement.
— Je suis bien heureux, lui dit-il, d’apprendre votre bonne visite. Permettez-moi de vous demander votre nom et celui-ci de M. votre père.
— Eugène Vassilief, répondit Bazarof d’une voix forte mais lente ; et, rabattant le col de son caban, il se laissa voir en plein à Kirsanof. Il avait le visage long et maigre, le front ouvert, le nez large dans le haut et effilé par le bout, de grands yeux verdâtres, et des favoris longs et pendants couleur de sable ; un sourire tranquille se jouait sur ses lèvres, toute sa physionomie exprimait l’intelligence et la confiance en soi.
— J’espère, mon cher Eugène Vassilitch, reprit Kirsanof, que vous ne vous ennuierez pas chez nous.
Les lèvres de Bazarof s’entr’ouvrirent un peu ; mais il ne répondit rien, et se contenta de soulever sa casquette. Malgré son épaisse chevelure d’un châtain foncé, il était facile de distinguer les protubérances prononcées de son large crâne.
— Arcade, dit tout à coup Kirsanof en se tournant vers son fils, faut-il atteler tout de suite, ou bien voulez-vous prendre un peu de repos ?
— Laisse-moi me secouer, papa, disait Arcade d’une voix un peu enrouée par la fatigue, mais sonore et jeune, tout en répondant joyeusement aux caresses paternelles ; je vais te couvrir de poussière.
— Ce n’est rien, ce n’est rien, disait Kirsanof avec un sourire d’attendrissement, en essayant d’épousseter le collet du manteau de son fils et son propre paletot. Montre-toi donc, montre-toi donc, ajouta-t-il en se reculant un peu ; et il se dirigea presque aussitôt à pas précipités du côté de l’auberge en criant : Allons ! ici, ici, et des chevaux, au plus vite !
Kirsanof paraissait beaucoup plus ému que son fils ; il semblait à la fois troublé et un peu intimidé. Arcade l’arrêta.
— Permets-moi, lui dit-il, de te présenter mon ami Bazarof, dont je t’ai si souvent parlé dans mes lettres. Il a eu l’amabilité de consentir à passer quelque temps avec nous à la campagne.
Kirsanof se retourna immédiatement, et s’avança vers un jeune homme qui venait de descendre du tarantass, enveloppé dans un long caban orné de brandebourgs ; il secoua fortement la main rouge et large que celui-ci lui tendit sans beaucoup d’empressement.
— Je suis bien heureux, lui dit-il, d’apprendre votre bonne visite. Permettez-moi de vous demander votre nom et celui-ci de M. votre père.
— Eugène Vassilief, répondit Bazarof d’une voix forte mais lente ; et, rabattant le col de son caban, il se laissa voir en plein à Kirsanof. Il avait le visage long et maigre, le front ouvert, le nez large dans le haut et effilé par le bout, de grands yeux verdâtres, et des favoris longs et pendants couleur de sable ; un sourire tranquille se jouait sur ses lèvres, toute sa physionomie exprimait l’intelligence et la confiance en soi.
— J’espère, mon cher Eugène Vassilitch, reprit Kirsanof, que vous ne vous ennuierez pas chez nous.
Les lèvres de Bazarof s’entr’ouvrirent un peu ; mais il ne répondit rien, et se contenta de soulever sa casquette. Malgré son épaisse chevelure d’un châtain foncé, il était facile de distinguer les protubérances prononcées de son large crâne.
— Arcade, dit tout à coup Kirsanof en se tournant vers son fils, faut-il atteler tout de suite, ou bien voulez-vous prendre un peu de repos ?